Œuvre de l'artiste Jaeraymie sur les affiches électorales des candidats Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

[Edito] On est très très loin du monde dans lequel je souhaite vivre 

POLITIQUE

C’est quoi le vote contre ?

J’aimerais bien que tous ceux qui se sont empressés à appeler à voter Macron au second tour me répondent. Jadot, Hidalgo, Roussel…

Une fois que le bulletin est dans l’urne, lors du dépouillement, il n’y a pas écrit derrière certains bulletins « vote écolo, vote à demi » ou « vote mélenchonniste compte à moitié ». Une fois que le bulletin est dans l’urne, il compte comme tout autre bulletin. Non ??

D’ailleurs, on se rappelle de 2002 où Chirac était passé de 19% au premier tour à 82% au deuxième face à Jean-Marie Le Pen.

C’est trop facile, le vainqueur parvient d’un coup de baguette à doubler ou tripler son score du premier tour.

Stratégie du vote contre

Ce n’est pas si compliqué de se faire élire, en fait. Il suffit d’avoir toujours en permanence quelqu’un de plus extrême que le candidat en question ou quelqu’un dont l’image est jugée plus extrême. Et hop, ça rend le premier plus propre et ça lui permet dans les urnes de défendre la démocratie.

Une stratégie du vote contre. Qu’on peut mettre en place dès le premier tour d’ailleurs. Un Le Pen non loin de Macron, un Zemmour à côté de Le Pen…

Mais dans cet appel à voter contre, il y a une simplification de la pensée. Comme si on était obligé de choisir. Macron ou Le Pen ?

Finalement Mélenchon, Lassalle, Arthaud sont bien les seuls à être restés fidèles à leur positionnement, à leur engagement. On ne peut pas se porter candidat et puis virer de bord pour le second tour, en appelant à voter Macron. Quelle crédibilité vis-à-vis du message porté ?

Le vainqueur n’aura pas ma voix

Je le dis direct, le vainqueur quel qu’il soit n’aura pas ma voix.

On assiste à un remake caricaturé de 2017. Sauf que cette fois, Marine Le Pen a quand même une possibilité de l’emporter… J’y ai cru à cette stratégie du vote contre à cette époque. Macron, au visage frais et jeune, était encore plein de promesses. Aujourd’hui, le mystère est levé, tout semble très clair dans ses intentions, mais les électeurs en redemandent.

Est-ce que cela ne relèverait pas même d’une forme de syndrome de Stockholm, qui fait des victimes qu’elles éprouvent de l’empathie pour leur bourreau ?

Comment pourrait-on encore accorder à Macron le crédit d’être le seul à pouvoir protéger la démocratie ? Après les 5 ans qu’on vient de passer ?

Les mots vitreux du président candidat masquent à peine les réalités qu’il a participé à façonner ou qu’il a renforcées lors de son premier mandat. Des mots creux, des mots vides.

Des mots qui sonnent faux

On est capable d’écouter ce qu’il y a derrière les mots. Il suffit d’être attentif à notre ressenti, comment réagit notre corps. Et on comprend que ça sonne faux, ça s’appelle la rhétorique. Les mots sont un outil. Mais il y a les mots et les actes. Que reste-t-il dans la mémoire de ses actes ?

Je me souviens

Sans rire, aujourd’hui, on nous demande de choisir entre l’extrême droite et l’ultra libéralisme ! C’est ça la France de 2022 ? Ça me donne des frissons, brr.

Malgré des discours polissés et la tentative de Marine Le Pen de s’adresser à toutes les réserves de voix possibles et toutes les tendances de la société : de Zemmour, aux gilets jaunes en passant par les électeurs écolos. On ne peut pas oublier d’où vient Le Pen, d’où vient son parti.

Désarroi de la jeunesse

Et attendre une révolution de la population dans la rue grâce à une élection de Marine Le Pen est quand même très dangereux et bancale quand on sait que les révolutions, ça n’arrive pas tous les jours.

Je ne sais pas pour vous, mais de mon côté, on est très très loin du monde dans lequel je souhaite vivre, élever mes enfants. Les jeunes dans plusieurs universités en France ont d’ailleurs décidé d’occuper les lieux parce qu’ils ne se sentent pas représentés. Je partage le désarroi de la jeunesse qui n’est pas prise en compte.

J’ai 31 ans et il est urgent que les élus politiques au niveau local et au niveau national prennent en compte les urgences de notre époque, ça accélérerait les choses. Qu’ils utilisent les outils qu’ils ont pour :

Le maintien d’un pouvoir d’achat suffisant pour assurer la satisfaction des besoins primordiaux et une sérénité d’esprit à tout le monde.

Le soin et le bien-être des personnes qui pour la plupart souffrent sous différentes formes et à différentes intensités de : burn out, dépressions, dévalorisations, sentiment d’impuissance, culpabilisation, schémas de domination. Le mal-être est généralisé et il est urgent de s’en rendre compte.

  • Œuvre de l'artiste Jaeraymie sur les affiches électorales des candidats Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
  • Œuvre de l'artiste Jaeraymie sur les affiches électorales des candidats Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
  • Œuvre de l'artiste Jaeraymie sur les affiches électorales des candidats Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

La vie démocratique ne se résume pas au vote

La façon dont nous nous considérons, dont nous nous traitons collectivement est un bon marqueur à mon sens de la société dans laquelle nous vivons. Et là, nous ne parlons même pas de l’état dans lequel nous avons mis la Terre, notre Terre, la seule que nous avons et toute sa biodiversité.

Nous avons oublié d’où nous venons, nous avons oublié que nous aussi nous venons du ventre de la terre. Que nous sommes ses enfants. Que nous avons besoin d’elle. De prendre soin d’elle comme elle seule prend soin de nous.

Nous ne pouvons pas renoncer, nous n’avons pas le droit, pas la possibilité de nous estimer vaincus simplement parce qu’un candidat n’est pas passé, qu’un autre a pris sa place. Cette reconnexion à notre humanité se fait au quotidien. Chaque jour.

Il serait trompeur de croire que la vie démocratique se résume au vote.

Agir en cohérence

Et finalement, ce que nous pointons du doigt à l’extérieur nous ramène à nous. Attend-t-on toujours que le changement vienne d’en haut ? Des autres ? On nous l’a tellement promis, combien de temps peut-on attendre ainsi ?

Je suis responsable de mes actions, de ce que j’entreprends.

Je suis responsable de mes paroles.

Je suis responsable de ce dont je nourris mon être

Je peux agir en cohérence avec qui je suis

Vote blanc ou abstention ?

Et donc je peux agir sur mon état d’être, indépendamment de ce qu’il se passe à l’extérieur.

Ça semble paradoxal ? Et pourtant. Observez comme la manière dont nous percevons les choses impacte notre manière de les vivre.

Si je suis cohérente avec moi-même, il me reste deux choix pour cet acte de la vie démocratique : le vote blanc ou l’abstention. Et tous les autres jours de l’année pour mettre en œuvre des actes concrets dans ma vie quotidienne, petit à petit. Créer, innover et me projeter dès à présent dans le monde de demain qui m’appelle. C’est ainsi qu’on commence à le rendre réel.

Merci aux artistes de nous montrer le chemin 🌟 Ici une œuvre de Jaeraymie.

Jéromine Santo-Gammaire

A propos de l'auteur

Jéromine Santo Gammaire | Journaliste

En quête d’un journalisme plus humain et plus inspirant, Jéromine Santo-Gammaire décide en 2020 de créer un média indépendant, Parallèle Sud. Auparavant, elle a travaillé comme journaliste dans différentes publications en ligne puis pendant près de quatre ans au Quotidien de La Réunion. Elle entend désormais mettre en avant les actions de Réunionnais pour un monde résilient, respectueux de tous les écosystèmes. Elle voit le journalisme comme un outil collectif pour aider à construire la société de demain et à trouver des solutions durables.