On a perdu le signal… Pub !

LIBRE EXPRESSION

En fin d’année 2021, la DEAL Réunion lançait son application en ligne SIGNAL PUB qui permet aux citoyens, aux associations et aux collectivités de participer à la lutte contre la pollution visuelle. En effet, le respect de la réglementation de la publicité extérieure a pour objectif la préservation du cadre de vie de nos territoires. En outre, il s’agit de signaler les dispositifs illégaux ou non conformes au code de l’environnement.

Excellente initiative !

Les 6 panneaux sauvagement implantés en 2020 à Fleurimont sur un terrain agricole, hors agglomération, qui, non seulement bouchent la vue par beau temps sur le Maido, mais en plus ont entrainé le massacre d’arbres, morts depuis bien entendu, peuvent enfin être dénoncés pour être démontés :

C’est vrai finalement, est-ce que ces arbres allaient vraiment pouvoir compenser le bilan carbone de tous les produits chinois importés et de toute cette malbouffe qui seront promus par ces beaux panneaux ? Le réchauffement climatique est maintenant inéluctable donc foutu pour foutu, on coupe tous ces arbres, à la place on met des belles affiches et on fait comme si tout allait bien…

Eh oui, pourquoi se soucier du code de l’Environnement et de son article L 581-4 qui interdit strictement l’élagage mutilant les arbres ou les haies à seule fin de dégager la visibilité de dispositifs scellés au sol ou d’en permettre l’installation, assimilant ainsi l’installation à une implantation sur les arbres ? Interdiction confirmée par le Conseil d’Etat !

Pourquoi respecter aussi l’article L 581-7 du code de l’Environnement qui interdit l’implantation de tels panneaux hors agglomération ?

Tout simplement parce que personne ne dira rien et qu’une fois les panneaux posés, personne ne les fera démonter… le plus dur dans cette affaire est donc d’installer ces panneaux en misouk !

Le messager avait raison.

La DEAL a pourtant confirmé le 26 décembre 2022 le caractère non-conforme des panneaux dénoncés :

Mais, c’est là qu’est l’os, hélas : la DEAL annonce vouloir prendre contact avec l’afficheur !

Mais pourquoi ?

La procédure d’enlèvement est pourtant claire : dès la constatation d’une publicité, d’une enseigne ou d’une pré enseigne irrégulière au regard des dispositions du code de l’environnement ou des textes réglementaires pris pour son application, et nonobstant la prescription de l’infraction ou son amnistie, l’autorité compétente en matière de police prend un arrêté ordonnant, dans les cinq jours, soit la suppression, soit la mise en conformité avec ces dispositions, des publicités, enseignes ou pré enseignes en cause, ainsi que, le cas échéant, la remise en état des lieux !

Comme ils ne peuvent pas être régularisés, ces panneaux auraient donc dû disparaître dès le mois de janvier 2023…

Et que s’est-il passé alors ? Rien, les affiches se succèdent, le chiffre d’affaires de l’afficheur grossit, les arbres sont morts et l’instructeur de la DEAL ne répond à aucune relance.

Cette réponse de la DEAL n’est en fait qu’une illustration terrible de la complaisance publique vis à vis des afficheurs irrespectueux car lorsque qu’il n’y pas de Règlement Local de Publicité, le Préfet n’agit pas, et lorsqu’une mairie rédige son Règlement Local de Publicité, c’est souvent l’occasion pour elle de régulariser des situations illégales. Les pouvoirs publics savent donc que de très nombreux panneaux sont illégaux mais ne bougent pas, pour des raisons bien mystérieuses.

Nous n’avons donc pas fini de voir nos paysages massacrés et défigurés par des affiches affreuses, incitant toujours plus à la surconsommation ou à l’ingestion de nourriture infâme.

L’application SIGNAL PUB n’est donc rien d’autre que…. de l’affichage.

Un citoyen Saint-Paulois, un peu désabusé

Chaque contribution publiée sur le média nous semble répondre aux critères élémentaires de respect des personnes et des communautés. Elle reflète l’opinion de son ou ses signataires, pas forcément celle du comité de lecture de Parallèle Sud.

A propos de l'auteur

Kozé libre

A Parallèle Sud nous nous faisons un devoir de libérer la parole, de la partager, sous quelque forme que ce soit (texte, vidéo, son, BD...). Chaque lecteur peut être acteur et créer l'information. Celle-ci est relue par le comité de lecture de Parallèle Sud avant d'être publiée dans la Libre expression.