Gilbert La Porte président de Domoun La Plaine opposé au projet de bassine retenue collinaire de Piton Sahales

Le Parc du Volcan : un projet bien compromis !

LIBRE EXPRESSION

Véritable serpent de mer dans les cartons depuis 2006, ce vieux projet continue à faire couler de l’encre !

Projet contesté et contestable, d’enquête publique en délibération au conseil municipal, le parc du Volcan rétrécit et nous nous en réjouissons.
La municipalité repart sur de nouvelles études coûteuses jusqu’à la prochaine enquête publique. Ce projet finira t-il par aboutir? Difficile à dire, tant ce projet cristallise une opposition alors que tout reste à faire au Tampon pour répondre aux besoins d’une population en forte croissance (transport en commun, mobilité douce, logement, éducation, culture).
L’entêtement de la municipalité pour ce parc du Volcan interroge au regard de tous les chantiers qui seraient à mener pour développer et embellir cette commune.

En 2021, lors de l’enquête publique nous avions exprimé de sérieuses réserves concernant le parc du Volcan:


« D’ores et déjà nous avions constaté la dimension plus modeste par rapport au projet de départ. L’axe attractions/animations nous avait semblé démesuré et non avenu pour le territoire de la Plaine-des-Cafres dans la version 2019. Par contre, dans cette nouvelle phase du projet, nous regrettons fortement la disparition d’un axe fort de tourisme équestre (il ne s’agissait pas d’un hippodrome mais de manèges et d’espaces d’entrainement et d’écuries) qui pour nous constituait un enjeu majeur, bien plus approprié pour La Plaine-des-Cafres, plus authentique que les attractions à sensations que sont les tyroliennes, le ballon captif… Le tourisme équestre correspondait à la découverte d’un espace naturel grandiose, avec une approche animalière, un soutien à la filière équine.

De même nous pointions les faiblesses ou les incohérences de ce projet:

  • L’opportunité des attractions à sensations, bien éloignées d’un tourisme vert : tyroliennes et ballon captif, leur coût/famille ne va-t-il pas exclure les familles les
    plus modestes ?
  • Les nuisances sonores pour les riverains ?
  • Les nuisances de voisinage : parking sauvage, va-et-vient incessants ?
  • La rentabilité de telles infrastructures, le coût de leur maintenance ?
  • Quel sera le mode de gestion des différents espaces?
  • Cet équipement profitera t-il au plus grand nombre?
  • Le site ne sera t-il pas monopolisé?
    Si nous pouvons adhérer au volet découverte de la végétation, de la zone ludique familiale, on se doit de préserver l’authenticité du lieu. L’objectif d’un tel équipement est aussi la création d’emplois, or aucun élément dans le projet ne nous informe des créations d’emploi engendrées par le parc, les tyroliennes et l’ensemble des équipements. »

Nous pouvons regretter aussi l’absence de dimension culturelle au projet aussi bien sur l’aspect environnement que sur l’aspect de la culture réunionnaise et particulièrement des hauts et de la Plaine-des-Cafres.


En conclusion, nous étions très réservés sur le projet « parc du Volcan » qui nous semblait mal ficelé, contradictoire dans ces différents axes, avec une faible adhésion des habitants du quartier.

Malgré de vives critiques lors de l’enquête publique de 2021, le projet présenté à l’enquête publique en 2023 a peu évolué par rapport au précédent si ce n’est l’abandon de la montgolfière (ballon captif). Il suscite les mêmes critiques et interrogations mais l’opposition à ce projet a grandi, s’est organisée.

Depuis deux ans une opposition forte au projet s’est construite, portée par des mouvements associatifs et des personnalités militants culturels ou écologistes.
Les critiques portent sur le non respect de l’environnement (biodiversité, paysage, eau, déblais), l’artificialisation du site, le budget dispendieux, les nuisances pour le voisinage, l’incohérence du projet entre parc botanique de repos et de convivialité et parc d’attractions à sensations bruyant et laid.
Certaines affirmations peuvent paraitre excessives, mais un réel travail d’argumentation et de réflexion a été réalisé par les associations. A cette contestation citoyenne se sont ajoutés les avis de différents organismes de protection qui ont émis des avis défavorables : l’ARS, la CDPENAF.

En janvier 2023 la CDPENAF a émis un avis défavorable à la réalisation de 10 tyroliennes ce qui était sans doute l’élément le plus contestable et démesuré du parc du Volcan.
Depuis cette décision, la municipalité a dissocié les deux projets. Le projet tyroliennes n’était donc pas soumis à l’enquête publique qui vient de se terminer. A cette enquête publique n’était présentée que la partie parc du Volcan ( aires de jeux, espaces de découverte, serres végétales, aires de pique-nique, barbecue géant, pump track…). Ce qui peut apparaitre comme une information incomplète des citoyens voire une manipulation de l’opinion.
Que compte faire la mairie de ce projet?
Nous souhaitons fortement l’arrêt du projet tyroliennes du moins dans la dimension proposée. Les études ont montré les nuisances visuelles, sonores, les pollutions, les dégâts sur l’environnement engendrés par un tel projet. D’autant plus que la rentabilité d’un tel équipement n’est en rien démontré et s’avère bien aléatoire.
En 2022, l’ARS a émis un avis sanitaire défavorable à ce projet en l’état actuel essentiellement au regard du volet tyroliennes.

La lecture des contributions à l’enquête publique de juillet dernier montre un nombre important de contributions souvent assez complètes et argumentées contre le projet du parc du Volcan. Les avis favorables, plus rares, sont laconiques.

En tant que section socialiste du Tampon et ancienne élue municipale, nous réclamons avec force une consultation citoyenne autour de l’aménagement éventuel de ce site. La municipalité doit revoir complètement sa copie et concevoir un projet plus écologique, plus authentique répondant mieux aux besoins des Tamponnais, des Réunionnais et des visiteurs.

Des associations sont montées au créneau, ont développé des arguments et proposé de nouvelles pistes d’aménagement. La municipalité doit tenir compte de ces critiques et élargir le débat à l’ensemble des citoyens. Ecouter et consulter les Cafriplainois, Tamponnais et usagers de ce site dans le cadre d’une démocratie participative est une obligation pour la municipalité et une garantie pour construire un projet cohérent.

Plaqué, imposé ce projet du XXe siècle ne peut que cristalliser les oppositions. La montée des oppositions, les avis défavorables de l’Agence Régionale de Santé, de la CNPEAF mais aussi les nouvelles lois sur la préservation de la biodiversité et les directives de protection de la nature, des paysages et des ressources en eau rendent ce projet caduque.

Certes, Bourg-Murat et la Plaine-des-Cafres ont besoin d’un projet de développement et de nouveaux équipements qui valorisent les sites et renforcent l’attractivité de cette belle région de l’île, mais ce « projet parc du Volcan » semble bien compromis.

Isabelle Musso
Section Socialiste du Tampon
12/08/2023

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