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[Chronique] Alternative : s’adapter ou… s’adapter

N’AYONS PAS PEUR DES MOTS

Parallèle Sud accueille dans ses colonnes les critiques d’un dévoreur de phrases qui peut passer pour un sacré pinailleur.

Avec « alternative », on a le choix. Il suffit de se baisser pour trouver dans la presse ce mot qui fait fureur, accommodé à des sauces souvent lourdes à digérer pour l’estomac du puriste, connu pour sa fragilité. 

— « Énergie : le biofioul, une alternative au fioul en débat » (Sud Ouest)
— « La voiture sans permis électrique : une alternative écologique pour les jeunes » (Futura-Sciences)
— « Aller en Corse en voilier, les débuts d’une alternative décarbonée au ferry ou à l’avion » (Le Monde)

Je pourrais hélas ! multiplier à l’infini les exemples d’emploi abusif.  Une petite recherche personnelle m’a d’ailleurs permis de constater que sur 50 médias numériques francophones ayant eu récemment recours aux services dudit mot, aucun n’avait respecté la seule acception autorisée à ce jour. 

Contrairement à ce que l’on croit, ce que l’on dit ou ce que l’on écrit par ignorance ou par mimétisme, une alternative n’est ni une option, ni une solution de remplacement, ni même une éventualité, mais bien le choix entre deux propositions, deux possibilités, comme s’égosillent à le rappeler l’Académie française et la quasi-totalité des ouvrages de référence. On  n’emploiera donc pas « alternative » au sens de « chacun des termes du choix », met ainsi en garde le grammairien belge Maurice Grevisse, dans son célèbre Bon usage.

Les esprits chagrins objecteront à bon droit que nos Dupond et Dupont de la langue (Larousse et Robert) n’ont pas hésité à franchir la ligne blanche en accueillant de conserve, je dirais même plus, de concert, l’extension fautive. Certes, mais ce n’est pas sans avoir ouvert le parapluie et s’être abrités sous la frileuse mention : « emploi critiqué ». Une précaution d’usage qui en dit long lorsque l’on sait la propension des deux frères ennemis à servir de refuge à toutes les audaces langagières venues. 

Malgré les barrages érigés par les défenseurs du français correct, la dérive semble pourtant irréversible. Au point qu’il y a fort à parier que le sens originel du mot n’aura bientôt d’autre alternative que de s’adapter… ou s’adapter.

K.Pello

Pour poursuivre le voyage dans le labyrinthe de la langue française, consultez le blog : N’ayons pas peur des mots

A propos de l'auteur

K Pello

Passionné de syntaxe, de vocabulaire précieux et d'histoire, K.Pello est un dévoreur de phrases qui peut passer pour un sacré pinailleur.