Romain Katambara et Cédric Famibelle-Pronzola au siège de l'ONU à New York.

Le Groupe d’initiative de Bakou offre une tribune à l’ONU au parti indépendantiste Ka Ubuntu

Le petit parti Ka Ubuntu a prôné l’indépendance de La Réunion à New York grâce au Groupe d’initiative de Bakou. Celui-ci organisait, au siège de l’ONU, une conférence dénonçant la « recolonisation » de la Kanaky par la France. 

En marge de l’assemblée générale des Nations unies et des discours historiques sur la Palestine, le 25 septembre dernier un jeune Saint-Pierrois a porté une voix indépendantiste réunionnaise à New-York. Ça s’est passé dans le même bâtiment mais dans une autre salle, bien plus petite, que celle qui accueillait les chefs d’État du monde entier qui n’ont sans doute rien vu de cette réunion décoloniale.

Romain Katambara et Cédric Famibelle-Pronzola au siège de l'ONU à New York.
Manifestation demandant la décolonisation de la Kanaky et d’autres terres françaises ou hollandaises. Extrait du site du Baku Initiative group.
Manifestation demandant la décolonisation de la Kanaky et d'autres terres françaises ou hollandaises. Exrait du site du Baku Initiative group.
Conférence contre l’accord de Bougival à l’ONU le 25 septembre. Extrait du site du Baku Initiative group.

Romain Katambara, président du récent parti Ka Ubuntu, créé il y a 5 ans par trois Réunionnais installés dans l’hexagone, a vanté son projet d’indépendance de La Réunion à l’occasion d’une conférence organisée par le Groupe d’initiative de Bakou (Baku Initiativ Group : Big) intitulée : « Accord de Bougival : recolonisation ou décolonisation ? » Il s’agissait de marquer symboliquement l’anniversaire de la prise de possession de la Nouvelle-Calédonie par la France, le 24 septembre 1853

La salle était réservée par le Big qui avait également financé les frais de déplacement et d’hébergement des deux représentants du parti réunionnais, Romain Katambara et Cédric Famibelle-Pronzola, dont nous vous avons raconté la récente garde à vue

De son pupitre, dans un discours de 5 minutes, le président de Ka Ubuntu a apporté tout son soutien au peuple kanak et dénoncé les accords de Bougival comme « un acte de recolonisation ». Il a surtout déclaré avec fermeté l’objectif d’indépendance totale de La Réunion :

« Terre africaine occupée par la France »

« Notre parti se bat pour la libération totale de La Réunion, une terre africaine occupée par la France. Notre combat pour l’indépendance s’inscrit dans les pas de nos ancêtres marons qui nous ont transmis le gène de la résistance ». « Si nous restons avec la France, nous coulerons avec elle », s’est-il exclamé avant de réclamer une « indépendance immédiate plutôt qu’une autonomie sous tutelle ». Tel est le crédo de Ka Ubuntu :  « Posons les bases d’un État réunionnais indépendant, panafricaniste, démocratique et social. »

Le discours provoque assurément des commentaires hostiles. Mais Romain Katambara compte bien le porter sur son île où il reviendra l’année prochaine pour s’installer en tant qu’avocat. Il annonce déjà une conférence en octobre dans un hôtel saint-pierrois pour y présenter un projet de constitution et un hommage à Thomas Sankara dont il reprend la citation : « la patrie ou la mort, nous vaincrons ! »

Pour l’heure Ka Ubuntu apparaît comme un épiphénomène de la scène politique réunionnaise du fait de sa petite taille et de son association avec le Big. Ce regroupement international de mouvements indépendantistes et décoloniaux reste très lié avec l’Azerbaïdjan, où s’est tenue une précédente conférence à laquelle Ka Ubuntu avait participé.

Pas une marionnette

Romain Katambara en introduction de son discours remercie Abbas Abbasov, président du Big qui a fait l’objet d’un rapport du Secrétariat général de la défense l’accusant de manipulation numérique pour amplifier les discours décoloniaux. L’Azerbaidjan soutiendrait un discours contre la France du fait du soutien de Paris à l’Arménie

« L’Azerbaïdjan a décidé d’accentuer son agenda sur la décolonisation. Ils ont pris contact d’abord avec les Kanaks, ensuite les Polynésiens, et ainsi de suite », reconnaît volontiers Romain Katambara. Le lien avec le militant réunionnais s’est fait « par le biais de camarades comoriens ». Mais il réfute être manipulé : « Dès le début, on a été clair avec le groupe d’initiative de Bakou : on veut garder notre agenda sous notre contrôle et ne pas se faire dicter des choses. On veut que ce soit une coopération d’égal à égal, pas être la marionnette. »

Romain Katambara et Cédric Famibelle-Pronzola au siège de l'ONU à New York.
Romain Katambara et Cédric Famibelle-Pronzola au siège de l’ONU à New York.

Ka Ubuntu ne renie pas non plus ses relations avec Kémi Séba dont la Tribu Ka avait été dissoute en 2006 pour provocation à la haine raciale et à l’antisémitisme. Faut-il le rappeler vingt ans plus tard ? En tout cas, aujourd’hui, Ka Ubuntu compte environ 25 adhérents : « On est un parti en construction, la moyenne d’âge est très très jeune. » Le mouvement dispose de sections actives à La Réunion et à Paris, mais aussi à Toulouse et Lyon.

Franck Cellier

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A propos de l'auteur

Franck Cellier

Journaliste d’investigation, Franck Cellier a passé trente ans de sa carrière au Quotidien de la Réunion après un court passage au journal Témoignages à ses débuts. Ses reportages l’ont amené dans l’ensemble des îles de l’océan Indien ainsi que dans tous les recoins de La Réunion. Il porte un regard critique et pointu sur la politique et la société réunionnaise. Très attaché à la liberté d’expression et à l’indépendance, il entend défendre avec force ces valeurs au sein d’un média engagé et solidaire, Parallèle Sud.

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