Justice

Moralisation de la vie publique : qu’en est-il aujourd’hui ?

[LIBRE EXPRESSION]

Lors de la campagne pour l’élection présidentielle de 2017, Emmanuel Macron voulait «  moraliser la vie publique  ». Il voulait «  une équipe ministérielle irréprochable  ». Il avait ensuite affirmé sur France 2 que, s’il était mis en examen, il renoncerait à être candidat à la présidentielle, et ajoutait  : « de la même façon qu’un ministre doit quitter le gouvernement lorsqu’il est mis en examen ».

L’affaire Dussopt a fait la une des médias il y a quelques jours. L’occasion aujourd’hui, de commencer à faire le point, et c’est assez effarant  ! 

Alain Griset, ministre auprès des PME démissionne en décembre 2021 (condamné à 6 mois avec sursis et 3 ans d’inéligibilité). 

Agnès Buzyn, ministre de la Santé, démissionne en décembre 2020, mise en examen en 2021. Elle ne l’est plus mais reste mise en cause au titre de témoin assisté.

Eric Dupond-Moretti, garde des Sceaux, est mis en examen en juillet 2021. Instruction en cours, il est toujours garde des Sceaux…

Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, instruction ouverte en 2018, non-lieu en septembre 2021. Ne s’est jamais mis à l’écart du gouvernement pendant l’instruction du dossier.

Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire aux Retraites, démissionne fin 2019 : 4 mois avec sursis et 15000 € d’amende, affaire toujours en cours sur le fond.

Richard Ferrand, ministre de la Cohésion des territoires, quitte le gouvernement en juin 2017 pour accéder au perchoir de l’Assemblée nationale malgré une affaire en cours, faits prescrits en 2021, ouf  ! 

Sylvie Goulard, ministre des Armées, démissionne en juin 2017 (mise en examen pour emplois fictifs d’assistants d’eurodéputés, donc pour détournement de fonds publics).

François Bayrou, ministre de la Justice, démissionne en juin 2017 (mis en examen pour emplois fictifs d’assistants d’eurodéputés, donc pour détournement de fonds publics), recasé depuis comme Haut-Commissaire au Plan malgré une instruction en cours. 

Marielle De Sarnez, ministre aux Affaires européennes, démissionne en juin 2017 (mise en examen pour emplois fictifs d’assistants d’eurodéputés, donc pour détournement de fonds publics), décédée en 2021.

Chrysoula Zacharopoulou, actuelle secrétaire d’État, a été accusée de viols par plusieurs patientes, une instruction serait encore en cours. 

Murielle Pénicaud, ministre du Travail  : une information judiciaire a été ouverte concernant une soirée à Las Vegas dans le cadre de la candidature de M.Macron. Mise sous statut de témoin assisté, elle n’a jamais démissionné. 

Sébastien Lecornu, ministre des Outre-Mer, puis ministre des Armées, mis en examen pour des soupçons de prise illégale d’intérêt. Est toujours en place. 

Françoise Nyssen, ministre de la Culture, démissionnée de fait (non reconduite au moment du remaniement) en 2018  pour des «  soucis  » au titre de sa maison d’édition Actes SUD, affaire révélée par le Canard enchaîné.

Laura Flessel, ministre des Sports, démission soi-disant pour raisons personnelles, juste après des informations du Canard enchaîné et de Médiapart relatives à des informations fiscales sous-évaluées.

À quand un grand coup de balai ?

François De Rugy, ministre de la Transition écologique qui venait de succéder à Nicolas Hulot démissionnaire, démissionne lui aussi suite à des révélations de Médiapart notamment sur des dîners fastueux à l’hôtel de Lassay.

Olivier Véran, ministre de la Santé, aujourd’hui porte-parole du gouvernement, a été mis sous statut de témoin assisté dans le cadre d’une instruction concernant la gestion de la crise Covid (tout comme Edouard Philippe, ancien premier ministre). Il est toujours en place. 

Olivier Dussopt, actuel ministre du Travail est mis en examen pour corruption et prise illégale d’intérêt. Il est toujours en place. 

Alexis Kohler, secrétaire général de l’Elysée, a été mis en examen pour prise illégale d’intérêt, il est toujours en place.

Sans parler de certains députés indélicats  : Jean-Jacques Bridey, Laetitia Avia, Benoît Simian, Thierry Solère, pour ne citer qu’eux.

On pourrait y ajouter Alexandre Benalla et Vincent Crase dont personne n’a oublié les frasques  et pour lesquels une instruction est toujours en cours.   

Et tout cela en moins de six ans  ! 

On comprend aujourd’hui le désamour des citoyens français pour la politique, surtout lorsqu’on découvre que bien d’autres politiques d’autres bords sont, ou ont été, également poursuivis. Et lorsqu’on voit les sanctions infligées par les tribunaux à certains, que nos compatriotes parlent de justice à deux vitesses se comprend aisément.

Dans tous les cas, ce sont ces hommes et ces femmes-là qui nous gouvernent et nous représentent. À quand un grand coup de balai pour enfin «  moraliser la vie publique  »  ? 

Dominique Blumberger

Liens  : 

vidéo de Médiapart  : https://www.youtube.com/watch?v=cNauzbo70B8

vidéo de Blast  : https://www.youtube.com/watch?app=desktop&v=kEzOzPYcZtM

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