Frédéric Paulus

De la biologiste et embryologiste Rosine Chandebois au psychanalyste C. Gustav Jung

LIBRE EXPRESSION

Sur notre planète terre, trois quarts de ses habitants croient en un dieu ou à des incarnations qui ont été déifiées. Ces phénomènes de croyance ou de représentations seraient-ils des illusions ?

Le défi qui nous attend serait de pouvoir réunir les travaux de Rosine Chandebois – qui ne cache pas son questionnement que l’on pourrait qualifier de « chrétien » – et ceux de Carl Gustav Jung – ce grand psychanalyste dont le grand public aura qualifié sa psychologie de « spiritualiste ».

Progressivement l’on comprendra le choix de ces deux auteurs qui me semblent complémentaires pour une approche satisfaisante du vivant humain.

Je m’excuse par avance de mes limites exploratrices en documentation, par contre je présente mon bonheur d’avoir rencontré ces deux auteurs qui n’auront pas occulté le fait objectif du phénomène des croyances religieuses. Cette distinction parmi des chercheurs mérite d’être saluée car elle devrait, à terme, offrir un panorama cognitif qui pourrait nous rendre plus ouverts, plus tolérants, plus à l’écoute face aux différentes façons d’être au monde.

De nombreux travaux de chercheurs viendront se greffer, pour n’en citer que quelques-uns au risque d’en oublier. Ainsi, Lynn Margulis nous renseigne sur les processus symbiotiques des particules élémentaires jusqu’aux micros organismes qui se rassemblent en une association réciproquement bénéfique.

Inévitablement Jean-Baptiste de Lamarck sera cité, précédant Charles Darwin, son aîné de cinquante ans. Ainsi Rosine Chandebois contribue-t-elle à lever l’obstacle épistémologique véhiculé par le grand observateur de la nature que fut Darwin ; dont elle reconnaît les mérites tout en déplorant l’exacerbation idéologique que l’Occident lui aura réservée dans un contexte de laïcisation radicale de la pensée.

En 1820, Lamarck publie : « Système analytique des connaissances positives de l’homme » dans lequel il traite de la perte du lien avec la nature, de la dégradation de celle-ci, du conflit entre raison et instinct : « Que d’anticipations judicieuses !», dira André Langeney.

Cette « perte de lien avec la nature », l’on en prend conscience avec l’ouvrage: « L’animal médecin » (2023) lorsque Florence Brunois-Pasina (l’une des dix contributeurs de l’ouvrage) nous dit : « L’étude des relations entre éleveurs et animaux pourrait apporter les éclairages nécessaires à une meilleure surveillance des maladies et à leur traitement afin de (re)construire la pharmacopée vétérinaire locale, en prenant en compte les savoirs scientifiques vétérinaires, les savoirs locaux et les savoirs possédés par les animaux capables d’automédication ».

Quel saut pourrait nous amener à une psychologie des « profondeurs » de « l’âme humaine » en l’inscrivant dans le règne animal dont nous serions issus ?

Nous évoquerons, même si cela devait être une énumération de ces philosophes qui ont tenté d’intégrer, ou d’exclure, un « Dieu créateur », pour enfin proposer une articulation du phénomène de la foi comme s’efforce de la présenter Chandebois avec l’œuvre du psychanalyste Jung.

On rappellera que Jung était fils de pasteur. Ce psychanalyste et auteur d’une œuvre monumentale nous offre un panorama d’arguments selon lesquels l’âme humaine serait « religieuse » sans certitude dogmatique sur la réalité objective de Dieu.

Au moment de conclure ce billet la chaîne d’information LCI rapporte le cas du témoignage de cette ukrainienne d’Odessa, visiblement russophile, remerciant Poutine « comme envoyé de son Dieu ». Les croyances porteraient le meilleur comme le pire.

Si des croyants devaient prendre connaissance de ces œuvres jungiennes et de Rosine CHANDEBOIS,, ils ne devraient pas ressentir le jugement de leur foi comme une illusion à condition que celle-ci ne fonctionne comme une seconde nature faisant obstacle à tout libre arbitre.

A bientôt cher lecteur.

Frédéric Paulus

Animateur du CEVOI à La Réunion

Expert Extérieur Haut Conseil de Santé Publique.

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