Libre expression
Je suis tombée par hasard sur une vidéo d’une violence extrême dans les propos sur un réseau social et qui s’adressait à un public jeune. En tant que mère de famille je me suis trouvée pendant plusieurs minutes sous le choc traversée par des émotions mêlées de colère, de révolte aussi parce que je ne voulais pas que mon fils entende ce genre de propos, puis d’incompréhension face à une réalité qui m’a été donnée de vivre.
J’ai alors ressenti le besoin d’écrire ma réflexion et de la partager avec d’autres parents, avec d’autres adultes mais aussi pour d’autres adolescents et pour d’autres enfants.
Tour d’abord, j’ai la certitude que la volonté de connaissances est une véritable clé pour ouvrir la porte vers l’acceptation de l’autre, dans toute sa réalité et sa diversité. En apprenant, je m’efforce de comprendre les multiples facettes du monde, ce qui nourrit une tolérance et un regard bienveillant sur les différences qui nous entourent, bien évidemment dans ce que j’appellerai ma zone d’acceptation c’est-dire pas au-delà de ma ligne rouge.
Cependant, je sais également- en tant que communicante- que le fléau majeur de notre société « connectée » et « multi informations » est : l’ignorance qu’elle soit intentionnelle ou non. Elle représente, en tout cas, un terrain fertile voir facile pour la manipulation orchestrée par certains politiques, médias, réseau social, relais d’opinion ou tout autre personnalité à qui on accorde un certain crédit en qualité d’expert d’une question donnée.
Mais, à mon sens les vraies menaces sont posées par des groupuscules extrémistes et complotistes qui manipulent et exploitent sans scrupule la bonne foi des honnêtes gens. Ces personnes se manifestent, souvent masquées sous l’apparence de bonnes intentions, de manière concrète à travers divers événements récents.
D’une part, ces groupes misent sur les incertitudes et les peurs de la population pour propager des idéologies radicales et des théories du complot, souvent par le biais des réseaux sociaux, qui servent de plateformes de recrutement et de diffusion de leurs messages.
Un exemple marquant est l’utilisation des théories du complot par des groupes d’extrême droite en Allemagne, où des manifestations ont été organisées contre les mesures sanitaires liées à la COVID-19.
Ces événements ont été largement soutenus par des partisans de l’AfD (Alternative für Deutschland), un parti d’extrême droite, qui propage des idées anti-élites et anti-immigration, et où une grande partie de ses partisans adhère à la croyance que des puissances secrètes contrôlent le monde.
Plus proche de nous, prenons la récupération du mouvement des Gilets Jaunes, débuté en novembre 2018 en France et dans les DROM-COM (nouvelle appellation des DOM-TOM) dont bien sûr La Réunion , a rapidement été infiltré par de fausses informations, notamment sur les réseaux sociaux. Des images manipulées et des vidéos trompeuses ont circulé, comme des photos de manifestants blessés sorties de leur contexte et une vidéo d’Emmanuel Macron dansant, sans rapport avec les manifestations. Ces fake news ont été vues des millions de fois, alimentant la méfiance envers les médias et les autorités. Des entités étrangères, comme RT France (RT France étant la branche française de la chaîne de télévision internationale Russia Today (RT) a considérablement renforcé son audience en publiant un grand nombre de vidéos sur le sujet, souvent plus que les médias traditionnels français comme Le Monde ou France 24.
Cette couverture a attiré l’attention de certains manifestants, qui ont exprimé leur gratitude envers RT, voyant la chaîne comme un relais de leurs revendications face à ce qu’ils percevaient comme un manque de couverture adéquate par les médias traditionnels.
En raison de ces pratiques, RT France a été soumis à des sanctions et restrictions, notamment par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) en France et d’autres régulateurs européens, qui ont critiqué la chaîne pour son manque d’honnêteté et de rigueur dans l’information. Ces actions soulignent d’ailleurs les préoccupations concernant l’impact potentiel de RT France sur l’opinion publique et la démocratie.
D’autre part, les théories du complot liées au climat, cette fois, ont pris de l’ampleur, notamment à l’approche des dernières élections législatives européennes. Des groupes extrémistes ont détourné les discussions sur le changement climatique pour promouvoir des récits conspirationnistes, exploitant les manifestations paysannes pour attaquer les politiques climatiques de l’UE.
Enfin, l’influence des réseaux sociaux dans la radicalisation est bien documentée. Par exemple, des recruteurs de Daech utilisent des plateformes en ligne pour cibler et isoler des individus, les incitant à passer à l’action dans le monde réel. Les groupes d’extrême droite utilisent également ces espaces pour légitimer et normaliser leurs discours haineux, créant une culture de peur et de défiance.
Une fois ce tableau brossé, il s’agit maintenant de tenter de trouver des solutions durables pour contrer ce phénomène croissant et préoccupant de la désinformation, des fake news, et de l’hostilité extrémistes. Pour cela il est essentiel de mettre en place une série de stratégies efficaces.
En premier lieu, l’éducation et le développement de la pensée critique jouent un rôle crucial. En enseignant aux étudiants à évaluer la validité des sources d’information et à reconnaître les biais, on les arme contre les tentatives de manipulation. Cela inclut également l’intégration de la littératie médiatique
dans les programmes scolaires pour aider les élèves à comprendre le fonctionnement des médias et à interpréter les messages de manière critique.
En second lieu, la vérification des faits par la recherche de concordance des informations dans des médias différents avant de se forger une opinion. Les corrections doivent être diffusées de manière répétée et provenir de sources fiables pour être efficaces.
En parallèle, la collaboration avec les plateformes de médias sociaux est indispensable pour réduire la propagation de la désinformation. Cela implique de travailler avec ces entreprises pour identifier et limiter les “super-diffuseurs” de fausses informations.
De même, une approche préventive, comme l’inoculation, peut également renforcer la résilience du public. Cela consiste à sensibiliser les individus aux techniques de désinformation avant qu’elles ne se propagent, par exemple à travers des vidéos courtes ou des jeux interactifs.
Enfin, la communication stratégique doit être développée pour contrer les récits basés sur de fausses informations et promouvoir des récits basés sur des faits.
En combinant ces approches, il me semble qu’il est possible de réduire l’impact de la désinformation et de renforcer la capacité des individus à naviguer dans un paysage médiatique complexe et souvent trompeur.
Enfin, de manière plus individuelle, il me semble essentiel de rétablir du lien humain physique et réel entre les personnes, d’accompagner l’éducation, de promouvoir le dialogue (surtout au sein des familles) pour lutter contre cette ignorance, car c’est ainsi que nous pouvons construire un avenir éclairé et un monde meilleur.
Je reste convaincue que chaque pas vers la compréhension mutuelle est un pas vers un monde mieux compris, même si je dois être ici ressentie comme une idéaliste ou une utopiste, en tout cas une femme empreint à une grande naïveté et je l’assume complètement.
Pour conclure, je vous laisse à méditer quelques citations qui me paraissent assez bien résumer mon texte trop long et qui plus est, nous vient, d’esprits éclairés:
« C’est l’ignorance, et non la connaissance, qui dresse les hommes les uns contre les autres. »
Kofi Annan (Secrétaire Général de l’ONU de 1997 à 2006)
“Nos connaissances sont une goutte, notre ignorance, un océan.”
Isaac Newton (considéré comme le père de la physique moderne)
“La liberté commence où l’ignorance finit.”
Victor Hugo (pour moi LE penseur, homme politique, écrivain et poète)
“L’ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine et la haine conduit à la violence. Voilà l’équation.”
Averroès (philosophe, juriste et médecin andalou du XIIème siècle)
Frédérique Welmant
Citoyenne réunionnaise, apolitique et indépendante
Chaque contribution publiée sur le média nous semble répondre aux critères élémentaires de respect des personnes et des communautés. Elle reflète l’opinion de son ou ses signataires, pas forcément celle du comité de lecture de Parallèle Sud.