Chaussure réparées, chaussures prolongées !

LIBRE EXPRESSION

Chaussure réparées, chaussures prolongées ! C’est la devise de la « Cordonnerie saint-louisienne », à La Réunion.

Plutôt que de jeter – sous un prétexte ou sous un autre – ne vaut-il pas mieux solliciter l’avis d’un professionnel, quant à l’avenir d’un objet d’usage quotidien ou non ?

Un artisan est un professionnel. En toute honnêteté, il pourra répondre à notre questionnement. 

Vu sa qualification, il nous dira si notre appareil peut, ou non, être réparé. Si vraiment il est en fin de vie, qu’en ferons-nous ? Où le déposerons-nous ?

Si, au contraire, il est possible de prolonger son utilisation, demandons-lui un devis ! 

À la réception de celui-ci, à nous de l’accepter ou de le refuser, en fonction de son montant et de l’usage que nous faisons de cet ustensile. En fonction aussi du prix de l’équivalent en produit neuf !

Aujourd’hui, dans notre monde industriel moderne, la tentation est grande de céder à l’acquisition d’un objet neuf plutôt que l’équivalent en occasion. Parce qu’il y a une garantie. Parce que, plus récent, le neuf a d’autres fonctions, un design attirant, … 

Nota bene : on peut, aussi, avoir une certaine fierté à acheter du neuf : on se valorise à travers la chose. On se fait plaisir. Vu notre budget, ce n’est pas si fréquent !

L’immense majorités des objets, quotidiens ou non, sont fabriqués en très grandes séries. Souvent produits dans des pays où la main-d’œuvre est bon marché, ils voyagent sur d’incroyables porte-conteneurs qui ne majorent leur prix que de quelques pour cent. Ce qui explique leur prix de revient très bas, avant que les professionnels de la grande distribution ne prennent leur marge.

La publicité fait partie intégrante de notre société de consommation. 

Au tout début, elle était informative. A l’image – en noir et blanc – des « Avis à la population » de l’administration centrale. Ce n’était qu’une simple annonce destinée à faire connaitre l’existence d’un nouveau produit.

Très vite, à des fins commerciales, la publicité devint incitative. Avec de belles grandes affiches (en couleurs, SVP !), des promotions (tout au long de l’année), des fins de séries, voire des déstockages.

Jusqu’à l’invention des cartes de fidélité et l’institution des soldes biannuelles !

Son action, devenue psychologique sur le grand public, entraine alors une propension certaine à consommer. 

C’est précisément avec cet objectif que la publicité est devenue omniprésente dans notre environnement. Elle est partout : en ville évidemment, à la télé, à la radio, dans les journaux nationaux et régionaux, sur Internet et même parfois, en rase campagne, là où on ne l’attend vraiment pas. Au point de devenir une véritable pollution visuelle !

Notre société de marché devenant plus en plus prégnante, la publicité se doit d’évoluer avec, dans de nombreux espaces publics, la multiplication des grands panneaux (4 x 3 m) fixes, avec, parfois, une animation électronique. Vive le progrès !

Le contenu des messages a changé. La publicité est devenue insidieuse, voire agressive. Aujourd’hui, d’aucuns parlent de neuromarketing …

Elle va même jusqu’à parasiter les médias en les détournant comme supports de diffusion. Au point de mécontenter bon nombre de personnes. Trop c’est trop !

Face à cet état des lieux, un « bonus réparation » (BR) a été instillé par notre gouvernement dit « de transition écologique », dans le cadre de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC), en décembre 2022*. 

Début 2024, ce BR a été boosté dans 2 directions :

  1. Il y a davantage de produits éligibles (sous réserve de certaines conditions). Désormais, de l’épilateur à l’ordinateur, en passant par la friteuse et l’outillage électroportatif, il y en a 24 de plus qu’en 2023, avec un BR variant de 15 à 50 euros.
  2. Précédemment, 21 objets étaient concernés par un BR à hauteur de 10, 15, 20 et 45 euros, selon le modèle. Ils le restent. Avec une bonne nouvelle : leur BR est majoré de 5 euros supplémentaires !

De plus – cerise sur le gâteau – 5 appareils de notre quotidien voient leur BR doubler : téléviseur, lave-linge, sèche-linge, lave-vaisselle et aspirateur.

Tant et si bien que devant cette belle initiative financée par l’État, l’Union nationale des Associations familiales (UNAF), s’autorise à déclarer : 

« Faire réparer ses équipements va devenir de moins en moins coûteux ! »

Il ne nous reste plus qu’à trouver le bon service après-vente (SAV) ou l’artisan qualifié, le réparateur labellisé, pour résoudre notre problème technique. A proximité ?

Dans cette logique de développement « dit durable », certains, certaines d’entre nous ont entendu parler de l’indice de réparabilité. Bientôt, verrons-nous la fin de l’obsolescence programmée, cette triste solution technologique inventée par et pour notre société de consommation ? 

C’est ce que la majorité des personnes souhaitent. Dans les meilleurs délais !

Nos industries françaises peuvent fabriquer nombre d’appareils basiques (ex : lave-linge) de qualité, à un prix correct (parce que produits en grande quantité), avec un indice de réparabilité certain (ex : changement de roulement à billes).

Parallèlement, nos établissements scolaires (ex : lycées professionnels) peuvent former (ils le font déjà, depuis longtemps) de futurs artisans parfaitement capables de réparer ces différents matériels, quelle que soit leur technologie, toutes les fois que c’est possible.

Dans le cadre d’une véritable transition écologique, soucieux de l’impact de nos déchets, il nous est possible d’essayer d’appliquer, chronologiquement, la règle des 5 R :

  1. Refuser tous les produits à usage unique et privilégier les achats sans déchet (comme le vrac) ;
  2. Réduire sensiblement la consommation de biens (quels sont nos véritables besoins ?) ;
  3. Réutiliser, réparer tout ce qui peut l’être (comme ci-dessus) ;
  4. Recycler, au mieux, tout ce qui ne peut pas être réutilisé ou réparé ;
  5. Rendre à la terre, composter tous les déchets organiques, systématiquement.

Ainsi, en appliquant point par point cette recommandation, nous tendrons vers une sobriété non pas imposée d’en haut, mais tout simplement voulue et maitrisée par nous-mêmes. 

Puisque nous savons que les différentes ressources de notre planète sont limitées.

Puisque nous pensons aux générations futures !

Michel Boussard

Chaque contribution publiée sur le média nous semble répondre aux critères élémentaires de respect des personnes et des communautés. Elle reflète l’opinion de son ou ses signataires, pas forcément celle du comité de lecture de Parallèle Sud.

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Objet à réparer plutôt qu’à jeter.

La vie d’un objet interagît avec notre environnement et notre portefeuille. Utiliser un objet dans un soucis écologique et utile est important.

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