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Vous êtes invités à l’arboretum le 21 juin 2026 à 14h

LIBRE EXPRESSION

Cette invitation, bien que lointaine, est cependant très précise. Elle émane de l’association « Sur les traces de Thérésien Cadet », créée le 20 décembre 2022, qui vous invite, dès à présent, à visiter l’arboretum de plantes indigènes et endémiques menacées que Thérésien Cadet a réalisé lui-même sur le campus universitaire du Moufia à Saint-Denis. L’invitation vaut aussi pour la visite de l’espace muséal de la bibliothèque universitaire où, jusqu’au 21 octobre 2022, vous verrez son appareil photo, son microscope, les moyens dont il disposait à l’époque…

Qui est Thérésien Cadet ? Il est issu d’une famille plus que modeste du Tévélave, commune des Avirons. Ce “scientifique aux pieds nus” naît le 21 juin 1937 et décède trop tôt, d’une crise cardiaque le 2 février 1987, avant d’avoir atteint ses 50 ans. Il avait été remarqué de bonne heure par ses enseignants et véritablement contraint par eux (et par le maire des Avirons, de 1945 à 1961, Adrien Cadet ) à poursuivre des études supérieures en métropole.

Il part en 1956 et est de retour dans son île en 1961, titulaire de l’agrégation de Sciences Naturelles. Il enseigne à l’ Ecole Normale de Saint-Denis. Dès 1962, il fonde avec quelques collègues une annexe de la faculté des sciences de Marseille qui assure un enseignement supérieur scientifique à La Réunion. En 1963, il assure en plus l’intérim du conservateur du Muséum d’histoire naturelle de La Réunion. En 1966, il essuie les plâtres de l’Université de La Réunion et y crée le laboratoire de biologie végétale.

Il est à l’initiative en 1970, de la rédaction de la Flore des Mascareignes qui était indispensable, la précédente flore de La Réunion, celle de E. Jacob de Cordemoy datant de 1895 ! Conscient de la nécessité et de l’urgence de préserver le patrimoine naturel, riche et fragile de son île, en 1971, il est cofondateur de la SREPN, Société Réunionnaise d’Etudes et de Protection de la Nature, devenue aujourd’hui SREPEN. Il a oeuvré pour l’ agrandissement et le classement en 1981 de la Réserve Naturelle de Mare-Longue à Saint-Philippe. Il est aussi à l’origine de la création en 1986 du Conservatoire Botanique National de Mascarin.

Sous les portraits de Thérésien Cadet, de gauche à droite : Vincent Boullet, du Conservatoire Botanique, Raymond Lucas, des Amis des Plantes et de la Nature, Jeannine Cadet, sa veuve, et Dominique Strasberg, de l’Université, nous disent qui était Thérésien Cadet.

Thérésien Cadet est surtout un scientifique et un homme de terrain qui s’intéresse à la phytosociologie c’est-à-dire à l’étude des groupements végétaux, discipline très novatrice sous les tropiques à son époque, qui a fait l’objet de sa thèse : La végétation de l’île de La Réunion, étude phytoécologique et phytosociologique soutenue en 1977 et publiée en 1980. Il entreprend de constituer le futur herbier universitaire de La Réunion auquel il apporte personnellement plus de 7 000 échantillons.

Comment ne pas être impressionné par l’ampleur et le rayonnement de son œuvre, bien que réalisée en 25 ans seulement, de 1961 à 1986 ? Des écoles, un collège, un amphithéâtre, un laboratoire, un stade, des rues portent son nom. Quelques plantes de La Réunion lui ont été dédiées par des botanistes qui ont souhaité l’honorer : un bois de quivi, Turraea cadetii, une urticacée, Pilea cadetii, une fougère, Dicranopteris cadetii, deux orchidées, Cynorkis cadetii et Angraecum cadetii, et une cypéracée, Costularia cadetii.

Ce Réunionnais hors du commun mérite d’être davantage connu en dehors du cercle trop restreint des botanistes et des protecteurs de la nature. C’est l’objectif que s’est fixé l’association « Sur les traces de Thérésien Cadet ».

Nicole Crestey

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