[Chanson] Henri Tachan, le poète révolté s’en est allé…

CHANSON FRANÇAISE

Henri Tachan s’est est allé le 16 juillet dernier. Décédé le même jour que Jane Birkin, la grande majorité des médias l’a oublié. Jane Birkin, c’est plus vendeur. Et pourtant, il chantait bien mieux qu’elle, et écrivait ses propres textes…

Lancé par Jacques Brel svp, Henri Tachan, d’origine arménienne, est un chanteur à texte, contestataire, dans la droite ligne des Brel, Ferré, Brassens…  Ses textes parfois très drôles, voire insolents et provocateurs l’ont lancé dès son premier album (1965), prix Charles Cros, une référence dans le monde de la chanson. Il a fait les premières parties de Brassens, de Perret, Gréco… mais n’a jamais vraiment percé dans le monde du showbiz dont il s’est parfois moqué.

Souvent censuré, notamment dans certains médias, pas vraiment connu du grand public, il avait son « noyau dur » de fidèles, et a beaucoup tourné dans de « petites salles ». Néanmoins, le prix In Honorem (décerné par le Président de la République) lors de la 55e cérémonie de l’Académie Charles Cros, constitue une vraie référence. Henri Tachan était un « très grand » de notre chanson française.

L’Humanité a titré « un anar au chant d’honneur ». Un bel hommage pour cet artiste à fleur de peau. Henri Tachan pouvait en deux minutes nous faire hurler de rire avec son humour provocateur (il n’épargnait pas grand monde !) puis nous arracher les larmes. Petits morceaux choisis…

La Chasse :

La Chasse,
C´est le défoul´ment national, c´est la soupape des frustrés,
La Chasse,
C´est la guéguerr´e permise aux hommes en temps de paix

Une pipe à Pépé :

Fais une pipe à Pépé, avant qu´il ne la casse,
Une p´tite langue à Mémé avant qu´elle ne trépasse
Et ne pousse pas des cris d´horreur, d´indignation :
Ils sont comme toi, les vieux, ils ont l´cul sous l´chignon

Les Z’hommes :

Font leur pipi contre les murs,
Quelquefois mêm’ sur leurs chaussures,
Pisser debout ça les rassure,
Les z’hommes,
Z’ont leur p’tit jet horizontal,                                                                                                                                                     Leur p’tit siphon, leurs deux baballes,
Peuv’ jouer a la bataill’ navale,
Les z’hommes,

Et dans un registre plus « tendre » :

Ma Mère :

Ma mère,
Tu ne m´as sûr´ment pas voulu
Mais j´étais là, fragile et nu,
Les bras tendus comme des branches,
Un enfant a besoin de tout,
De feuilles mortes et de toutous,
Et de tendresse et de dimanches…
Ah! ces dimanches, auprès de toi,
A mon retour de l´internat,                                                                                                                                                                                 – Dieu! Que la semaine était lente –
J´aurais voulu que tu me serres
Tout contre toi, tu sais, ma mère,
Et qu´on rie tous deux, et qu´on chante

Un Piano :

Un piano,
C´est tiède comme une femme,
Un piano,
Ça tient les mains au chaud
Et ça tient chaud à l´âme,
Un piano,
C´est comme un catafalque,
Ça sent déjà l´encens,
Un piano,
C´est doux comme du talc…

Et dedans, dorment les musiciens,
La tête penchée sur des blanches,
Comme un nid blotti dans les branches,
La tête de Jean-Sébastien…

Henri Tachan avait arrêté la scène depuis une quinzaine d’années et coulait comme on dit une retraite paisible dans le sud de la France. Nul doute que de nombreux artistes lui rendront hommage ces prochains mois. Il mérite de continuer à être vu et écouté afin de ne pas tomber dans l’oubli.

Dominique Blumberger

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A propos de l'auteur

Dominique Blumberger | Reporter citoyen

Ancien enseignant et directeur à la retraite, Dominique Blumberger a rejoint les rangs de Parallèle Sud quelques mois après son lancement. Passionné de musique, gros lecteur, il propose d’ailleurs souvent des avis sur ce qu’il a lu, il affectionne plus particulièrement les portraits et les reportages.