bateau sri-lankais en approche

Pour le respect du droit d’asile des migrants Sri-Lankais dans notre Île

LIBRE EXPRESSION

Depuis bientôt 4 ans, notre île a vu arriver sur ses côtes des bateaux de pêche vétustes convoyant des Sri-Lankais, hommes, femmes et enfants, fuyant leur pays et sollicitant à leur arrivée le droit d’asile.

Compte tenu de l’incompréhension ou des tensions que peut susciter cette situation, il apparaît indispensable d’éclairer l’opinion réunionnaise et d’agir pour éviter les réactions racistes ou xénophobes qui pourraient déboucher sur des violences. Pour cela, il convient de rappeler des faits et de situer exactement le phénomène.

1. Le Sri-Lanka est une île et un état indépendant situé au sud de l’Inde dans l’Océan Indien. Pendant 3 décennies, en particulier de 1983 à 2009, ce pays qui compte une majorité de bouddhistes, des tamouls hindouistes, des musulmans et des chrétiens, a connu une guerre civile intercommunautaire sanglante. Des tensions et persécutions y persistent tandis que la gouvernance de ce pays de quelques 20 millions d’habitants fait l’objet de nombreuses interrogations et qu’une grave crise économique prive les plus pauvres des produits de première nécessité, notamment alimentaires. Ce contexte de conflit et de violences a provoqué depuis de nombreuses années une émigration massive, l’essentiel de ces flux migratoires se dirigeant vers le Nord, en direction du Moyen-Orient, de l’Europe et de l’Asie.

2. Une petite partie de ce flux migratoire semble désormais se diriger vers notre Île. Depuis 2018, quelques 484 ressortissants Sri-Lankais seraient arrivés à la Réunion, demandant l’asile. La majorité d’entre eux, après examen de leur situation au regard du droit d’asile, ont été reconduits vers leur pays. On ne peut donc pas parler d’un envahissement.

3. Par ailleurs, il importe de rappeler que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, adoptée à Paris en 1948, édicte le principe que « devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile en d’autres pays » (article 14) et que des conventions internationales, dont la France est signataire, organisent l’examen de la situation particulière de chaque être humain demandant l’asile et le statut des réfugiés. C’est à ce titre que les Sri-Lankais persécutés peuvent demander l’asile chez nous. Quelle que soit la situation des parents, les enfants en particulier doivent être spécialement protégés au titre de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant.

4. On estimait à 281 millions le nombre de migrants internationaux dans le monde en 2020, soit 3,6 % de la population mondiale. Les inégalités de développement, les guerres, comme celle ravageant l’Ukraine depuis un an, mais aussi le changement climatique qui nuit gravement aux moyens de subsistance des populations exposées, sont autant de facteurs pouvant accroitre dans les prochaines années les mouvements migratoires. Malgré son insularité, notre territoire sera forcément concerné.

5. Dans ces conditions, et compte tenu de nos obligations internationales en matière d’asile, il y a lieu de se préparer à ces évolutions.

La LDH à la Réunion demande en particulier :

– La construction dans notre Île d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA) permettant un hébergement décent des demandeurs, ainsi qu’une prise en charge sociale, médicale, et juridique adaptée, durant le temps d’examen de leur demande de statut de réfugié.

– Un accompagnement concerté des organismes publics pour les personnes obtenant le statut de réfugié et en particulier pour les mineurs qui doivent être protégés et scolarisés, avec notamment la mise en place localement d’un programme d’accompagnement global et individualisé des réfugiés.

– Une concertation permanente avec les associations humanitaires et de défense des droits humains, afin qu’elles puissent apporter un concours utile.

A l’heure où notre Île commémore les 230 ans de son appellation signifiante d’Île de la Réunion, la LDH appelle les Réunionnais, venus de tous les horizons, à continuer à faire vivre les hautes valeurs qui fondent notre appartenance à la même « famille humaine » et à agir pour faire respecter les droits des plus humbles et des plus démunis. 

Saint-Denis, le 28/02/2023

 

La Ligue des Droits de l’Homme à la Réunion

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Kozé libre

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