«Naître»

LIBRE EXPRESSION

Naître c’est faire mourir
Celle qui nous porte
C’est puiser son sang et son sel à la source
C’est dévorer sa chaire
Acte de cannibalisme intrinsèque à la vie
C’est emplir chaque parcelle de son corps
D’une essence qui se répand comme échappée d’une amphore
Liquide précieux qui s’épanche et gonfle tout en dedans
Dilate le moindre de ses artères et la moindre de ses veines
Lui courbe le ventre et lui enfle les jambes et les mains
Lui altère jusqu’au moindre trait du visage
Lui agrandit son cœur

Porter
Contenir jusqu’à bout de souffle
Concevoir chaque minute de chaque seconde
Passante languissante tenaillante croupissante
Comme un rivage et son horizon lointain

Tenir jusqu’au bout
Jusqu’à l’agonie
Jusqu’à voir pâlir le jour à l’aurore
Ou jusqu’à croire et craindre de pouvoir s’éteindre avant la fin du jour

Pousser suer mouiller secréter saigner maculer haleter
Crier pleurer s’étouffer

Puis une brise aspirer un souffle geindre expirer
Une insufflation soupirer inspirer

Exhaler sa substance
Répandre son précieux parfum
Eclabousser enfin à la lumière et au grand jour
Se montrer au regard de ses pairs
Insuffler sa douceur dans le cœur de ses frères

10/01/2018
A Léon né 4 janvier 2018 à Poissy (Yvelines)

Amandine Gravier

Amandine Gravier, native de Saint Denis de la Réunion en 1983. Fille de Marie, Chantal Duchemann (famille Duchemann, Lorion et Mercier) et de Cyrille Jean-François Gravier (famille Gravier et Minatchy). Une enfance et une adolescence vécues au n° 4 de la ruelle Acoly, proche des quartiers de Saint Jacques, des Camélias, de la Source, du Vauban. De la rue du Général de Gaulle empruntée avec ma sœur et les camarades pour se rendre au collège Bourbon, à la rue Monthyon pour rejoindre le lycée Leconte de Lisle ; de la rue Maréchal Leclerc arpentée avec ma mère, le Prisunic, le petit marché, Ganthy Royal, en passant par le jardin de l’état, le musée Léon Dierx, la Providence, par la piscine du Butor et par Champ Fleury, le Barachois, autant de souvenirs et de parfums de mon enfance et de ma ville.

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Kozé libre

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