Cancer

Peste émotionnelle : ce « cancer humain » que la nature n’avait pas prévu

[LIBRE EXPRESSION]

Frédéric Paulus a consacré de multiples écrits au cancer. Parallèle Sud a décidé de vous faire partager durant plusieurs semaines le regard que porte le scientifique sur ce que l’on appelle communément la « maladie du siècle ». Aujourd’hui, il attire notre attention sur la « peste émotionnelle ».

Pour comprendre la logique existentielle par exemple du cancer, il faudrait prendre en compte des phénomènes naturels dissimulés d’une finesse et d’une efficacité phénoménales, telle l’endosymbiose qui fait que l’évolution aura sélectionné les composants cellulaires puis organiques pour constituer le corps que nous découvrons tous les jours prodigieusement intelligent intrinsèquement. 

Autrement dit, on a l’impression que la nature a tout prévu, sauf la confrontation avec ce « cancer » humain que serait la peste émotionnelle qui engendre sur le corps une carapace musculo-caractérielle qui s’immisce par tous les neurones et couvre l’ensemble du corps en se stabilisant et formant cette carapace a-physiologique. Celle-ci engendre une vasoconstriction des tissus réduisant le diamètre des tissus sanguins en ayant des conséquences sur le plan nutritif et en hypo-oxygénation des organes. Dans un prochain courrier, nous soutiendrons l’hypothèse que le « premier cerveau » aura été l’estomac et non celui tel que médiatisé actuellement, « The Second Brain », selon Michael Gershon (1998). 

Dans ce contexte corporel « carapacé neurologiquement », la maladie surviendrait en touchant l’organe le plus fragile génétiquement et épigétiquement, rendant difficile de faire la part de l’une et de l’autre causalité. Hans Selyé auteur du terme « stress » a eu recours à la métaphore d’une chaîne que l’on étire, dont c’est le maillon le plus faible qui cède. Ce que la médecine nomme les maladies « fonctionnelles ». Selon cette vision, dans d’autres environnements plus favorables, aucun organe n’aurait présenté de défaillance.    

La solution serait donc de réduire fortement ou même de supprimer ces nouveaux types d’agressions. Mais comment intervenir auprès d’un malade qui n’a pas d’autres moyens d’existence, si l’on peut dire, que de subir ces agressions ? Le remède est-il médical ? Le corps médical saura peu à peu dépasser les intérêts corporatistes ou sa dépendance aux traitements purement chimiques si nos analyses contiennent quelque pertinence.

En milliards ou en millions d’années d’évolution (un peu plus ou un peu moins selon notre souhait de remonter plus ou moins loin dans le temps) qui ont permis l’émergence d’une multitude d’organismes et depuis 7 millions d’années depuis notre séparation avec les grands singes, nous pourrions penser l’organisme humain parfaitement adapté et adaptable aux conditions actuelles. C’est ce que l’on pourrait nommer le fruit de l’évolution. 

Où est le problème ?

Alors, où est le problème ? C’est probablement l’accélération et/ou l’intensité des changements que notre adaptabilité ne suit pas avec les conditions de vie différentes qui accueillent les nouvelles vies avec leurs sensibilités et fragilités. Il y a bien entendu une différence de nature entre un cataclysme naturel (chute d’un gros météorite par exemple) et le cataclysme humain mondialisé (changement climatique, chimique, pollution, famine, stress, éducation de plus en plus exigeante vis-à-vis de l’enfant, etc.).

Dans les milieux « protégés », on voudrait que l’enfant soit sensibilisé à Mozart in utéro pour peut-être en faire un virtuose plus tard ou encore plus modestement qu’il sache l’anglais plus facilement pour en avoir été sensibilisé également in utéro. Dans le tiers monde, c’est la réduction de la famine, l’urgence. Le cancer touche aussi les pays pauvres, la peste émotionnelle est universelle parce qu’elle ignore la sensibilité intelligente du vivant, selon nos analyses.   

Cette mutation vers le « suranimal » des pays riches (animal bien nourri qui dégrade insuffisamment ses sucres, éduqué suivant les ambitions exacerbées de ses parents…) a créé une phénoménologie boulimique, une accélération de la charge mentale au détriment de l’activité physique qui, à notre sens, a contraint l’évolution. Pour s’alimenter, les premiers hommes devaient se mouvoir plus que nous le faisons maintenant. Et notre sphère mentale est structurée en fonction d’une multitude d’interdits imposés, souvent arbitrairement, du fait du processus de civilisation tel que le sociologue et médecin Norbert Elias (1897-1990) le décrit et développe dans ses ouvrages  dont La dynamique de l’Occident (1975). 

Ce maillon considéré comme « humain » de la chaîne animale serait un « curieux » aboutissement, une dérive qui contraint la nature, une excroissance accidentelle de l’arbre de vie dont on explore quotidiennement l’inventivité (pour la copier !) Est-ce le prix à payer au-delà des dommages collatéraux, hypertensions, diabètes, collapsus vasculaires et cancers compris… ? Oui, mais qui paie la facture ? 

Il nous faudrait penser autrement le développement de l’enfant éclairé par une éducation, qui s’affranchirait du pragmatisme éducatif fondé idéologiquement sur la valeur pratique. Nous prônons  une éducation empirique, questionnnante, éclairée par des informations validées par la science à l’intention et à l’attention des parents. Ces informations seraient généreusement popularisées et massivement diffusées. 

Frédéric Paulus
(avec Danielle Amussat, Évelyne Grasperge, Michèle Marty, François Maugis, Nadine Natier-Minatchy, Pierre Paulus et Antoine Pitchaya)  

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