LIBRE EXPRESSION
À La Réunion, la « crise requin » a quinze ans… et l’État surfe toujours sur la même vague d’impuissance : arrêtés jamais appliqués, préfet spectateur, gendarmes figurants et surfeurs rois du spot. Dernière farce en date : une compétition annulée non pas à cause des squales, mais parce qu’une poignée de free-surfeurs ont décidé que La Gauche, c’était chez eux.
On connaissait déjà l’extrême « circonspection » (sic, le moins que l’on puisse dire) du préfet de la Réunion, à faire respecter, depuis 12 ans – le 26 juillet 2013 – son arrêté d’interdiction du surf en dehors des zones protégées et surveillées.
Une attitude ouvertement permissive déjà dénoncée en pleine « crise requin » par Zinfos 974 le 31 décembre 2018, sous le titre : « Ils surfent à Trois-Bassins, bravant l’interdiction. Que fait le Préfet ? » : « Si l’on est en droit de stigmatiser les surfeurs, on ne peut passer sous silence la mansuétude complice du Préfet.
On pond un arrêté, on publie un communiqué de temps en temps….Et rien !
Quand l’envie leur en prend, les gendarmes interviennent. Une fois tous les 36 du mois. Et sinon, les gendarmes passent tranquillement devant les différents spots, regardent les surfeurs réaliser leurs prouesses …. et passent leur route.
C’est un peu comme s’ils voyaient passer un chauffard complètement bourré au volant de sa voiture et lui faisaient un coucou au passage. En cas de nouveau drame, ce que personne ne souhaite, le Préfet portera une lourde responsabilité. Soit on prend un arrêté et on se donne les moyens de le faire appliquer, soit on ne fait rien et on laisse les surfeurs s’adonner à leur sport favori tranquillement.
Mais il n’y a rien de plus hypocrite que d’ouvrir le parapluie pour se prémunir de toute poursuite en cas de drame et ensuite de fermer les yeux. En attendant l’accident, que tout le monde sait inéluctable dans les conditions actuelles.
Quatre mois plus tard, le 9 mai 2019, un surfeur trouvait la mort dans un accident avec un requin sur le célèbre spot de La Gauche à Saint-Leu, malgré un « appel à la prudence » du préfet le même jour…..
Octobre 2025, près de 15 ans après le début de la fameuse « crise requin », les choses n’ont guère évolué : des surfeurs sont dans les vagues n’importe où, par n’importe quel temps et dans n’importe quelles conditions, et l’Etat – via le Centre Sécurité Requin présidé par le préfet – se contente toujours de publier des communiqués appelant à la prudence et « déconseillant » simplement le surf dans les zones interdites (sic)……
Surtout pas de vagues au sein de la Planète Surf pays !
On a connu aussi, abondamment, le « localisme » pays où des surfeurs locaux, notamment à l’Etang-Salé, à Trois Bassins et à Saint-Leu justement, se réservaient les spots et étaient réputés régler leurs comptes à coups de rétroviseurs ou pare-brise cassés, pneus crevés ou simplement insultes, menaces, voire coups de poing dans la g……
Ça vaut ce que ça vaut, mais un étudiant de master 2 a même sorti l’an dernier un mémoire d’université à ce sujet. Pour vous dire l’ambiance……
On arrive maintenant à 2025. Et la situation est franchement comique (cf. article du Quotidien du 29 septembre, en page sports, sous le titre : « La gauche des dissensions »).
La 2ème journée des championnats de surf de la Réunion a été purement et simplement annulée à 9h30 par la Ligue de Surf le dimanche 28 septembre parce que personne n’a été capable de faire sortir de l’eau une quinzaine de free-surfeurs.
Ni le vice-président de la ligue Robert Boulanger, ni la maréchaussée en charge de faire respecter l’interdiction du surf non surveillé, ni même notre brave Mylène Veminardi, conseillère municipale de Saint-Leu chargée de la réglementation et dont nous avons déjà souligné l’incompétence en matière scientifique.
En clair, les surfeurs à l’eau (probablement des non licenciés) ont gentiment fait un bras d’honneur à tout ce beau monde en leur signifiant en gros : « Dehors les étrangers : c’est NOTRE spot »……
Inutile de vous dire que les noms d’oiseaux vont bon train sur les pages Facebook des groupies du surf local, partisans revendiqués du massacre de nos requins tigres et bouledogues.
Allez donc comprendre…….
Association Vagues
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