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[Chronique] En forme olympique

N’AYONS PAS PEUR DES MOTS

Lu sur Outre-mer la 1ère : « À 365 jours des jeux de Paris 2024, Donavan Grondin ne sait pas s’il pourra défendre ses chances sur sa discipline fétiche lors de l’Olympiade parisienne. »

En créant les Jeux olympiques de l’ère moderne en 1894, Pierre de Coubertin n’imaginait sans doute pas allumer la flamme d’une bataille acharnée sur fond de sémantique. Voilà en effet 130 ans que défenseurs de l’orthodoxie et modernistes du bien-parler s’affrontent autour du sens du mot « olympiade ». Les premiers, avec Jean Girodet comme porte-drapeau, restent fermement accrochés à la définition préconisée par l’Académie : « période de quatre ans qui sépare deux Jeux olympiques ». Les seconds, conduits par le trio Hanse-Robert-Littré, ont fait d’ « olympiades » (au pluriel) un synonyme de Jeux olympiques, sans pour autant siffler hors-Jeux le sens originel. Sagement assis dans les tribunes, Grevisse observe les débats.  
Mais voilà qu’Alain Rey nous invite à penser que dans l’histoire, les iconoclastes ne sont peut-être pas ceux que l’on croit. Dans son Dictionnaire historique de la langue française, le regretté patriarche de la maison Robert rappelle qu’emprunté au latin olympias,- adis, « olympiade » désignait à l’origine tout aussi bien la « célébration des Jeux olympiques » que « la période de quatre ans qui sépare deux célébrations ». 

Il n’y aurait donc aucune honte à parler d’olympiade(s) pour désigner les ébats sportifs qui débuteront le 26 juillet 2024 dans notre belle capitale. Faut-il pour autant user du terme à toutes les sauces ? Je n’en suis pas sûr, même si certains organisateurs d’événements affichent déjà une forme olympique : « olympiades des notaires du Gard », « olympiades culturelles du Vexin », « olympiades du coaching éthique », « olympiades de la rigolade à Dourges », « olympiades de l’Etoile Sportive des Cheminots de Longumeau » et mes préférées, les « olympiades inter-Ehpad de Lanmeur », auxquelles je souhaite évidemment longue vie. 

K. Pello

Pour poursuivre le voyage dans le labyrinthe de la langue française, consultez le blog : N’ayons pas peur des mots.

A propos de l'auteur

K Pello

Passionné de syntaxe, de vocabulaire précieux et d'histoire, K.Pello est un dévoreur de phrases qui peut passer pour un sacré pinailleur.