port Est chargement containers déchets dangereux

[Environnement] Les déchets prennent la mer

ÉTAT ET RÉGION AFFRÈTENT UN NAVIRE

Quoi faire des déchets dangereux? Faute de pouvoir les traiter sur place, on les exporte. Mais il n’est pas si facile de trouver un bateau qui les accepte.

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Chargement des containers de déchets dangereux (photos PhN).

« L’insularité a son charme, mais aussi ses problèmes », remarque Vassili Czorny, adjoint au secrétaire général pour les affaires régionales auprès du préfet de la région Réunion. Le traitement des déchets en est un. Depuis le Covid, les déchets s’accumulent. En tout cas les déchets dits « dangereux ». Depuis le Covid, les routes maritimes sont désorganisées, et les porte-containers en partance négligent les produits qu’il faut évacuer pour les traiter dans de bonnes conditions. C’est ainsi que nos déchetteries refusent depuis des mois les piles, les huiles de vidange, ou les batteries que l’on retrouve du coup en nombre au bord des chemins. Pour les professionnels, il en est de même et on leur demande de garder les déchets chez eux, les sites de stockage étant saturés depuis longtemps.

Au vu de cette situation inextricable, la Région et l’Etat ont pris les choses en main et affrété un cargo pour envoyer le stock en France hexagonale, au Havre, où ces déchets seront traités. Deux cent vingt deux containers ont été chargés au Port, en plus des vingt-trois embarqués à Mayotte. Soit cinq mille tonnes d’huiles de vidange et de filtres usagés, de boues hydrocarburées, de plomb et de verre plombé, de batteries et de piles, de terres souillées… plus quelques déchets qui sortent de la catégorie dangereux comme des panneaux photovoltaïques, des tonners d’imprimantes, etc.

Casse-tête

L’opération coûte 2,6 millions d’euros. Et les acteurs de cet affrètement espèrent qu’il n’y en aura pas d’autres, que les choses vont pouvoir reprendre leur cours normal. Le bateau de la compagnie Mer Union doit quitter le port de la Pointe-des-Galets ce week-end pour le Havre, sans escale, en faisant le tour de l’Afrique.

Car c’est du côté des escales que le bât blesse. « Il y a une vingtaine de types de déchets dangereux avec dix-sept autorisations différentes (« seulement » sept avant le Covid) pour chaque type de déchet. Tout ça pour chaque port et chaque pays traversé. Parfois, le temps d’avoir une autorisation, l’autre arrive à expiration », relate  Vassili Czorny. On imagine le casse-tête pour des cargos qui chargent et déchargent leurs containers de port en port.

Pour autant, il faudra bien que les entreprises en charge de la gestion des filière à déchets REP (Responsabilité élargie du producteur) reprennent le cours normal de leurs activités. C’est pour ça qu’on paye, sur chaque produit acheté, une taxe de recyclage. Comme ça, on pourra à nouveau déposer nos piles usagées là où c’est prévu.

Philippe Nanpon

A propos de l'auteur

Philippe Nanpon | Journaliste

Déménageur, béqueur d'clé dans le bâtiment, chauffeur de presse, pompiste, clown publicitaire à roller, après avoir suivi des études d’agriculture, puis journaliste depuis un tiers de siècle, Philippe Nanpon est également épris de culture, d’écologie et de bonne humeur. Il a rejoint l’équipe de Parallèle Sud pour partager à la fois son regard sur La Réunion et son engagement pour une société plus juste et équitable.