[Bisik] Maloya power 100% Sin Benwa la savir anou !

LE CONCERT DE TIGER MALOYA ET TIFRID MALOYA RACONTÉ PAR LE BISIK

Vendredi 9 février, le Bisik proposait son premier concert de l’année après un lancement de saison en (K)ozé incroyable le 3 février dernier. Une soirée aux couleurs traditionnelles du maloya inspiré de Tifrid et Tiger Maloya. Une soirée 100% Sin Benwa, berceau du maloya, qui a accueilli plus de 150 spectateurs enflammés qui ont pu célébrer avant l’heure et avec passion le 10ème anniversaire de la disparition de Gramoun Lélé.

Premier concert 2024. On commence l’année au Bisik comme on l’a finie avec du Maloya. Et pas n’importe lequel. Une soirée maloya spécial Sin Benwa, berceau de cette tradition fer de lance de notre culture. Une soirée entrainée par deux groupes incroyables, deux générations d’artistes marqués au cœur qui ont partagé de magnifiques émotions, leur amour de la musique, leur talent, leur joie et leur bonne humeur… Tifrid et Tiger Maloya, un rendez-vous où l’ambiance était certes au rendez-vous mais bien plus encore. Une vibration et un echo d’énergies formidables !

Tandis que le public continuait à se presser à l’entrée du Bisik, ma soirée s’est ouverte à 20h15 et sous les étoiles exactement par la jeunesse effervescente incarnée par Tiger Maloya, qui a fait une entrée fracassante a capella depuis l’extérieur de la salle jusque sur la scène.

Dès son arrivée sous les projecteurs, le groupe, découvert lors de nos soirées (K)ozé, a déployé une énergie éblouissante et communicative, imprégnant instantanément la salle d’une ambiance électrisante. Leur performance a fait vibrer le public au son de titres tels que « Tizane » et « Cordeon » où Roan fait raisonner son accordéon diatonique pour notre plus grand bonheur. Ces héritiers du maloya bénédictin font résonner le souvenir d’un passé glorieux et l’enthousiasme d’un avenir radieux d’une musique bien vivante. Banna i fé ruji rouler, kayanm, sati et mém lakordéon an traditionnel. Roan Phileas et Raychad Phileas, petit-fils de Gramoun lélé, accompagnés de Dorian Phileas, Ruben Raynaud, Maylone Phileas, Maelys Phileas et Florent Itema, représentent fièrement la nouvelle génération du Maloya qui nous fait danser avec passion tout en touchant profondément nos âmes.

Les jeunes artistes se relaient au chant avec la même assurance et avec la même puissance vocale. Bana i mont zot gayar, refont revivre « Namouniman » zot Gramoun Lélé, légende du maloya dont on célèbrera cette année le dixième anniversaire de la disparition. « Dodo Siya », « Mazine », « Zalman », la joyeuses troupe alterne compositions et reprises enlevées et le public danse… la magie de ce ron maloya dan Bisik est au rendez-vous et on ne peut que constater que la relève est assurée. 

Le Maloya en héritage

Le temps d’un changement de plateau rondement mené et la soirée reprend avec Tifrid Maloya qui monte sur scène en solo pour raviver les braises en un instant d’une soirée véritablement enflammée. La température monte d’un cran quand Wilfrid Tugar dit “Tifrid” est rejoint par ses musiciens brûlants. Une entrée en scène fracassante en hommage encore et toujours à un de ses mentors, Gramoun Lélé qui aura décidément été bien présent pour notre plus grand plaisir toute cette soirée !

Il ne faut que quelques mesures pour que Tifrid captive le public et les entraîne à se rapprocher de la scène.

Tifrid rend hommage à ses musiciens avec « Gayar mizisien », il le dit, « in omaz i fé pa rienk kan lé mor, kan lé vivan osi ifo fé, mersi mon bann ». Le spectacle continue en douceur avec la chanson « Malbar », accompagnée des belles notes du narslon, instrument d’origine indienne qui va aiguiller le texte de Tifrid sous le talent de Laurent Valentin dit “Tommy ».

Un hommage aux traditions tamoules à la Réunion qui résonne dans les corps et les esprits des spectateurs avec passion. 

La température monte au fur et à mesure du concert avec « Malèr », une chanson qu’il a écrite en toute ironie pour les « mové zèy » ; « ou souèt amwin malèr, pran gard lo karma ». 

Le public n’en démord pas malgré la chaleur qui se fait sentir dans le Far Far du Bisik, la traditionnelle chanson « Flambo », achève de mettre le feu aux troupes. C’est le faya, le maloya et tout le public chante et danse à l’unisson.

Allan Iva, Bertrand Macatoua, Dylan Alcymedon, Tommy Valentin, Léon Peclet et Richelin Mahano porte le spectacle avec rigueur et enthousiasme. Passion et fougue.

Tien bo, larg pa

L’amour du maloya est porté par leur talent et leurs voix puissantes. L’harmonie est toujours juste et séduisante et avec le titre « Petsaka » le groupe nous entraîne plus loin encore, vers l’infini et au-delà.

Tifrid termine avec « De Lo » suivi d’un maloya traditionnel comme on les aime et fait danser toute la salle ensemble, ansanm, together…

« Maloya pli o, maloya pli loin ! Dousman tapé sa mèm nout force, Gayar mwin néna mwin na pwin, mon tousèl i koné mon mizèr”.

Mais le public ne s’en laisse pas conter et ne semble pas vouloir laisser partir les musiciens aussi facilement…

De rappels en rappels Tifrid poursuit son chemin et nous fait danser encore et encore sur la scène du Bisik tellement conviviale.

Impossible de terminer cette soirée 100% maloya sans être tous réunis, c’est alors que Tifrid fait monter Tiger Maloya sur la scène avec leur tonton Tinom (fils de Gramoun Lélé) mais aussi Frédérik Mayo et Katy Toave pour porter comme ils le disent « Maloya pli o maloya pli loin ».

Une fin de concert qui se termine en apothéose avec toutes ces voix du maloya qui s’accordent pour un feu d’artifice aux couleurs de nos traditions.

Un premier concert plus que réussi avec la puissance du maloya 100% Sin Benwa, que demander de mieux qu’un public aussi enthousiaste et des artistes aussi talentueux pour continuer à célébrer ce début d’année au Bisik qui travaille déjà sur la mise en place d’un Ron Maloya à Saint-Benoît avec l’ensemble des acteurs du secteur… Affaire à suivre…

Lucie Mazeau, Anyel Vellaye et Pascal Saint-Pierre

Régie : Alexandre Duchemann / Maeva Constante

Son : Vincent Gerbith

Lumières : Alexandre Jacquot

Photos : Iris Mardémoutou 

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