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Serge Hoareau : « Un tiers des effectifs des mairies sont des Pec »

« Entre un quart et un tiers des effectifs des mairies sont des Pec, des emplois aidés », nous confie Serge Hoareau, président de l’association des maires du département de La Réunion (AMDR) et maire de Petite-Île. Autant dire que si l’on supprime près de la moitié de ces PEC (Parcours emploi compétences), comme c’est prévu par le gouvernement Bayrou, le service public va en souffrir.

Serge Hoareau maire de Petite-Île et président de l'AMDR
Serge Hoareau maire de Petite-Île et président de l’AMDR.

Serge Hoareau, vous avez le 3 février publié un communiqué pour demander au préfet le maintien de la prise en charge de l’État sur les Parcours emploi compétences ; pourquoi ?

On va passer de 12 000 Pec à 7 000, c’est en tout cas ce qui avait été annoncé. Mais nous n’avons pas encore la confirmation, faute de réussir à comprendre exactement le contenu du texte. En effet, j’ai demandé en tant que président de l’AMDR que le taux de prise en charge des Pec par l’État reste à 60 %. Il est prévu que leur nombre baisse drastiquement, que la prise en charge passe à 53 %, que les contrats se réduisent de onze à dix mois et que leur durée hebdomadaire passe de 25 heures à 23,5. Alors que nous ne savons quel montant de dotations nous sera accordé.

Vous me dites que de nombreux employés communaux sont embauchés sous le régime des Pec ; à quoi sont-ils employés ?

En effet, selon les communes, entre un quart et un tiers des effectifs sont des Pec. Et ils tiennent des postes souvent indispensables. Comme par exemple l’entretien des écoles, la restauration scolaire et la surveillance des enfants pendant la pause méridienne, ils travaillent aussi à l’environnement ou à l’entretien des bâtiments municipaux. 

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Ces réductions d’aides vont coûter cher aux communes. Vous avez une idée à combien va se monter le surcoût ?

Je peux vous répondre pour la Petite-Île. Nous avons chiffré le surcoût à 200 000 euros sur une masse salariale totale de 12 millions. Mais ces 200 000 euros ne représentent que le surcoût qui correspond à la réduction des aides, pas à la réduction du nombre de Pec. Il va nous falloir trouver des solutions.

Quelles pourraient être ces solutions ?

Il va falloir rogner certaines autres dépenses. C’est malheureux mais on ira prendre sur les budgets animations, sur le budget des associations… c’est-à-dire sur les choses qui ne sont pas obligatoires. Le sport et la culture sont très importants, pour le lien social, le bien être de nos concitoyens. Ce sont des domaine très importants, mais pas obligatoires, contrairement à la surveillance des enfants dans les écoles. 

On ne peux pas imaginer déplacer des employés communaux vers les postes obligatoires ?

Non, ce n’est pas envisageable. Tous ont une mission. Si je déplace le gardien du gymnase, je ferme le gymnase. On ne peut que réduire les prestations, pas embaucher plus cher.

Vous me dîtes qu’on ne peut embaucher ?

La situation est serrée depuis longtemps, on n’a pas de marge de manœuvre. Les employés communaux ne suffiront pas pour assurer toutes les missions.

«Ça va impacter la vie des familles»

On a l’impression que les gens ne prennent pas toute la mesure du problème, ils ne pensent pas que ça va impacter leurs vies…

Bien sûr que ça va impacter la vie des familles réunionnaises. Les associations sportives et culturelles vont en faire les frais. Et c’est sans compter la bouffée d’oxygène que représente ces emplois pour beaucoup de familles. Nous allons vers une crise sociale, il s’agit de la supression de 5 000 emplois. (Ndlr : sans compter les emplois perdus dans les associations faute de subventions)

On entend souvent dire que ces emplois aidés sont utilisés pour acheter des voix. Qu’en dites-vous ?

Je connais ce discours, la chanson du clientélisme, celui des jaloux qui bavent sur le dos des élus. Mais ce n’est pas possible ; il y a des quotas, si je peux embaucher 130 personnes, ça ne va pas augmenter à la veille des élections. A l’époque peut-être, quand il y avait 25 000 contrats. Ces emplois encore une fois sont utiles. Si les sites touristiques sont propres, c’est parce que nous pouvons embaucher grâce aux emplois aidés. Il faudra faire des choix dans le fonctionnement de nos collectivités.

Pour équilibrer les comptes, certaines communes ne vont-elles pas être tentées d’augmenter les impôts ?

Je ne pense pas. Ce n’est vraiment pas envisageable.

Propos recueillis 
par Philippe Nanpon

A propos de l'auteur

Philippe Nanpon | Journaliste

Déménageur, béqueur d'clé dans le bâtiment, chauffeur de presse, pompiste, clown publicitaire à roller, après avoir suivi des études d’agriculture, puis journaliste depuis un tiers de siècle, Philippe Nanpon est également épris de culture, d’écologie et de bonne humeur. Il a rejoint l’équipe de Parallèle Sud pour partager à la fois son regard sur La Réunion et son engagement pour une société plus juste et équitable.

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