© Olivier Ceccaldi

Garanti 100% Kreol, un fonnkèr en noir et blanc

CRITIQUE

Garanti 100% Kreol, kosa il é ? Au départ, quand je prends ma place pour le film, je n’ai aucune idée de ce que je vais voir. Je m’attends à un film créole, à 100% mais je me demande encore ce que me réserve l’histoire. Avant la diffusion, Laurent Pantaléon, réalisateur et zarboutan du cinéma réunionnais, nous plonge dans l’ambiance en déversant un fonnkér qui apaise.

Puis tout d’un coup, le film démarre, écran noir, un cri perce le silence de la salle. Un son qui dérange, qui met presque mal à l’aise tant il semble durer une éternité. Puis vient l’image. Pas une image qui bouge mais une photo, puis une autre. Les images sont brutes, parfois floues, pleines de grain. Elles nous emmènent directement dans ce monde où communiquent les esprits. Un domaine de l’indicible, celui des cérémonies malbar, des servis kabaré.

Laurent Pantaléon nous captive tout au long de ce film-documentaire dans lequel il n’apparait jamais mais où l’on devine sa présence à travers sa voix lorsqu’il s’adresse aux différents interlocuteurs. Ce film se retrouve dans un entre deux car c’est à la fois une œuvre cinématographique avec ces images en noir et blanc qui nous prennent aux tripes, nous attirent à elle mais c’est aussi une œuvre documentaire avec ces interviews filmées. On retrouve ici, sous une forme différente, la même volonté que dans son précédent film, Santyé Papangèr, celle de montrer vraie la vie des Réunionnais. On sent à travers ce nouveau film, l’envie pour Pantaléon d’affirmer encore et toujours son identité 100% créole, loin des clichés d’une île qui sentirais la banane, la vanille et le cumin.

Un film comme Garanti 100% Kreol, c’est surement une œuvre qui restera intemporelle tant elle fait un pas de côté par rapport aux codes de l’époque qui jouent sur la multiplicité des images par seconde là où le film de Laurent Pantaléon décide de prendre le temps d’écouter et de regarder – je me souviens encore de cette scène où on voit la fumée du feu de bois bouger par une succession de plans photos. A la sortie, on se sent connecté. A quoi ? Je ne sais pas trop mais le film nous ancre dans quelque chose de plus grand que nous-même.

Texte et photo : Olivier Ceccaldi

36 vues

A propos de l'auteur

Olivier Ceccaldi

Reporter citoyen, Olivier a tout d'abord privilégié la photographie comme support pour informer notamment sur les réalités des personnes exilées face à la politique migratoire de l'Union européenne. Installé sur l'île de La Réunion depuis 2024, il travaille principalement sur les questions de société.

Ajouter un commentaire

⚠︎ Cet espace d'échange mis à disposition de nos lectrices et lecteurs ne reflète pas l'avis du média mais ceux des commentateurs. Les commentaires doivent être respectueux des individus et de la loi. Tout commentaire ne respectant pas ceux-ci ne sera pas publié. Consultez nos conditions générales d'utilisation. Vous souhaitez signaler un commentaire abusif, cliquez ici.

Articles suggérés

S’abonnerFaire un donNewsletters
Parallèle Sud

GRATUIT
VOIR