Guy Huet agriculteur bio

[Chronique] La bio… diversité de la langue

N’AYONS PAS PEUR DES MOTS

Faisons court ! Aujourd’hui, je vais évoquer l’épineux cas de l’apocope « bio ». D’abord, une apocope, quésaco ? Le « retranchement d’un son, d’une ou de plusieurs syllabes à la fin d’un mot », nous dit l’Académie. Si vous l’ignoriez, ce dont je doute, sachez que la même opération en début de mot se nomme une aphérèse, du latin aphaeresis et du grec aphairesis (« action d’enlever »). Enfin, le fait — beaucoup plus rare et périlleux – de supprimer une lettre ou une syllabe au milieu d’un mot (« gaité » pour « gaieté », par exemple) est une syncope, rien à voir bien entendu avec l’action malheureuse de tomber dans les pommes, des pommes bios, cela va sans dire.

Bios ou bio ? La question est un champ de bataille sur lequel les linguistes s’affrontent avec vigueur depuis que cet adjectif très tendance a semé sa graine dans notre culture langagière. Larousse l’accorde au pluriel. Mais Robert n’est pas d’accord. Il a pour alliées plusieurs grosses légumes de la presse nationale (Le Monde, Le Parisien, Libération). L’usage, lui, est divisé. En allant fouiner sur les étals de l’information numérique, j’ai trouvé 5 360 « légumes bios » pour 3 140 « légumes bio ». Ça doit être cela que l’on appelle la biodiversité de la langue.

K. Pello

Pour poursuivre le voyage dans le labyrinthe de la langue française, consultez le blog : N’ayons pas peur des mots

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Kozé libre

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