Sur l’incompétence crasse de certains groupies du surf à la Mairie de Saint-Leu…

LIBRE EXPRESSION

A l’occasion de la mise en place d’une nouvelle ZONEX de surf encadrée par un protocole de l’association RESSAC, sur les spots de Saint-Leu, on a pu lire dans la presse le passage suivant (Quotidien du 27 juin 2025) : « Un protocole qui prévoit en premier lieu « la vérification de l’antériorité de l’effort de pêche ». Un point essentiel pour Mylène Veminardi, élue déléguée à la réglementation de l’espace marin, qui parle de « pêche ciblée, c’est une pêche écologique qui nous a permis d’avoir à nouveau une population de requin de récif ». Elle regrette toutefois que la commercialisation ne soit pas autorisée. » (https://www.lequotidien.re/article/societe/2025/06/27/saint-leu-securisation-des-spots-de-surf)

On en est donc encore là après toutes ces années ?! Toujours la même propagande fallacieuse des groupies du surf infiltrés dans certaines municipalités de l’ouest ?!

Mme Veminardi parle de pêche « écologique ». Sans rire…..Après 884 requins tigres et bouledogues (au 31 mai 2025) liquidés par l’Etat français au seul nom d’un loisir égoïste (le surf), et un nombre conséquent de captures d’espèces dites « accessoires » inscrites sur la liste rouge des espèces menacées d’extinction de l’UICN ??

Elle nous ressert cette rengaine éculée selon laquelle l’élimination systématique des requins tigres et bouledogues des eaux réunionnaises depuis 11 ans (2014) « nous a permis d’avoir à nouveau une population de requin de récif ».

En clair, les tigres et les bouledogues seraient les grands méchants loups qui auraient dévoré tous les gentils requins de récif….Mais quelle incompétence !

Les études scientifiques ont clairement démontré qu’il n’en était rien :

Mariani et al., (2021)(1) confirment effectivement la quasi-disparition des requins de récif :

« [….] notre analyse de l’ADN électronique met en évidence l’absence générale de requins typiques des récifs (par exemple, Triaenodon obesus, Carcharhinus melanopterus, C. amblyrhynchos, C. galapagensis),  notamment  en association avec les récifs coralliens de l’ouest de l’île. Ce résultat est cohérent avec les récentes études menées sur drumline  (Guyomard  et  al.,  2019),  qui  montrent  que  les requins  de  récifs  typiques  ne  représentent  que  7%  des captures  enregistrées,  et  parmi  eux,  la  majorité  sont  des requins nourrices  fauves (Nebrius ferrugineus). » (page 8)

Mais une étude récente de Jaquemet et al. (2023)(2) réfute catégoriquement la responsabilité des tigres et des bouledogues, mettant l’accent en priorité sur la surpêche et, secondairement, sur la dégradation de l’environnement corallien :

« Les espèces associées aux récifs coralliens, telles que C. albimarginatus, C. amblyrhynchos, C. melanopterus, et T. obesus, étaient notablement absents des captures de la pêche récréative et du programme de contrôle des requins, en accord avec les observations faites dans la récente étude eDNA de la diversité des élasmobranches autour de l’île et en accord avec l’arrêté préfectoral protégeant ces espèces depuis 2015. La petite taille du récif corallien à La Réunion a probablement limité son abondance naturelle autour de l’île, conduisant à une vulnérabilité intrinsèque locale. Ce résultat indique que les populations d’espèces associées aux récifs coralliens ont fortement décliné en conséquence principale de la surpêche et secondaire de la dégradation de leur habitat, comme observé à l’échelle mondiale. L’isolement de l’île, combiné au petit domaine vital et à la grande fidélité à l’habitat récifal de ces espèces, limite les possibilités pour les individus extérieurs de reconstituer les populations perdues, ce qui explique la faible abondance des requins associés aux récifs coralliens au niveau local, alors que la pêche est interdite. » (page 14)

Ce sont donc essentiellement les pêcheurs locaux qui ont liquidé les populations de requins de récif. Mais il est évidemment plus facile d’accuser les tigres et les bouledogues, têtes de turc par excellence !

Quand on ne sait pas de quoi on parle, mieux vaut se taire que de raconter n’importe quoi !

Didier Dérand

Président de VAGUES

Sources :

1. Mariani S., Fernandez C., Baillie C., Magalon H., Jaquemet S., 2021 – Shark and ray diversity, abundance and temporal variation around an Indian Ocean Island, inferred by eDNA metabarcoding. Conservation Science and Practice. 2021; 3:e407. https://doi.org/10.1111/csp2.407

2. Jaquemet S., Oury N, Poirout T., Gadenne J., Magalon H., Gauthier A., 2023 – Elasmobranch Diversity at Reunion Island (Western Indian Ocean) and Catches by Recreational Fishers and a Shark Control Program. Diversity, 2023, 15, 768. https://doi.org/10.3390/d15060768

Association VAGUES

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