CHARGES DE PERSONNEL EN HAUSSE DE 8,4 M€
La nouvelle Région avait diminué ses effectifs de 164 agents en 2021 et 2022. Elle annonce aujourd’hui la création nette de 118 postes. Retour à l’équilibre ou aux mauvaises habitudes de l’ancienne majorité ?
La Région Réunion a annoncé lors de sa dernière assemblée plénière la création de 195 postes. C’est une première pour la nouvelle majorité mais c’est aussi un chiffre qui interroge tant l’équipe sortante s’était vu reprocher son excessive générosité à l’embauche.
Lors de leur arrivée au pouvoir, Huguette Bello et ses colistiers n’avaient pas de mots assez durs pour dénoncer les emplois fictifs, le clientélisme et la mauvaise gestion de Didier Robert épinglée par la Chambre régionale des comptes. Dans son rapport sur la période 2015-2019, la CRC relevait que les charges de personnel de la Région Réunion coûtaient au contribuable trois fois et demi plus cher que la moyenne des régions de France : 177 € par habitants contre, par exemple, 46€/hab en Auvergne – Rhône Alpes.
L’affaire de ces embauches, examinée après 4 heures et demi de débats lors de l’assemblée plénière du 27 juin, n’a pas donné lieu à la moindre critique publique. En coulisse, en revanche, certains se demandent si la nouvelle majorité n’est pas frappée d’amnésie en faisant l’exact contraire de ce qu’elle condamnait hier.
Le coût des créations de postes est de 8,4 M€
Après deux années de réduction des effectifs nous assistons en tout cas à une réelle inversion de tendance. Ce qui mérite quelques explications…
Comme premier constat nous remarquerons que les charges de personnel n’ont jamais cessé d’augmenter depuis 2015 passant de 122,6M€ à 146,2M€ en 2020. L’augmentation s’est poursuivie les deux années suivantes : 151,4M€ en 2021 et 155,5M€ en 2022. Et le rapport voté en assemblée plénière évalue le coût des nouvelles créations nettes de postes à 8,4M€. Ce qui représentera la plus grosse augmentation des charges de personnel de ces dernières année.
Le cabinet d’Huguette Bello assure cependant que cet accroissement des charges de personnel est mécanique car essentiellement le fruit des augmentations du point d’indice et de l’avancement des carrières de chaque agent.
En ce qui concerne le retour des embauches, la majorité actuelle se prévaut d’une gestion « à l’inverse » de celle de l’ancienne majorité. Les 195 postes créés correspondent en grande partie à des redéploiements en interne. Claudine Dupuis, la Directrice générale des services, a précisé lors de la plénière qu’il n’y avait en fait que 118 postes créés si on soustrait les promotions interne.
Les voyants budgétaires ont viré au vert
Ces 118 créations de 2023 ne compensent pas les 164 postes supprimés en 2021 et 2022, « l’effectif de la Région passe à 2828 agents cette année contre 2874 en 2020 soit 46 de moins », résume la Région qui vante ses « très bons ratios » et le « redressement total des comptes de la collectivité ».
De fait la Région souligne que les voyants budgétaires ont viré au vert. Son seuil d’endettement est passé de 11 années — ce qui relevait de l’inacceptable — à 6 années. La part de l’investissement est redevenue supérieure à celle du fonctionnement et la capacité d’épargne nette a presque doublé.
La collectivité se prévaut d’une réorganisation en profondeur de ses effectifs et de leur « stabilisation ». Mais les équilibres affichés aujourd’hui demeurent fragiles face aux menaces qui pèsent sur les recettes historiques que sont l’octroi de mer, dont la réforme est à l’étude, et la taxe sur les carburants qui devrait diminuer au fur et à mesure de l’électrification des voitures.
Franck Cellier
