[Manifestation] La Maison de la mer, « une folie »

SAINT-LEU

Entre 150 et 300 personnes se sont mobilisées dimanche 23 avril 2023 devant le port de Saint-Leu contre le projet de Maison de la mer. Parallèle Sud a fait un direct sur place.

Les chiffres des organisateurs oscillent entre 150 et 300 personnes. Ce qui est sûr, c’est que les manifestants, ce dimanche 23 avril, étaient assez nombreux pour réaliser une chaîne humaine afin de matérialiser physiquement le contour des bâtiments prévus par le projet du TCO de Maison de la mer. Situés directement en face du port de Saint-Leu, ceux-ci sont censés accueillir des activités commerciales, touristiques, ainsi que la nouvelle capitainerie pour remplacer l’ancienne qui a été détruite.

5 millions d’euros

L’ennui, c’est que les travaux changeront le visage du petit port de pêche. « Il est prévu de construire un bâtiment sur 60 m de long pour 30 m de large, sur deux niveaux », rappelle un participant à la journée de mobilisation. 26 filaos seront coupés car ils se trouvent soit sur l’emplacement des futurs bâtiments soit sur celui des parkings prévus. 31 autres végétaux impactés par le projet seront soit maintenus sur place soit déplacés. Même chose pour les cinq badamiers situés immédiatement au niveau de la promenade au bord du port. Noué autour de leur tronc, un tissu blanc rappelle qu’ils sont voués à disparaître. Le montant du projet est évalué à 5 millions d’euros, à la charge entière du TCO.

Les manifestants déplorent avoir eu vent de l’information après expiration du délai pour effectuer les recours. Le combat, pour eux, se situe à l’intersection de plusieurs préoccupations. La question de l’urbanisation toujours croissante et de l’artificialisation des sols malgré les alertes nombreuses des experts dans un contexte de réchauffement climatique et de raréfaction des ressources. La problématique de l’embourgeoisement d’une zone jusque-là populaire où les gens se retrouvent pour pique-niquer ou jouer à la pétanque. La question de la préservation du patrimoine végétal et naturel. Le sujet de l’implication des citoyens dans les choix de développement de leur ville.

Une pétition en ligne

De nombreuses associations et collectifs ont fait le déplacement : l’association nautique de Saint-Leu, Citoyens pour le climat, Greenpeace, SOS DPM, Europe Ecologie les Verts, Nout Port nout Saint-Leu, Extinction Rebellion, Génération écologie, l’Union saint-leusienne… ainsi que de nombreux Saint-Leusiens non affiliés à un groupe particulier. La pétition lancée par le président de l’association nautique de Saint-Leu, Jean-Marie Huguet, a rassemblé 4 300 signatures depuis sa mise en ligne il y a six mois. L’association estime que les aménagements ne répondent pas aux besoins des pêcheurs. De son côté, l’association SOS DPM fait remarquer que le bâtiment se situe dans la zone des 50 pas géométriques qui protège la bande côtière.

L’écrivaine Bernadette Thomas, autrice d’À fleur de Terre, habitante de Saint-Leu elle-même, était présente lors de cette deuxième manifestation d’ampleur après celle du mois de mars. Pour elle, ce projet d’abattre des arbres et de faire disparaitre cet espace de promenade est « une folie ».

Jéromine Santo-Gammaire

A propos de l'auteur

Jéromine Santo Gammaire | Journaliste

En quête d’un journalisme plus humain et plus inspirant, Jéromine Santo-Gammaire décide en 2020 de créer un média indépendant, Parallèle Sud. Auparavant, elle a travaillé comme journaliste dans différentes publications en ligne puis pendant près de quatre ans au Quotidien de La Réunion. Elle entend désormais mettre en avant les actions de Réunionnais pour un monde résilient, respectueux de tous les écosystèmes. Elle voit le journalisme comme un outil collectif pour aider à construire la société de demain et à trouver des solutions durables.