Médiathèque Anne Mousse à Sainte-Marie

[Chronique dans le noir] La médiathèque de Sainte-Marie prend le nom d’Anne Mousse

UN ESPACE DÉDIÉ AUX DÉFICIENTS VISUELS

En 1996 Première médiathèque accessible aux non-voyants ouvrait ses portes à Sainte-Marie. En septembre dernier elle a pris le nom de la mère de tous les Réunionnais : Anne Mousse. Son portrait, en relief, permet aux mal et non voyants de la découvrir par le toucher.

La médiathèque Anne Mousse de Sainte-Marie, située à Sainte-Marie, La Réunion, joue un rôle essentiel dans la promotion de la lecture publique et de la culture. Avant d’explorer son histoire, permettez-moi de vous présenter brièvement la commune de Sainte-Marie.

Histoire de Sainte-Marie

Sainte-Marie est nichée au cœur du Beau Pays, vanté par les douze exilés entre 1646 et 1649, et consigné administrativement dans le mémoire d’Étienne REGNAULT, premier commandant-gouverneur de l’île de 1665 à 1674. 

Son climat doux, alimenté par les alizés du Sud-Est, ainsi que l’abondance d’eau superficielle et la fertilité des sols ont encouragé l’implantation humaine depuis les débuts de la colonisation. La ville s’étend des plages de galets basaltiques jusqu’aux Hauts, offrant un contraste entre modernité et tradition.

L’empreinte religieuse est profondément ancrée dans l’espace et l’histoire de Sainte-Marie. Les armoiries de la ville, la toponymie, les édifices religieux et les festivités populaires témoignent de cette influence. Faiblement peuplée en raison de son histoire agricole, Sainte-Marie est pourtant équipée de manière dynamique, avec son aéroport, son port et son centre d’affaires.

350 ans d’histoire

L’histoire de Sainte-Marie commence par un naufrage de pirates en 1667, une prière à la Vierge et un miracle. Elle se poursuit sur les terres Des bassins à la Rivière des Pluies, avec une histoire de chiens poursuivant un petit Noir et un autre miracle attribué à la Vierge. Mais Sainte-Marie est aussi le berceau du métissage réunionnais. 

Dans le groupe de Louis Payen, débarquant du Saint-Charles en novembre 1663 à Saint-Paul, se trouvaient Marie-Caze et Jean Mousse. Le couple s’installe dans le Beau Pays, loin des querelles de Saint-Paul. 

Anne Mousse, née le 14 avril 1668, deviendra la première Réunionnaise et l’une des deux grands-mères de tous les Réunionnais. Elle épouse Noël Tessier, originaire de Vannes, et ensemble, ils fondent une famille qui façonnera la population de l’île et en fera le berceau de la créolité.

Histoire de la médiathèque

  • Médiathèque Anne Mousse à Sainte-Marie
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  • Médiathèque Anne Mousse à Sainte-Marie

Depuis son ouverture en 1996, la médiathèque de Sainte-Marie brille par son originalité et offre actuellement, des services répartis sur une superficie de près de 4000 m2 aux usagers. Seule structure à avoir un espace dédié, constitué de documents accessibles aux déficients visuels, elle peut se targuer de posséder un Centre de transcription Braille. Après moult réflexions, la collectivité décide de la nommer.

Le 16 septembre 2023, elle devient la Médiathèque Anne Mousse ; inaugurée par Richard Nirlo, maire de Sainte-Marie, en présence de d’Olivette Taoumbé, adjointe déléguée au Patrimoine Culturel et Monuments Historiques, déléguée aux Affaires Culturelles de Sainte-Marie et de Prosper Eve, professeur d’histoire Moderne, Professeur Émérite de l’Université de la Réunion.

L’équipe de la médiathèque ne déroge pas à la règle du « faire autrement » et présente le personnage Anne Mousse, de taille humaine, avec le visage en relief, afin que mal et non-voyants puissent la découvrir.

Anne Mousse, née en 1668, est la première Réunionnaise. La famille s’est installée à Saint-Denis, puis à Sainte-Marie. A 19 ans, elle fait preuve de courage en épousant Noël Tessier, un colon français car elle brave l’ordonnance interdisant le mariage inter-ethnique. Elle donne naissance à 8 enfants métissés, 6 filles et 2 garçons. Installée dans la grande propriété familiale à Sainte-Marie, Anne mène une vie aisée. Elle perd son mari à 33 ans et c’est à l’âge de 54 ans qu’elle épouse, en seconde-noce Dominique Ferrere, de 20 ans son cadet. Elle a combattu avec détermination les gouvernants. Elle a fait don de ses terres pour créer la paroisse de Sainte-Marie, édifier une église, un cimetière et une maison curiale.

La grand-mère de beaucoup de Réunionnais meurt le 17 mars 1733, à Sainte-Marie. Elle restera un exemple pour tous les Réunionnais.

Jean-Philippe Sevagamy

La médiathèque Anne MOUSSE a le plaisir de vous accueillir les lundis de 13h à 17h, les mardis – mercredis – vendredis de 10 h à 18 h et les samedis de 9 h à 17h. 

« Espace autrement lu » pour DV

Depuis son ouverture, beaucoup de personnes déficientes-visuelles fréquentent la section espace « autrement lu » étant donné que c’est le seul lieu accessible pour nous. 

 Le tracé d’une bande de guidage au sol nous permet à nous non-voyants ou malvoyants munis de la canne blanche de nous déplacer jusqu’à l’intérieur des locaux.  

Des livres et de la documentation en gros caractère sont mis à la disposition des malvoyants. Nous avons également accès à des livres en braille ou en audio. Nous les réservons auprès de la responsable de la section Marie-Pierre Damour pour ensuite les amener chez nous. 

Il est possible de se faire livrer à domicile par la poste vu que tout est gratuit grâce au Cécogramme, un système de franchise postale pour non-voyants.      

Le Braille perd sa valeur avec internet car beaucoup de personnes en perdant la vue tardivement préfèrent télécharger un livre en audio sur des sites bien connus de certaines associations. 

Mais la médiathèque Anne Mousse sera toujours là pour nous, déficients-visuels, car l’espace « autrement lu » est notre point de rendez-vous amical et associatif. Un moyen pour nous de nous retrouver, de pouvoir échanger, partager nos connaissances et notre savoir expérientiel…

J.-P. S

A propos de l'auteur

Jean-Philippe Sevagamy | Reporter citoyen

Jean-Philippe Sévagamy est non-voyant et membre actif de l'Association Valentin Haüy. Il surmonte son handicap en portant de multiples projets au profit des déficients visuels (DV). Il raconte comment « vivre dans le noir » pour les lecteurs de Parallèle Sud.

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