[Mafate] Des lieux réputés… laissés aux descriptions touristiques

« C’est quand même le travail de beaucoup d’années, le travail de… » Le sociologue Arnold Jaccoud sourit sans finir sa phrase. Mais c’est bien « le travail d’une vie » qu’il partage avec les lecteurs de Parallèle Sud. 35e épisode aujourd’hui, on y découvre l’envers du décors à touristes.

Les louanges dithyrambiques ne tarissent jamais dans les récits des randonneurs en ce qui concerne certains sites les plus réputés du cirque. Ils n’en repèrent pourtant la plupart du temps que les aspects superficiels. Parmi eux, par exemple, en remontant le cours de la rivière des Galets, Grand-Place Cayenne, qu’on ne nomme plus que Cayenne tout simplement, Trois-Roches, Maison-Laclos, qui n’est plus qu’un gîte parmi d’autres, ou le plateau du Kelval, qu’on s’évertue à déformer en Kerval.

En ce qui concerne Grand-Place Cayenne, j’y consacre dans cette série un chapitre entier.

Pour d’autres sites, je veux me contenter de mettre en évidence dans ces pages un ou deux éléments habituellement ignorés ou oubliés.

Trois-Roches

De la Nouvelle et de la plaine aux Sables, ou de Marla, j’arrive toujours à Trois-Roches plein d’émerveillement.

Les rochers restent posés là, à perpétuité, sur la dalle de basalte quasiment dénudée par les eaux ruisselantes. Toujours aussi imposants. Ici, sur ce bowling géant, le diable a joué à la pétanque…

Je sais que Hyacinthe est passé par Trois-Roches en 1980. On me dit qu’il a dévasté les berges de la rivière. Mais, 25 ans après, la nature généreuse a réparé la disparition des alluvions que l’on disait tapissés d’herbes et de fleurs et dont chaque saison renouvelait l’attrait…

La rivière s‘engouffre soudain au centre de la dalle de basalte dans une étroite faille aux pans vertigineux. La cascade de plusieurs dizaines de mètres est véritablement impressionnante.

Un aperçu géologique

Le site de Trois-Roches présente une structure géologique peu commune. Les scientifiques l’expliquent par une éruption tardive du piton des Neige qui a fait remonter de la lave au travers d’une fissure.

Cette lave dure et imperméable résiste à l’érosion. Seul un plateau rocheux dense est présent (tous les galets ont été chassés), quelques « flashes » dans le basalte montrent les effets de l’érosion. Au cœur de la dalle de basalte une fissure profonde s’est créée.

La kaz et son habitant

De plus, Trois-Roche est un îlet. Et cet îlet est à nouveau habité. Dans le recensement des habitants établi par le curé Jean-Joseph Belly en 1873, on trouve 29 résidents à l’îlet Trois-Roches. En 1955, le forestier Pierre Rivière n’en note plus que 5. Il semble ensuite que le site ait été entièrement abandonné ou habité de façon très aléatoire.

Génération écolo cohérente. En 2007, il cultive du riz et il fait cuire à manger son cari dans une marmite chauffée au four solaire. Pas d’électricité, pas de turbine, que des avantages…

Arnold Jaccoud

A propos de l'auteur

Arnold Jaccoud | Reporter citoyen

« J’agis généralement dans le domaine de la psychologie sociale. Chercheur, intervenant de terrain, , formateur en matière de communication sociale, de ressources humaines et de processus collectifs, conférencier, j’ai toujours tenté de privilégier une approche systémique et transdisciplinaire du développement humain.

J’écris également des chroniques et des romans dédiés à l’observation des fonctionnements de notre société.

Conscient des frustrations éprouvées, pendant 3 dizaines d’années, dans mes tentatives de collaborer à de réelles transformations sociales, j’ai été contraint d’en prendre mon parti. « Lorsqu’on a la certitude de pouvoir changer les choses par l’engagement et l’action, on agit. Quand vient le moment de la prise de conscience et qu’on s’aperçoit de la vanité de tout ça, alors… on écrit des romans ».

Ce que je fais est évidemment dépourvu de toute prétention ! Les vers de Rostand me guident : » N’écrire jamais rien qui de soi ne sortît – Et modeste d’ailleurs, se dire : mon petit – Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles – Si c’est dans ton jardin à toi que tu les cueilles ! » … « Bref, dédaignant d’être le lierre parasite – Lors même qu’on n’est pas le chêne ou le tilleul – Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul ! » (Cyrano de Bergerac – Acte II – scène VIII) »
Arnold Jaccoud