Les Marrons

LIBRE EXPRESSION

On en parle beaucoup, mais malgré les efforts des humanistes et des historiens, subjugués par ce roman, connaît-on vraiment ce livre monumental : Les Marrons ? Cette histoire, en effet, dénonce la barbarie de l’esclavage et fait l’éloge du métissage préfigurant celui du monde. Son auteur, un certain Louis Timagène HOUAT (1809-1883), un véritable visionnaire, n’était pas un esclave mais un black, un libre de couleur ou un mulâtre (métis), comme on disait à l’époque, de famille aisée, de surplus. Cela ne l’a pas empêché de recevoir de plein fouet les gifles cruelles et l’ostracisme du racisme de l’époque. Selon de nombreux spécialistes, il s’agit là, pourtant, du premier roman publié par un Réunionnais. Mais il ne se contente pas de cette antériorité historique. C’est aussi un document essentiel et le témoignage vécu de ce qu’était la vie à La Réunion à cette époque. Enfin, et ce n’est pas le moindre de ses mérites, ce livre est celui d’un visionnaire qui, au-delà des souffrances endurées, a été capable de se projeter sur l’avenir lointain du monde. Pour lui, le futur de l’humanité ne pouvait être que métis, autrement dit, seul le mélange des races permettrait un avenir apaisé d’amour et de tolérance. La monumentale œuvre qui vient d’être inaugurée sur le boulevard Sud, témoigne de l’importance de l’auteur et du sujet qu’il aborde. Comme un écho à ce monument, il y en a un autre sur ce même boulevard qui nous rappelle à la fois l’importance du rapprochement des peuples et des sexes : La Porte des Mondes. Il s’agit du système androgyne d’amarrage spatial (ni les Russes ni les Américains ne voulaient se trouver dans un vaisseau trop marqué sexuellement). Mais ce monument rappelle aussi que, au-delà des crises politiques, les missions spatiales étaient une occasion de faire cohabiter des humains d’origine et de culture différentes.

L’île de la Réunion démontre ainsi que son nom n’est pas qu’un symbole. Il est aussi une émouvante lueur d’espoir pour le monde tout entier.

François-Michel MAUGIS

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