Le Gol étant usine aménagement du territoire

Où construire La Réunion de demain ? 

LIBRE EXPRESSION

Le Schéma d’aménagement régional (SAR) fixe les grandes orientations pour la mise en valeur du territoire et la protection de l’environnement. Il détermine l’implantation des infrastructures routières par exemple, la localisation possible des zones urbaines (habitat-économie) et des espaces agricoles et naturels. La Région Réunion a décidé l’élaboration d’un nouveau SAR pour construire La Réunion de 2050 avec des conditions de vie qui conviennent au million de Réunionnais que nous serons, notamment grâce à un habitat adapté à nos modes de vie, à des transports en commun efficaces, à l’autonomie énergétique et au développement de notre agriculture ; tout en prenant en compte les causes principales du réchauffement climatique.

Selon les experts, l’artificialisation des terres, c’est-à-dire la transformation d’un sol agricole ou naturel, en y construisant immeubles, maisons individuelles, parkings, routes ou équipements, contribue à ce réchauffement climatique. Les sécheresses prolongées, les cyclones de plus grande intensité, les pluies torrentielles suivies d’inondations, les glissements de terrain et la montée du niveau de la mer, cela n’arrive pas qu’aux autres.

Évitons les catastrophes irréversibles ! Il faut donc réduire l’artificialisation des sols ou la compenser en replantant des arbres sur des terrains déjà construits : c’est ce qu’on appelle la renaturation. La soustraction entre les surfaces artificialisées et les surfaces renaturées permet de calculer l’artificialisation « Nette ». Au plan national, d’ici 2031, il s’agira de diminuer de moitié le rythme d’artificialisation des sols par rapport aux dix dernières années pour atteindre progressivement, après trois décennies, l’objectif de Zéro artificialisation nette (ZAN) en 2050.

À La Réunion, la loi ne nous impose pas cet objectif ; elle nous laisse la possibilité de fixer nous-mêmes notre trajectoire. Le ZAN ne signifie pas de bloquer le développement de La Réunion. Toutes les communes peuvent élaborer un projet de développement ambitieux et durable. Les espaces constructibles inscrits aux plans locaux d’urbanisme (PLU) de nos vingt-quatre communes offrent un potentiel de 3000 hectares d’espaces non construits qui pourraient en théorie permettre de satisfaire nos besoins en logement et en développement économique.

D’ailleurs, le code de l’urbanisme explique qu’il faut d’abord démontrer que les zones constructibles sont totalement exploitées avant de déclasser des terrains de zones agricoles et naturelles. Saisissons cette opportunité ! Il apparaît logique, pour des familles réunionnaises, de considérer le déclassement de leur terrain agricole comme une aubaine pour construire la maison de leurs enfants ou s’enrichir.

Mais pour l’intérêt de tous et la préservation de la terre réunionnaise, il faut limiter les déclassements. C’est aussi au prix d’un choix courageux de ne pas déclasser de nouveaux terrains agricoles que nous pourrons développer notre agriculture et la qualité de nos produits. Ce développement agricole nécessite même d’augmenter les terres agricoles qui ont malheureusement diminué au cours de cette décennie. L’objectif affiché était d’atteindre 50 000 ha alors qu’elles sont passées de 42 000 ha en 2010 à 38 000 ha en 2020. Comment nourrir un million d’habitants si la diminution des surfaces agricoles se poursuit ?

Nous avons besoin de ces terres supplémentaires pour des élevages de plein air et une agriculture raisonnée et nous avons aussi besoin de ces terres agricoles pour accueillir les jeunes Réunionnais qualifiés qui souhaitent devenir des agriculteurs accomplis. Ces surfaces sont nécessaires pour assurer la production d’aliments en quantité et en qualité afin de diminuer notre dépendance aux importations pour nous nourrir. Il est temps d’agir. Imaginer cette Réunion à l’horizon 2050 nous invite à construire en priorité sur les zones déjà urbanisées et à traduire par des actes forts notre ambition affichée de sécurité alimentaire. Il est possible ainsi d’élaborer un modèle de développement harmonieux et équilibré pour les générations futures. Nos enfants et petits-enfants ne le méritent-ils pas ?

Christian Annette, conseiller régional – Groupe #Avenir

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