Raymond Lauret, Roland Robert, Lucet Langenier, Elie Hoarau et Paul Vergès. (Photo : collection privée)

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Macron, Vergès et Gandhi

LIBRE EXPRESSION

Macron a dévoilé un panel de 20 personnalités françaises, désormais inscrites au Freedom Park de Prétoria. L’inscription du nom de Paul Vergès est considérée comme juste; cependant, sa présentation par une France qui prépare les maires et la population à sacrifier l’économie et les enfants pour des intérêts militaristes sonne faux. Macron ignore l’histoire réunionnaise; il falsifie l’histoire des frères Vergès, Paul et Jacques, qui ont été à l’avant-garde de la lutte pour la libération de Mandela et des siens. Lorsque Mandela a décidé de passer à la lutte armée, c’est Jacques Vergès qui a été un coordinateur des moyens dont la résistance avait besoin. La consécration de cette ligne politique juste a été la participation du PCR au centenaire de l’ANC. 

Si Macron voulait faire oeuvre historique utile, il aurait commencé par faire de la pédagogie pour expliquer pourquoi la France s’était rangée du côté du gouvernement de l’Apartheid et de son idéologie raciste, faciste, militariste. Cela aurait permis de mieux comprendre la solidarité des nominés envers les Africains estampillés de « terroristes », alors qu’ils luttaient simplement pour la liberté. Mis au banc des nations occidentales, Fidel Castro a lancé l’armée cubaine pour soutenir les combattants de la SWAPO en Namibie et l’ANC en Afrique du Sud. La résistance a  remporté des victoires qui ont permis la libération de Mandela, après 27 ans de prison. C’était une lutte très longue.

Macron aurait pu rendre hommage à tous les Africains et Africaines tombés pour avoir réclamé le respect de la condition humaine, simplement la dignité. Les faits sont les faits, personne n’aurait pu l’accuser de sacrifier la grandeur de la France sur l’autel de la repentance. Car, l’impérialisme français n’a jamais été un acte de bravoure et ne reposait sur aucune pensée humaniste. Par contre, la lutte de résistance, oui. Macron a été incapable de se montrer à la hauteur de l’Histoire des résistants de tout le continent africain, pillé sans vergogne depuis 5 siècles par les pays européens dont la France, rédactrice du Code Noir. 

La France a utilisé La Réunion pour y installer un consulat raciste d’Afrique du Sud, pour recevoir des touristes Blancs, faire stationner des avions Mirage et stocker des armes. Honneur aux dockers qui ont informé les dirigeants communistes des cargaisons suspectes. Les informations ont été transmises à Dulcie September, représentante de l’ANC à Paris. Elle a été assassinée, tout près de sa résidence. Apparemment, elle possédait des informations confidentielles sur la militarisation nucléaire du régime raciste par la France. Macron n’a pas annoncé l’ouverture des archives de cet assassinat politique, comme le réclame l’ANC et Parti communiste Sud-africain. 

Nos camarades sud-africains ne vont pas ouvrir un consulat à La Réunion, tant que ce dossier restera fermé. C’est un comble quand on a lutté en faveur de la fermeture du consulat du régime raciste. Pour ne pas oublier, les Réunionnais ont donné aux équipements et espaces publics des noms des combattants sud-africains et des lieux historiques comme Soweto. Les Réunionnais ont combattu la position officielle française. Aujourd’hui, Macron égrène des mots comme Liberté, Egalité, Fraternité, Universalisme, il nomme Paul Vergès, alors qu’il continue à orienter la France dans le mauvais sens de l’Histoire. 

Finalement, la lutte de Paul Vergès ne peut pas servir le militarisme de Macron en Europe. Pour rappel, à New Delhi, l’Université Jawaharlal Nehru a inauguré en 2009, « le Centre de documentation de l’Océan Indien Paul Vergès ». Cette distinction d’un grand pays comme l’Inde est d’une portée symbolique très forte. Nehru était un combattant anti-apartheid, en Afrique du Sud. Il a été plusieurs fois jeté en prison. Vergès-Gandhi, c’est la solidarité du Sud global contre l’Occident collectif. 

Ary Yee-Chong-Tchi-Kan

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