Les Européens face à leur Histoire

LIBRE EXPRESSION

Les 17 et 18 juillet 2023, Bruxelles a accueilli un sommet entre 33 Chefs d’Etat et de gouvernement d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) et leurs homologues de l’Union Européenne. 

Cette initiative européenne vise à conclure des accords commerciaux, un programme d’investissements dans les infrastructures et des coopérations institutionnelles. Les latinos étaient d’accord sur ce contenu jusqu’à ce qu’ils constatent, dans le projet de déclaration en préparation, des engagements politiques envers l’Ukraine. 

Tout en retirant les paragraphes concernés, les contestataires ont proposé la prise en compte des conséquences de l’Esclavage et de la Traite Transatlantique des Africains en Amérique latine et dans les Caraïbes par les pays européens. Ils réclament un versement pour la réparation des préjudices causés. 

Par exemple, cet extrait :

« Nous reconnaissons la nécessité de prendre des mesures appropriées pour restaurer la dignité des victimes, y compris des réparations et des compensations pour aider à guérir notre mémoire collective et pour inverser les héritages du sous-développement ». 

Ainsi, l’Union Européenne est prise à son propre piège en tentant de manipuler les dirigeants des pays souverains. Les errements de Christophe Colomb et les pillages qui ont suivi datent de 1492. Aujourd’hui, les descendants des peuples victimes déclarent aux fauteurs de guerres : la guerre en Ukraine, c’est l’ affaire des Européens. En d’autres termes : la coopération, oui, mais cautionner vos errements, non !

Cette position des pays du CELAC est remarquable et courageuse. Elle devrait réveiller la conscience des Réunionnais qui s’apprêtent à célébrer les 360 ans du début du peuplement de l’île. Nous avons pu obtenir la reconnaissance que les Réunionnais sont un peuple né d’un crime contre l’Humanité. Nous portons encore les stigmates de l’Esclavage, de la Traite des Noirs et de la colonisation. Nous ne confondons pas la citoyenneté européenne et le soutien à une politique fasciste et réactionnaire. 

N’est-ce pas Merkel et Hollande qui ont déclaré que c’était un choix politique des Européens si les Accords de Paix inter-ukrainien, signé à Minsk, en 2014, n’ont pas été appliqués. Ils voulaient utiliser l’Ukraine pour renforcer les capacités militaires de l’OTAN afin de découper la Russie. En 2021, la Russie a demandé publiquement à l’Otan et aux Etats-Unis un « Traité de Sécurité pour Tous ». Ils ont refusé. 

Les 33 dirigeants du CELAC ont signifié à leurs interlocuteurs que les 5 siècles au cours desquels les Européens ont écrasé l’Amérique latine et les Caraïbes, c’est fini. Reste à voir si l’Union Européenne aura le courage de garder la phrase suivante :

« Nous reconnaissons et regrettons profondément les souffrances indicibles infligées à des millions d’hommes, de femmes et d’enfants du fait de la traite transatlantique des Africains ». 

Ary Yee-Chong-Tchi-Kan

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