Réforme des retraites, Michel Boussard

Quid de la future retraite des Françaises ?

LIBRE EXPRESSION

Dans le cadre du passage en force de la loi relative à la réforme des retraites (très chère au président Macron), le gouvernement de madame Élisabeth Borne s’est félicité de l’allongement de la vie des Français-e-s, depuis la Libération*.

Mais, quid de l’allongement de la vie en bonne santé, par catégories sociales ?

Silence radio !

Rappel : en France, en 2016, l’espérance de vie en bonne santé, c’est-à- dire le nombre d’années qu’une personne peut compter vivre, sans souffrir d’incapacité dans les gestes de sa vie quotidienne, s’élevait à 64,1 ans pour les femmes et 62,7 ans pour les hommes.

Depuis, elle est restée stable.

Présentement, pour la majeure partie de la population, le président Macron a réussi à :

  • faire passer sa loi en force, par l’entremise de sa Première ministre, autoritairement, avec le 49.3 ;
  • la promulguer aussitôt, avec la ferme intention de l’appliquer dès septembre prochain.

Et cela malgré de nombreuses manifestations monstres dans toutes les villes de l’ensemble français, y compris dans de petites localités.

Cerise sur le gâteau :

A deux reprises, le Conseil constitutionnel a jugé – en son âme et conscience ! – anticonstitutionnels les recours au référendum d’initiative partagée (RIP) déposés par des partis d’opposition.

Autrement dit, officiellement, l’autocrate, Emmanuel Macron, a réussi à imposer ni plus ni moins que la double peine à l’ensemble des Français-es :

a) le départ à la retraite repoussé de 62 à 64 ans ;

b) l’allongement de la durée de cotisation à 43 ans, pour une pension à taux plein.

Ces deux conditions sont tout simplement inacceptables pour l’immense majorité de la population qui le fait savoir à chaque grande manifestation (nous en sommes à la treizième !).

Pour les femmes françaises en particulier, ces deux impératifs sont tout simplement impossibles à concrétiser.

Pour les raisons suivantes :

  1. la plupart ont une carrière discontinue, hachée, et/ou à temps partiel ;
  2. en moyenne, à poste comparable, leurs salaires sont inférieurs de 16% à ceux de leurs homologues masculins. Donc, leurs cotisations sociales sont moindres. CQFD !
  3. parmi les personnes ne touchant que le SMIC, elles sont 60% ;
  4. parmi les personnes à temps partiel, elles sont 80%.

Concrètement, cette réforme scélérate obligera les femmes à travailler jusqu’à 67 ans (âge auquel la décote ne sera plus appliquée), si elles veulent bénéficier d’une retraite à taux plein.

Volontairement, le gouvernement de la Première ministre, Élisabeth Borne, a « oublié » que :

  • actuellement, 35% des retraité-es accusent des problèmes de santé, dès la première année de leur cessation d’activité professionnelle ;
  • parmi les plus pauvres, 25% sont déjà mort-es à 62 ans.

A 64 ans, l’estimation est de 33% !

Quant à la pénibilité dans le travail (en particulier, dans les secteurs du « care » où les femmes sont largement majoritaires), elle est carrément oubliée.

Volontairement, par les ministres actuels, femmes et hommes confondus !

Quel mépris pour ces travailleuses ô combien indispensables dans notre société !

C’est tout simplement scandaleux !

Voilà pourquoi, nous souhaitons, nous espérons, le 8 juin prochain, un sursaut de nos député-es, lors de l’examen – et du vote ! – de la proposition de loi du groupe parlementaire LIOT visant à abroger la réforme des retraites imposée par le président Macron et, en particulier, l’obligation du report de la retraite à 64 ans !

*Espérance de vie à la naissance, en 2022 :

– des femmes : 85,2 années ;

– des hommes : 79,3 années.

Michel Boussard, au Tampon

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