MONSIEUR LE PRÉSIDENT
À Mayotte, comme dans certaines régions de France, nous sommes touchés par des urgences consécutives à des catastrophes naturelles, ici liées au cyclone Garance et au retour du chikungunya. La conjoncture internationale, par ailleurs, met les nations européennes dans l’obligation de trouver de l’argent pour faire face à des charges naguère partagées avec les Américains. Cela ne facilite pas les solutions qu’impose l’urgence, et que Madame la Présidente de la Région rappelle au Président dans une lettre ouverte publiée par la presse.
Cette problématique de l’urgence ne doit pas nous faire oublier la refondation de long terme.
Autant la solidarité nationale, « quoi qu’il en coûte », est une réalité uniforme pour les Français où qu’ils soient, autant, au plan économique, au nom de l’humanité, de la dignité, des droits de l’homme, le développement des peuples de la nation n’est pas de la responsabilité uniforme des Français mais de celle de chaque peuple.
Le développement du peuple réunionnais doit être de la responsabilité des Réunionnais. La prospérité de la nation est l’expression de la prospérité des peuples qui la composent.
Si la prospérité des peuples français est uniforme, cela signifie que les peuples locaux sont purement et simplement réduits à l’irresponsabilité, à l’oisiveté, au chômage, et condamnés à l’assistance pour acheter ce que des négociants nationaux (mondialistes) leur envoient. C’est la situation vers laquelle le système actuel conduit La Réunion.
Il est temps que les peuples se réveillent, que le peuple réunionnais se manifeste.
Pour éviter le déclin français – le déclin de la République française – par l’abandon des responsabilités nationales et locales, il est temps que les peuples français d’Afrique, d’Amérique, d’Asie, du Pacifique et d’Europe se réveillent.
Dans ce mouvement national, que le peuple réunionnais se manifeste.
Ce n’est pas un parti, une organisation professionnelle, une association, encore moins une personne qui doit se manifester, mais LE PEUPLE, c’est-à-dire les Réunionnaises et les Réunionnais de toutes les origines, de toutes les classes sociales, de toutes les religions, de tous les partis politiques, de toutes les organisations professionnelles, de toutes les associations, etc.
La bataille sera gagnée quand les blan, les kaf, les malbar, les sinoi, les zarab ; les gros, les moyens, les petits, les politiques de droite, de gauche, du centre, les syndicalistes de toutes catégories, les militants de la diversité des associations seront assis à la même table pour signer LES FONDAMENTAUX, quand ils seront ensemble dans les bureaux de vote pour LE RÉFÉRENDUM LOCAL.
Cela se prépare depuis des années à travers des rencontres, des réunions-café (quatre à dix personnes dans les quartiers), à travers les réunions locales dans un local public. Tout cela pour préparer la réunion de la signature des FONDAMENTAUX et la demande d’un référendum local.
Avant que le peuple se retrouve, au-delà des péripéties, des désordres, des cris et des manœuvres, il s’organise.
La nécessité d’un document-charte :
« LES FONDAMENTAUX POUR LA RÉUNION »
Au centre de ce mouvement du peuple réunionnais pour se retrouver et retrouver sa place dans la vie de la République, se trouve un document : « LES FONDAMENTAUX POUR LA RÉUNION », une sorte de charte.
Un tel document est nécessaire parce que l’uniformité qui a dominé a tellement possédé les esprits que, même ceux qui en sont victimes, même ceux qui veulent en sortir, sont encore imprégnés de sa philosophie.
Un tel document, comme on le verra, a le mérite de mettre clairement en place les nouveaux paradigmes.
Où en est la rédaction des FONDAMENTAUX ?
La rédaction des FONDAMENTAUX POUR LA RÉUNION est en cours. Elle se précise à travers les entretiens, les réunions-café (il en faudrait davantage), les réunions locales.
Au moins mille personnes les signeront et demanderont qu’ils soient soumis à référendum local.
Aujourd’hui, LES FONDAMENTAUX comprennent deux parties :
- Première partie : identité, reconnaissance, responsabilité.
- Deuxième partie : le cap, le cadre, l’éthique.
PREMIÈRE PARTIE
IDENTITÉ (kisa nou lé) :
Nous sommes un peuple métis d’Afrique, d’Asie et d’Europe, autour des valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité, de démocratie et de laïcité. C’est ce peuple réunionnais qui est français.
RECONNAISSANCE (nou lé la) :
Ce peuple réunionnais veut être reconnu au sein de la République, en Europe, en Indianocéanie, etc.
RESPONSABILITÉ (sé nou ki fè) :
Ce peuple réunionnais est responsable de son développement à partir des ressources de son pays.
DEUXIÈME PARTIE
LE CAP :
Une politique de production locale par, avec et pour les Réunionnais – une production locale de biens et de services dans tous les secteurs : agriculture, arts et lettres, artisanat, commerce, culture, industrie, recherche, technologies, etc.
LE CADRE :
Un pouvoir local disposant de moyens législatifs, réglementaires, financiers et administratifs pour promouvoir et protéger cette production locale.
L’ÉTHIQUE :
Voulons-nous être le peuple que nous avons défini ?
Voulons-nous assumer les responsabilités qu’implique cette volonté d’être peuple ?
Voulons-nous acquérir les compétences ?
Le but est d’arriver à un texte définitif qui sera signé, qui fera l’objet du référendum et qui marquera la refondation.
Si nous multiplions les entretiens et les réunions-café, le projet pourrait être bouclé cette année. Mais le projet doit rester LE PROJET D’UN PEUPLE.
Une manifestation populaire
Pour signer « LES FONDAMENTAUX » et demander leur validation par un RÉFÉRENDUM LOCAL
Pour signer LES FONDAMENTAUX et demander le référendum, il faudra au moins – au moins ! – mille personnes.
« LE RÉFÉRENDUM LOCAL »
Le référendum est l’expression politique de la souveraineté du peuple (article 3 de la Constitution). Cette expression a été reconnue pour la souveraineté des peuples à travers des référendums locaux, Outre-mer et en Corse.
La négociation avec le Gouvernement
En même temps que la demande d’un référendum local pour confirmer LES FONDAMENTAUX, les signataires demanderont que ceux-ci soient négociés avec le Gouvernement par LA COMMISSION TERRITORIALE ÉLARGIE, parce qu’elle est composée de l’ensemble des représentants des élus, majorités et oppositions.
La rédaction des FONDAMENTAUX demeure l’urgence : rencontres, réunions-café, prochaine réunion locale. La refondation passe par ces étapes qu’il faudra mieux organiser.
Le but est de faire passer la population anonyme, irresponsable et prise en charge, au statut de peuple identifié, reconnu et responsable.
C’est la République des peuples que vous êtes appelé à présider, Monsieur le Président.
Dans la République des peuples retrouvés, votre tournée en Indianocéanie (à la COI) serait différente.
Autour de notre personne, c’est la Région-Réunion, plus que le Quai d’Orsay, qui serait présente.
Paul Hoarau
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