[Insertion] « Beelab » la ruche des femmes qui entreprennent

COACHING ET ACCOMPAGNEMENT DES FEMMES CRÉATRICES D’ENTREPRISE

Les femmes sont largement minoritaires dans le monde des entrepreneurs alors que leur motivation est forte. Pour lever les freins qui les empêchent d’avancer, une ruche un peu particulière a ouvert ses portes à Saint-Louis et fait face à un fort engouement. Il s’agit du Beelab.

La première année d’activité du Beelab, inauguré le 22 octobre 2022, n’est pas encore écoulée que la ruche bourdonne de toutes parts. « Nous avions pour objectif d’accompagner une centaine de femmes dans leurs projets d’entreprise et il y en a déjà 205 qui sont inscrites dans nos ateliers de formation », s’exclame Anaïs Patel, directrice de projets du réseau Initiative Réunion, qui propose des prêts à 0% aux porteurs de projets.

Sandra Manent, chargée de mission, et Anaïs Patel, directrice de projets du Réseau Initiative Réunion, ont ouvert le Beelab le 22 octobre 2022.

Ce succès d’affluence montre bien que les femme ne manquent pas de motivation pour entreprendre alors qu’elles ne représentent que 30% des projets financés par Initiative Réunion. C’est de ce triste constat en matière d’égalité homme-femme qu’est né le projet de créer un « dispositif d’accompagnement destiné aux entrepreneuses réunionnaises »

Anaïs Patel et Sandra Manent, chargée de mission pour le Beelab, étaient conscientes du besoin car elles voyaient que les femmes étaient majoritaires (65%) parmi les participants de la « Fabrique à entreprendre » du Port, un dispositif d’aide à la création d’entreprise dans les quartiers défavorisés. Ce qui a incité la création d’un premier « challenge des Portoises » pour encourager l’entreprenariat au féminin.

Elles ont donc répondu à un appel à projets du Ministère chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances. Elle ont ainsi obtenu les financements pour ouvrir leur « ruche ». Les crédits du plan national de lutte contre la pauvreté complète le budget. Et un coup de pouce de la fondation Fondatom leur a donné accès à leurs locaux pour démarrer rapidement leur activité, au 25, rue du Général de Gaulle, à l’entrée ouest de Saint-Louis.

« Nous ne sommes pas dans une dynamique féministe mais dans une dynamique d’entreprise. »

Sandra Manent, chargée de mission du Beelab

L’offre s’adresse à toutes les femmes de La Réunion, quel que soit leur niveau d’avancée dans leurs projets. Certaines ont été conseillées par Pôle emploi ou la Caisse d’allocations familiales, d’autres ont eu connaissance du dispositif via les réseaux sociaux mais la plupart prennent contact par le bouche-à-oreille.

Témoignages de bénéficiaires du Beelab

Ophélie Casli-Crasnier

Frédérique Charbonneau

Tantely Rakotomanga

Même si leur initiative est le fruit de la politique pour l’égalité hommes-femmes, les porteuses du projet ne revendiquent pas une démarche féministe. « Nous ne sommes pas dans une dynamique féministe mais dans une dynamique d’entreprise, insiste Sandra Manent. C’est un fait, certaines femmes ont pu vivre des burn out et du stress sur leur travail et elles ont décidé de changer, de concilier leur vie professionnelle et leur vie personnelle, de donner du sens à ce qu’elles font. Ça, c’est une véritable dynamique. L’entrepreneuriat, c’est aussi de l’auto-emploi. C’est se dire que le monde de l’entreprise tel qu’on le connaît n’est plus satisfaisant ni épanouissant. Donc je crée un emploi qui me corresponde et qui me fait vibrer et qui me donne la possibilité d’en vivre. »

Plus d’une soixantaine d’ateliers ont déjà été organisés. Les participantes y accèdent gratuitement et y trouvent des conseils très concrets pour monter leur comptabilité, finaliser leurs démarches administratives, obtenir des financements… « On ne se substitue pas aux organismes existants comme la BGE, Boutique de gestion, on leur donne des outils complémentaires pour qu’elles s’approprient leur projet en prenant en compte toutes ses dimensions : personnelle, familiale, environnementale, pratique… Comment définir un profil client, mener une étude de marché… »

De 19 ans à 70 ans

L’accompagnement se prolonge autant que nécessaire, même après l’immatriculation, une fois l’activité lancée. C’est appelé le « All Inclusive ». Ce qui permet de constituer une communauté d’entrepreneuses qui trouvent dans le Beelab un espace de co-working. Les locaux saint-louisiens (une salle de formation et trois bureaux) deviennent trop étroits pour accueillir tout le monde.

La Fabrique à entreprendre, au Port, met déjà à disposition ses locaux. Il est envisagé de s’implanter sur Saint-Denis grâce au Plan d’actions régional en faveur de l’entreprenariat féminin (Paref).

Les profils des « abeilles » du Beelab sont très variés. Elles viennent de toute l’île. La plus jeune a 19 ans et compte reprendre la friperie de ses parents alors que la plus âgée en a 70 et souhaite commercialiser des peluches d’espèces endémiques. « On ne refuse personne », rappelle la chargée de mission. Certaines ont besoin d’un coaching en profondeur pour se sentir pleinement légitimes à mener leur projet, d’autres ont juste besoin d’être orientées.

« Quand on part du RSA »

Il est encore trop tôt pour compter les créations d’entreprises parmi les 205 bénéficiaires mais le but est de toujours trouver une « sortie positive ». Comme son nom l’indique, le Beelab se présente comme une « ruche où des femmes travaillent ensemble », elles forment à la fois un laboratoire et une communauté. C’est déjà un premier réseau, élément essentiel à la réussite d’une entrepreneuse.

Elles s’inscrivent dans la culture du Challenge en participant à des prix et rassemblements de femmes entrepreneuses, la French Tech ou le HEC stand up (lire le communiqué ci-joint). Un trophée-bilan est prévu pour le 26 octobre avec dix femmes nominées pour les « Bee-créatives ». 

« Nous sommes le premier incubateur au féminin de l’océan Indien et des outre-mer », résume Anaïs Patel. D’habitude ce genre de structure s’adresse au start-upeurs avec une connotation élitiste. Le Beelab est quant à lui beaucoup plus ouvert. « Chez nous, la porteuse de projet va créer son emploi, relève-t-elle. Quand on part d’un RSA à 450 € et qu’on crée son propre emploi, on ne va pas gagner tout de suite le SMIC mais si on peut doubler ce qu’on a et le consolider, c’est déjà énorme. Le but, c’est vraiment de les sortir de la précarité. »

Franck Cellier

Conférence sur « Déconstruire les mythes de l’entrepreneuriat »

Dans le cadre d’un événement emblématique visant à démystifier les idées préconçues sur l’entrepreneuriat, la renommée entrepreneure et Directrice académique du programme HEC Stand Up, Nathalie Riond a dirigé une conférence très attendue le mardi 29 aout 2023.

L’événement s’est tenu en présence de personnalités remarquables et d’une cinquantaine d’entrepreneuses.

  • onférence sur « Déconstruire les mythes de l'entrepreneuriat » organisée par le Beelab Réunion et HEC Stand Up
  • onférence sur « Déconstruire les mythes de l'entrepreneuriat » organisée par le Beelab Réunion et HEC Stand Up
  • onférence sur « Déconstruire les mythes de l'entrepreneuriat » organisée par le Beelab Réunion et HEC Stand Up
  • onférence sur « Déconstruire les mythes de l'entrepreneuriat » organisée par le Beelab Réunion et HEC Stand Up

C’est à la Fabri’c de Saint-Louis que s’est tenue la conférence, intitulée « Déconstruire les mythes de l’entrepreneuriat ». Cette dernière a mis en lumière l’importance de remettre en question les idées reçues qui entourent le monde de l’entrepreneuriat.
Nathalie Riond, entrepreneure à succès et fervente défenseure de l’innovation et du changement, a partagé son expérience personnelle en tant qu’entrepreneure et a discuté des réalités souvent méconnues qui sous-tendent la création et la gestion d’une entreprise.

L’événement a été honoré par la présence de la députée de la 3ème circonscription, Nathalie Bassire ainsi que l’élue déléguée à la formation et l’insertion professionnelle de la Ville de Sainte-Marie, Flora Etcheverry, qui ont souligné l’importance de soutenir les entrepreneuses dans un paysage économique en constante évolution. Elles ont salué les efforts déployés par le Beelab, Incubateur au féminin ainsi que du Réseau Initiative Réunion menant des actions pour briser les stéréotypes qui peuvent entraver le développement entrepreneurial des femmes et ont réaffirmé l’engagement du gouvernement et des collectivités en faveur de mesures favorables à l’entrepreneuriat.

Après une présentation de l’Incubateur, ainsi que des témoignages de porteuses de projet issues du Beelab, Nathalie Riond a partagé ses connaissances tout en insistant sur la nécessité de reconnaître les parcours variés et les expériences uniques des entrepreneuses, tout en mettant en avant la créativité, la persévérance et l’adaptabilité en tant que qualités clés pour réussir dans le monde des affaires. Elle a également prodigué de précieux conseils pour limiter l’échec lors d’une création d’entreprise.

L’événement « Déconstruire les mythes de l’entrepreneuriat » a été un succès retentissant, marquant une étape importante dans la promotion d’une vision plus réaliste et inclusive de l’entrepreneuriat. Les discussions constructives prises lors de cette conférence laissent entrevoir un avenir prometteur pour les entrepreneuses et l’économie locale.

Communiquée du Réseau Initiative Réunion et du Beelab

A propos de l'auteur

Franck Cellier | Journaliste

Journaliste d’investigation, Franck Cellier a passé trente ans de sa carrière au Quotidien de la Réunion après un court passage au journal Témoignages à ses débuts. Ses reportages l’ont amené dans l’ensemble des îles de l’océan Indien ainsi que dans tous les recoins de La Réunion. Il porte un regard critique et pointu sur la politique et la société réunionnaise. Très attaché à la liberté d’expression et à l’indépendance, il entend défendre avec force ces valeurs au sein d’un média engagé et solidaire, Parallèle Sud.