[L’ÉKO LA RAVINE] L’Humain dans un monde multipolaire

CHRONIQUE

Être ou ne pas être… cette introspection individuelle relève sûrement d’une bonne thérapie mais à l’échelle collective il s’agit d’une autre approche.

Antoine de Saint-Exupéry disait : « il est bien plus difficile de se juger soi-même que de juger autrui ». On croit tout savoir des autres mais on ne sait rien ou pas grand-chose d’eux, ni de soi-même.

Se connaître, c’est comprendre et contrôler ses propres émotions, c’est avoir l’esprit critique et être attentif à l’autre. C’est plein de choses qui peuvent nous conduire à nous épanouir et enrichir notre existence. C’est un chemin que beaucoup explorent en cherchant du réconfort dans un monde de plus en plus agité et incertain. On n’a jamais été aussi confronté à nous même. Cette situation (nouvelle ?) arrive lorsqu’on est en perte de repères. Ne plus savoir qui dit vrai, quand les normes changent, les lignes bougent, les logiques n’obéissent à aucune règle, quand on est abandonné, lorsqu’on perd la foi. On a alors tendance à tout rejeter sur l’autre en refusant de se remettre en question. Un sentiment qui peut déboucher sur des mensonges, des frustrations, le repli sur soi et entrainer d’autres conséquences.

La connaissance de soi ne se fait pas en un claquement de doigt, elle arrive progressivement en s’ouvrant au monde, en s’émerveillant de l’instant présent. En élevant notre esprit, en se regardant d’en haut et en se mettant au même niveau que les autres… Et puis un beau jour on découvre qu’on n’est pas le centre du monde, on apprend à accepter nos défauts et nos qualités, à minimiser ou détourner les mauvais coups, à être insensible à la jalousie d’autrui. C’est là qu’arrivent l’humilité, le pardon, la bienveillance et que l’on développe notre vraie personnalité.

Les trente glorieuses (*)

Nous avons été gavés de préjugés, de mythes, de religions, de toutes sortes de croyances mais aujourd’hui la pensée unique et la messe de 20h devant le petit écran ne passent plus. L’information est devenue plurielle et accessible à tous mais en même temps nous asphyxie.  Comment s’y retrouver dans cette jungle ? La quête de soi devient une nécessité.

Fini aussi les trente glorieuses où la France et les pays occidentaux ont connus des années prospères. Les périodes de reconstruction d’après-guerre étaient-elles synonymes d’expansion ? Avions-nous tous crus que ces années de liesse allaient être éternelles ? Et de guerre il n’y en a plus eu guère, sauf froide et marchande.

La croissance (au détriment des pays en voie de développement) qu’on a connu a atteint ses limites. Chaque nation du Sud aujourd’hui est en droit de prétendre à sa souveraineté et à se développer. Mais les grands argentiers de ce monde ne l’entendent pas de cette oreille. Ils sont décidés à ne rien partager.

Polarité

Après l’effondrement de l’URSS en 1991, les Etats Unis et leurs alliés ont crûs pouvoir s’étendre sur tout le globe et imposer leur doctrine libérale mais on s’avance inexorablement vers un monde multipolaire.  Cette nouvelle conjoncture nuit certainement aux échanges transatlantiques et leurs projets. L’éradication obsessionnel du communisme laissait entrevoir plus de libertés individuelles et d’entreprises mais elle a plutôt favorisé l’émergence de multinationales et de réseaux mafieux, exploitant des pays sans défense et violant honteusement leurs intégrités.

Le leadership américain flanqué de quelques alliés et d’une Europe moribonde détestée par ses populations a vécu. Le monde se réveille. Petit à petit notre compassion grandit vis-à-vis des peuples opprimés. Dans le même temps les frontières entre pauvres et riches n’épousent plus seulement les contours d’une Nation, elles deviennent virtuelles à l’intérieur de tous pays. Les enjeux ne sont plus seulement l’affaire des grandes puissances mais sont à notre porte. Les inégalités se creusent d’une région à l’autre et nos libertés confisquées. 

Arrêt sur pause

C’est dans ce contexte qu’il faille revenir aux fondements de la société et de notre existence. La défiance à l’égard de certains élus et organisations mondiales comme l’OMS ou le FMI, de certaines ONG aux missions douteuses (*) dont on ne sait si elles sont du côté de la population ou des intérêts occultes, nous amène à tout reconsidérer.

Pour en revenir au sujet, un « arrêt sur pause » est nécessaire pour comprendre ce qui est en train de se passer et nous situer dans ce grand chambardement. A une période ou le mensonge devient récurrent, où on fait exactement le contraire de ce qu’on dit, où les mots sont détournés de leurs sens, où les médias et réseaux sociaux nous assomment de vérités et de leurs contraires quand ils ne censurent pas, où les riches prospèrent scandaleusement pendant que les peuples s’épuisent… Il faut dire STOP ! Qui sommes-nous, que faisons-nous là et où allons-nous ? le fameux kisa nou lé, kosa nou fé, ousa nou sava ?

Il faut réapprendre à mettre la nature, le bien être, la bienveillance et la probité au centre de nos préoccupations. Ce n’est pas parce qu’une poignée d’agités du bocal s’évertuent à nous imposer leurs lois scélérates qu’il faille se mettre à genoux. La sacro-sainte science n’est plus au service de l’humanité. sous couvert de progrès et d’évolution, elle se fourvoie dans la perversité, l’exubérance et la vanité. Les rapports d’experts, commissions d’enquête, consultations citoyennes, comités scientifiques… sont galvaudés et enfument tout le monde. Devant de telles impostures, comment faire encore confiance aux discours dissonants et crapuleux ? 

La fin d’un monde

Jour après jour nous prenons acte des agissements délétères de seigneurs auto-proclamés qui nous plongent dans les profondeurs malsaines de l’être et que leurs outils de propagande s’efforcent de cacher. Réseaux occultes, hommes de paille, corruption décomplexée, paradis fiscaux, comportements cyniques… Mais le navire prend l’eau, prêt à chavirer, ça fuite de partout au gré des révélations compromettantes qui se succèdent. L’ignominie est à son comble. Ne dit-on pas que la raison finie toujours par triompher ?

Face à cela l’humanité doit s’organiser et se serrer les coudes. Que ça soit au niveau d’un quartier, d’une ville, d’une région ou d’un pays soyons acteurs de notre vie, ne nous laissons pas envahir par le désarroi et la fatalité ni par l’individualisme sécuritaire. Chaque cri, chaque expression, chaque action raisonnée comptera et trouvera sa place dans la vindicte populaire planétaire. 

C’est bien de survie dont il est question. Ceux-celles qui auront atteint ce degré de conscience devront montrer la voie et rejoindre le bal des résistances.  

La bataille s’annonce rude, un 3è conflit mondial nous pend au nez, conséquence d’une guerre froide avortée. Ne soyons pas les témoins passifs d’affrontements idéologiques mais plutôt le phénix annonciateur d’un monde plus humain. Le jeu en vaut la chandelle.

Georges Ah-Tiane

(*) Les trente Glorieuses : période qui va de l’après-guerre en 1945 jusqu’en 1971 date du 1er choc pétrolier. Ce fut une période de croissance et prospère.

(*) Le Fond Monétaire International (FMI) est considéré par beaucoup comme une institution internationale exerçant un pouvoir d’ingérence excessif à l’égard des pays qui font appel à lui. L’Organisation Mondial de la Santé (OMS) est soupçonnée par les Etats Unis d’avoir mal géré la crise du Covid. Le fait de percevoir des fonds privés pour son fonctionnement est aussi mal perçu. Certaines Organisations Non Gouvernementales (ONG) sont pointées du doigt par certains Etats (Inde, Egypte, Brésil…)

A propos de l'auteur

Georges Ah Tiane | Reporter citoyen

Georges Ah-Tiane est impliqué dans la vie associative depuis 1990. En France où il a vécu de nombreuses années, il s’est investi dans la promotion de la culture réunionnaise au travers de nombreux biais : en créant des associations, en enseignant le créole, en mettant en avant le patrimoine culinaire péi ou encore la musique. Il a créé des ponts entre La Réunion et la diaspora installée en France. Il a participé à une radio associative pendant douze ans avant de créer des fanzines ou petits journaux, « carry créole », « la lettre d’art’s ». De retour à La Réunion, il s’est impliqué dans la langue créole et « la conscientisation », avec l’objectif d’analyser la société réunionnaise, comprendre son fonctionnement. Dans le but de « voir quels sont les freins et comment les contourner pour aller de l’avant ». Cette chronique hebdomadaire fait suite à la gazette “kreo-lutionnaire” imprimée, l’Eko la Ravine, qu’il a tenue entre 2019 et 2020.