église de marla - mafate

[MAFATE] La petite cure de la Nouvelle et autres oratoires

ÉPISODE 28 — RELIGION

« C’est quand même le travail de beaucoup d’années, le travail de… » Le sociologue Arnold Jaccoud sourit sans finir sa phrase. Mais c’est bien « le travail d’une vie » qu’il partage avec les lecteurs de Parallèle Sud. Pour ce 28e épisode, après s’être intéressé à la christianisation du cirque, et particulièrement à la paroisse de Notre-Dame de Lourdes, il présente d’autres chapelles, édifices religieux, oratoires, statues de Notre-Dame la vierge Marie, ou de simples croix de chemin qui ont été choisies parmi beaucoup d’autres tout à fait subjectivement.

La « petite cure » de La Nouvelle

C’est le petit bâtiment couvert de bardeaux, juste à côté de l’église

• Le 9 janvier 1881, bénédiction solennelle à La Nouvelle du premier sanctuaire dédié à l’Archange St Michel, par le curé Antoine Andrieu. (L’église paroissiale se trouve, elle, d’abord implantée à Bloc, Mafatte étant trop exposé aux cyclones et aux éboulis, affirme l’abbé Andrieu).

Eglise de la Nouvelle Mafate
Eglise de la Nouvelle à Mafate.

La construction a bien sûr été restaurée à plusieurs reprises. Ce qu’on sait, c’est que la charpente actuelle provient en partie de la sacristie de l’église de Mafate-les-Eaux, démantelée en 1926, si l’on en juge les propos évoqués notamment par Marcelin Thiburce dans les Actes du premier Colloque de Mafate en 1983

Sur l’« Etat des Lieux et propositions d’aménagement » (1993 – ONF & CAH), on lit :

fac simile église la nouvelle mafate

faîtière église de la nouvelle mafate
Selon Bernard BEGUE, le doyen de La Nouvelle, les poutres anciennes, notamment la faîtière, au cœur de l’ensemble, proviennent de la charpente « dégrénée », transportée depuis Mafate-les-Eaux en 1926.

La cloche de l’église de La Nouvelle

La Nouvelle a fêté en 2006 les trente ans de son église construite en 1976.

La cloche, elle, coulée en 1965, a été hissée en juillet 1982, sur son châssis construit en Petit Natte par l’ONF.(Info. Du JIR du 13 juillet 1982) 

fac simile Jir cloche église de la nouvelle mafate

Marla • L’oratoire consacré à Marie et Joseph

Situé juste à côté de la case d’Expédit Hoareau, c’est sûrement le plus bel oratoire du cirque. Il le doit notamment à un environnement floral éclatant. Les photos suffisent à le présenter avec éloquence…

Marla • L’oratoire consacré à Marie et Joseph

L’église de Marla

On trouve une multitude de photos de la modeste église de Marla, avec, en dépit de ses réfections successives, la croix toujours un peu de travers sur son pignon. Sur le chemin qui les conduit vers la Nouvelle ou le col des Bœuf, les randonneurs ignorent les réclamations de la fin du 19ème siècle, formulées par quelques-uns des habitants pour que la population du haut de Mafate (à l’époque 1500 personnes entre Marla – Roche Plate – Plaine aux Sables et La Nouvelle) puisse bénéficier d’un lieu de culte à la hauteur de sa piété…

église de marla - mafate

• Lors de mes séjours à Marla, j’ai souvent entendu les paroissiens souhaiter que cette église qu’ils estimaient vieillotte et rudimentaire soit remplacée par une autre plus « moderne » !

• Cependant l’intérieur, simple et constamment fleuri m’a toujours été accueillant !

On a retrouvé dans les archives de l’évêché une supplique d’habitants de Marla datée du 6 mai 1880 et adressée à l’évêque de l’époque, Mgr Dominique Clément Soulé. Elle est signée par J.E. RICQUEBOURG, Aimé ELISABETH et Théogène LEBEAUD. 

Dans ce courrier, les signataires se plaignent 

• D’une souffrance collective due à l’absence d’une chapelle et d’un cimetière destinés aux localités de ce territoire habité

• De l’éloignement et de l’inaccessibilité des lieux de cultes qui leur permettraient d’accomplir leurs devoirs religieux

• Par suite de cette absence, d’un réel danger pour l’avenir des enfants et d’un mal considérable pour toute la population démunie de toute consolation face à la mort « Une main amie pour les consoler et une main sacrée pour les bénir ».

Il faut préciser qu’une quinzaine d’années auparavant, c’est à Mafatte qu’avait été édifiée l’église…

Sur le sentier des Orangers aux Lataniers

Les sentiers de Mafate sont parsemés de ces vierges et de ces croix dont les habitants des îlets recherchent la protection, tout en les remerciant simultanément de la leur accorder.

Ravine (Grand-mère) – les Orangers les Hts – Concession de Paul MELADE

Un simple triangle de contreplaqué, protégé par un tissu amarré avec des galets et abritant la statue…
Elle est située formellement dans le secteur des Orangers les Hauts, en fait sur le sentier de la Ravine Grand-Mère, à mi-chemin entre les Orangers et la Brèche (le Petit col), à proximité du cimetière des Orangers. Elle marque l’entrée de la concession d’Honoré LOUISE, gramoun de miel, acquise après son décès par Paul MELADE.

Concentration de signes de piété  au plus haut point des Orangers

Sommet du sentier des Orangers les Hauts, 2 croix de bois peint en blanc, l’une porte un crucifix. – À proximité, un petit oratoire en bois et tôle, abondamment fleuri de roses artificielles…

Sur la descente de la ravine des Orangers vers les Lataniers.

Dans une anfractuosité naturelle aménagée dans la roche, on trouve une chapelle agrémentée d’une croix « très artisanale », entourée de gerbes de fleurs impressionnantes. À ma connaissance c’est un des rares oratoires utilisant simplement une cavité naturelle.

Les Lataniers

Les Lataniers, c’est un îlet habité par des fidèles d’une communauté issue du protestantisme. Et cependant, les signes d’une foi catholique ne sont pas absents des sentiers qui permettent d’y accéder.

À l’entrée de l’îlet, sur le sentier qui descend des Orangers, un crucifix en carrelage émaillé noir avec personnage du Christ en croix. Il a été récemment déplacé et restauré. Objet religieux original à Mafate, excepté dans les cimetières. (à gauche)
Au bas des Lataniers, au croisement du sentier de la RdG, du sentier de détournement vers les Orangers et du sentier direct vers les Lataniers, un oratoire récemment maçonné, avec une toute petite vierge émouvante dans un environnement de bouteilles plastiques et de fleurs desséchées. (à droite)

Le poste forestier de Grand Place Cayenne

Petit oratoire en métal, scellé dans le mur de l’ancien Poste forestier, sur le sentier Rivière des Galets –  Cayenne.

Cet objet, d’une simplicité « évangélique », découpé dans un « fer blanc », semblait abandonné. En août 2010, il a été trouvé repeint en blanc et décoré, une vierge ajoutée. Si la peinture qui lui a été apposée n’ajoute pas grand chose à son esthétique, elle signifie tout de même que quelqu’un en a fait l’objet de sa ferveur.…

Juste à côté à un mètre, un logement vide a dû recevoir naguère un oratoire pratiquement de mêmes formes et de dimensions légèrement plus amples

Arnold Jaccoud

A propos de l'auteur

Arnold Jaccoud | Reporter citoyen

« J’agis généralement dans le domaine de la psychologie sociale. Chercheur, intervenant de terrain, , formateur en matière de communication sociale, de ressources humaines et de processus collectifs, conférencier, j’ai toujours tenté de privilégier une approche systémique et transdisciplinaire du développement humain.

J’écris également des chroniques et des romans dédiés à l’observation des fonctionnements de notre société.

Conscient des frustrations éprouvées, pendant 3 dizaines d’années, dans mes tentatives de collaborer à de réelles transformations sociales, j’ai été contraint d’en prendre mon parti. « Lorsqu’on a la certitude de pouvoir changer les choses par l’engagement et l’action, on agit. Quand vient le moment de la prise de conscience et qu’on s’aperçoit de la vanité de tout ça, alors… on écrit des romans ».

Ce que je fais est évidemment dépourvu de toute prétention ! Les vers de Rostand me guident : » N’écrire jamais rien qui de soi ne sortît – Et modeste d’ailleurs, se dire : mon petit – Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles – Si c’est dans ton jardin à toi que tu les cueilles ! » … « Bref, dédaignant d’être le lierre parasite – Lors même qu’on n’est pas le chêne ou le tilleul – Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul ! » (Cyrano de Bergerac – Acte II – scène VIII) »
Arnold Jaccoud