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« On est éduqués à posséder les femmes »

LIBRE EXPRESSION

Je ne suis pas une femme,
J’ignore ce que signifie  »’être une femme »
Mais je ne voudrais pas en être une.

J’ai grandi comme tous les garçons
Avec une place de choix
La place du roi,
Même dans une famille pauvre.
Être servi par les femmes
C’était notre privilège.
On avait un peu plus de droit.
Jamais enfermés dans cette tour d’ivoire,
On avait le droit de traîner tard le soir
Le pouvoir de traîner tout court
De nuit comme de jour,
Sans, paradoxalement, être traités de traîné.
Grimper aux arbres, être grossier,
Courir les filles ou être sale
Si tu es garçon, y a pas d’mal
Nous, on a le droit de vie
Tout est permis.

Je pouvais rire fort
Écarter les jambes, m’étaler,
Pas comme les filles, prisonnières,
Et de leur robe et de leurs jolies manières.

Le  »manspreading » est-ce un geste naturel ou une éducation?
Je vous laisse naturellement répondre à cette question.

J’ai toujours senti qu’on était plus libre à être un garçon.

Je ne suis pas une femme,
Mais je ne voudrais pas en être une.
Le patriarcat institutionnalise la violence envers les femmes

Nous apprenons à maltraiter les femmes malgré nous.
Et beaucoup de femmes se laissent maltraiter malgré elles.

Perdre son nom le jour de son mariage
Ce pourrait être un outrage ? Que nenni ! C’est un honneur !
C’est la quête de bien des femmes,
Un pas vers le  »bonheur »,
Le bonheur d’être reconnue comme une femme complète,
Aux yeux de la société patriarcale,
Et pour être tout à fait complète
Il faut faire des enfants pour parachever votre statut de Femme avec un grand H.

Tant d’injonctions et on se croit libre !
Mais quelle est votre place sur l’échiquier?
Il aurait fallu attendre 2000 ans d’Histoire
pour que vous ayez droit au chéquier. Tu parles d’un pays de lumière !

Le vote était  »universel » avant le vote des femmes.
Ce genre d’universel qui oublie la moitié de la société.
C’est notre Histoire, et qu’en est il des femmes noires?

L’ inégalité de traitement,
L’ inégalité des salaires,
Le plafond de verre.
L’ inégalité de prestige génère une fragilité dans la situation des femmes.

Je vois bien qu’on rechigne à recruter des femmes,
Elles risquent des grossesses répétées,
Le capitalisme serait bien embêté

Et puis une femme en tant que capitaine?
Voyons, Quelle crédibilité?
Ce pays n’a jamais élu de femme  »Président ».

Votre corps est au service des hommes, et au service du patriarcat.

Mais pas tous les hommes. Si. Tous les hommes.

On est éduqués à posséder les femmes
A en être propriétaire. A en être supérieur. A en être le maître.
On a grandi avec cette conviction intime.

Ce n’est pas de ma faute, mais je suis coupable de bénéficier de ce crime.
Je tire mon prestige de la domination des femmes.
Quelle est mon mérite, quand tout est pensé pour favoriser les hommes ?
J’ai honte.

On nous enseigne à  »consommer »
On vous enseigne à être consommables
Belles, parfumées,  »plaisables »
On vous flatte sur votre beauté
Et vous en êtes flattées.

Tout flatteur vis aux dépends de celles qu’il esbroufe.

La violence opérée par les hommes sur les femmes est permise par cette société,
Par les lois et les traditions de cette société.
La place qu’on vole aux femmes est une coutume.

La cuisine quotidienne sans gloire, c’est pour les femmes,
La cuisine des restaurants de prestige, c’est pour les hommes.
La matrone n’est pas un patron.
Le matrimoine n’est pas un patrimoine.

Dans ce marché de dupe, il faut être malhonnête pour nier cette violence.

Je ne parlerai pas de la culture du viol, mais ça va avec.
Nous sommes l’énergie, la force
Vous êtes la patte à modeler.
C’est nous qui vous donnons forme, qui faisons fructifier votre jardin charnel.

Evidemment je ne suis pas d’accord avec ça.

Et Dieu dans tout ça ?
N’a t’il pas fécondé Marie sans son consentement ?
N’a t’il pas utilisé son corps pour son projet ?
N’a t’il pas créé un tabou sur la sexualité et le plaisir des femmes ?
N’a t’il pas accablé les femmes pour l’éternité ? Jusqu’à ce qu’elles comprennent que leur fardeau vient de très loin, ou plutôt de très haut.

Je vous tire mon chapeau. Je suis heureux de vivre ce siècle de lutte pour les droits des femmes. Et si besoin je suis là, mais je sais que vous n’en avez pas besoin.

Auteur anonyme 🌼

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