MANIFESTATION DIMANCHE
Dimanche, le collectif Protège nout savane invite tous les Réunionnais à former une chaine humaine pour dire non à la construction de 2000 logements et d’une grande surface sur 90 ha de savane à Plateau-Caillou.
« Des friches ! » Il y a encore trente ans, la savane ne présentait aucune valeur. A l’époque, l’urbanisation massive des pentes de l’Ouest ne faisait que commencer et, un peu plus ou un peu moins d’espaces naturels n’avait finalement que peu d’importance. Depuis, le changement climatique, l’imperméabilisation des sols et la nécessaire sauvegarde de la culture réunionnaise ont changé la donne. Et nombreux sont ceux qui veulent préserver ces quelques hectares encore intacts. Pour leur valeur intrinsèque mais aussi pour éviter de nouvelles catastrophes.
Nous considérons que l’urbanisation de l’Ouest et l’augmentation des rejets d’eau douce en mer a favorisé la présence de requins bouledogues dans cette zone. On nous a aussi dit que l’eau de la cascade de la grotte du Peuplement coule moins fort depuis la construction de Plateau-Caillou. Dernièrement, une grosse pluie a suffit pour inonder l’échangeur. Qu’en sera-t-il de la ville de Saint-Paul en contrebas des 90 ha bétonnés ? Une ville plus chaude, plus de voitures, plus de risques d’inondations et d’érosion.
Seul le maire de Saint-Paul peut stopper le carnage. Nous l’avons rencontré de façon impromptue et interrogé à ce sujet, Emmanuel Séraphin se contente de dire qu’il s’agit d’une « zone à urbaniser », que la savane, « c’est au Cap La Houssaye »avant de tourner les talons. Des habitants de Plateau-Caillou racontent qu’Huguette Bello, présidente de Région, elle-même fait du porte à porte pour convaincre ses électeurs du bien fondé du projet. C’est dire la fébrilité des politiques sur ce dossier. Et, depuis que l’aménageur Sedré a embauché un cabinet de conseil en communication, une mystérieuse association de défense de mal logés a fait son apparition. Le bruit court qu’une employée de la mairie serait aux manettes de ses réseaux sociaux.
Certes, l’île a besoin de logements. Mais elle a encore plus besoin d’espaces naturels, de lieux de promenade, de protéger ses écosystèmes, son patrimoine naturel et culturel. Pour le coup, sur 2019 logements annoncés, seuls 600 seront sociaux. D’abord, le projet contrevient à la loi de transition écologique qui prône zéro artificialisation des sols supplémentaire. Ensuite, d’après Erick Fontaine de la CNL (Confédération nationale du logement), il y aurait 35 000 logements vacants à La Réunion. Et puis l’EPFR (Etablissement public foncier de La Réunion), qui est chargé de provisionner des terrains à construire, disposerait de quoi construire 20 000 logements. Sans compter les dents creuses partout en centre-villes, que l’on peut aussi densifier. Et les 35 000 logements de l’Ecocité. Veux-t-on que La Réunion, dans quelques années, ressemble à Hong Kong ? « Ce n’est pas à la savane de payer les pots cassés », estime Elie Payet, porte-parole du collectif Protège nout savane.
Le collectif Protège nout Savane poursuit sa mobilisation contre le projet de ZAC Renaissance 3 de Plateau Caillou. Il regrette notamment l’absence de concertation, seuls neuf personnes ont participé à l’enquête publique et, depuis, rien. Pour un projet de 90 ha, plus de 2 000 logements, une zone commerciale, dont le budget est de 114 millions d’euros, c’est un peu léger.
Le dimanche 29 septembre prochain, dès 9 heures, près d’Hélilagon, une manifestation est organisée en plein cœur de la savane de l’Ouest pour contester le projet de construction de la Zac Renaissance 3 de Plateau-Caillou.
Une marche symbolique et une chaîne humaine marqueront la matinée organisée par les membres du collectif Protège nout savane, constitué en association, rassemblant des Réunionnais, des associations et des collectifs venus des quatre coins de l’île, tous soucieux de la préservation de cet environnement et des enjeux qui en découlent.
« Nous allons demander un moratoire », envisage Elie Payet, porte-parole du collectif, fort de près de 20 000 signatures d’une pétition qui demande d’arrêter les dégâts.
Philippe Nanpon