MALOYA, l’esprit des femmes (1)

LIBRE EXPRESSION

Rappel : Dans les années 1960, le Parti communiste réunionnais (PCR) est la cible du gouvernement français en général et de Michel Debré, en particulier (2) . A l’époque, le maloya est tout simplement interdit. Il ne s’exprime que, secrètement, dans quelques cours éloignées, à la faveur de kabar’ plus ou moins improvisés.

Officiellement, le PCR soutient le maloya. Au point que Firmin Viry, sympathisant communiste, héritier des pratiques musicales amenées par les esclaves malgaches et africains, enregistre son premier 33 tours, à l’abri du 4 ème congrès du PCR. En 1976 et en misouk, bien sûr !

Il faudra attendre que François Mitterrand, élu président de la République en mai 1981, respecte sa promesse pour que le maloya ait droit de cité à La Réunion. Officiellement ! Depuis, il est devenu l’un des deux genres musicaux majeurs de l’île. Au point de décrocher, en 2009, son inscription au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO !

L’émancipation des femmes réunionnaises

À la libération du maloya (1981), cette musique est, avant tout, une affaire d’hommes. C’est tout juste si les femmes ont le droit de chanter et de danser sur les airs de Firmin Viry (né en 1935) ou Granmoun Lélé (1930-2004). Pour l’heure, le patriarcat domine dans la société réunionnaise.

Les épouses sont reléguées à la case, dans leurs rôles traditionnels de mère, de ménagère, ou/et d’aide cultivatrice. 40 ans plus tard, le maloya reste un combat pour les femmes !

Les violences intra-familiales n’ont pas disparu, hélas ! Sont-elles moins nombreuses qu’autrefois ? A lire « le Quotidien », ce n’est pas évident !

Aujourd’hui, malgré un taux de chômage général très élevé, de nombreuses femmes travaillent, en dehors de leur foyer. Salariées, elles ne dépendent plus – ou beaucoup moins ! – de leur mari ou compagnon. De plus, les mœurs ont évolué … Désormais, le Planning familial est une institution.

Parallèlement, le maloya est devenu une forme d’expression pour de nombreuses citoyennes qui, depuis 2 ou 3 décennies, ont pris leur destin en main, en prenant le micro. Désormais, pour ces chanteuses, la vie est dans le maloya !

Subissant inconsciemment ou non, l’influence de la musique des Noir.e.s américain.e.s (les Platters) et/ou des chansons hexagonales (Édith Piaf), ces chanteuses – plus ou moins jeunes – ont fait évoluer le maloya vers un renouveau, tant dans les paroles que dans la musique. Avec bonheur !

Et, aussi, avec quelques hommes comme Danyèl Waro (né en 1955) !

Au final, pour elles, pour eux et pour la population réunionnaise, le maloya, c’est la joie, c’est la vie. C’est la joie de vivre ! (3)

(1) Maloya, l’esprit des femmes : un documentaire d’Anne-Laure Lemancel et Séverine Nativel ; à la télévision, ce 52 min a été proposé le 8 mars 2023, à 20h 40, par Réunion la 1 ère .
(2) Michel Debré a été le Premier ministre de la V ème République, de 1959 à 1962 ; puis, il a été élu député de La Réunion, de 1962 à 1988.
(3) La joie de vivre, à travers le maloya : en chant (paroles en créole et/ou en malgache), en musique (kayamb, roulèr, pikèr, sati et bobre, parfois au grand complet) et, bien sûr, en danse !

Longue vie à Nathalie Natiembé, Christine Salem, Dilo (Eat my Butterfly), Kaloune et aux autres maloyèz !

Texte écrit par Michel B., suite au visionnage du film à l’origine de ce propos.

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Kozé libre

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