[Chronique dans le noir] Être maman quand on ne voit pas

LE RESSENTI DE DEUX MAMANS DÉFICIENTES VISUELLES

 

Les mamans aveugles développent des stratégies compensatoires pour s’occuper de leurs enfants. Elles utilisent d’autres sens comme le toucher et l’ouïe pour interagir avec leur bébé et répondre à ses besoins. Deux mamans déficientes visuelles, Huguette Mégarus et Sarah Omarjee témoignent…

Les mamans aveugles peuvent apprendre à changer une couche ou nettoyer le cordon ombilical en se fiant à leur sens du toucher. Des études ont montré que ces mamans et leurs enfants voyants peuvent avoir des interactions très riches. En 2015, une recherche en Italie a observé ces interactions et a révélé que les mamans aveugles utilisent des stratégies adaptées pour communiquer et créer des liens avec leurs enfants. Il est important de noter que chaque maman aveugle trouve ses propres méthodes et astuces qui fonctionnent le mieux pour elle et son enfant. À l’occasion de la fête des mères nous publions les témoignages de deux mamans…

La lumière vive d’une maman albinos alliant force et douceur

Suite à l’article de Jean-Philippe, qui évoque la place parfois difficile des personnes différentes dans la société, je souhaite partager mon expérience en tant que maman albinos, où une acuité visuelle réduite et une sensibilité au soleil ont marqué mon parcours. 

Employée au sein d’une collectivité depuis 2003, je suis également mère de deux enfants. Installée dans les hauteurs pittoresques de l’ouest réunionnais, j’ai trouvé dans cet environnement un refuge de quiétude et de beauté. 

 Face aux défis rencontrés, j’ai su me relever et me battre ! 

Depuis 2015, je vis seule avec mes deux filles. Elles étaient alors âgées de 10 et 17 ans. Malgré les défis rencontrés, j’ai toujours œuvré pour leur offrir une éducation solide et répondre à leurs besoins avec dévouement. 

maman aveugle
« Aujourd’hui, malgré les défis de la vie, je souhaite continuer à être un exemple pour mes filles.»

Ma condition visuelle m’a contrainte à renoncer à la conduite. En plus que le secteur où nous résidons est mal desservi par les transports en commun. 

Mes filles étaient ainsi dépendantes des bus pour leurs déplacements, ce qui limitait leurs activités et nos sorties. Pourtant, malgré ces obstacles, nous avons surmonté chaque épreuve avec résilience et détermination. Mon amour pour mes enfants m’a poussée à chercher des solutions créatives pour pallier ces contraintes, et à leur inculquer des valeurs de courage et de persévérance.

Le regard parfois pesant et les jugements des autres n’ont pas toujours été faciles à affronter. Mais j’ai toujours refusé de me laisser enfermer dans les limites imposées par les préjugés. J’ai aspiré à une vie pleine d’activités, d’amitiés sincères, et j’ai encouragé mes filles à réaliser leurs rêves, à n’avoir peur de rien. Ainsi, malgré les défis du quotidien, nous avons cultivé un lien familial fort et insufflé à nos vies une énergie positive. Ma condition n’a jamais été un frein, mais plutôt une source d’inspiration

Pour dépasser les limites et apprécier la beauté de la différence. Aujourd’hui, malgré les défis de la vie, je souhaite continuer à être un exemple pour mes filles, qui sont maintenant adultes. Je suis fière de les voir s’épanouir et grandir. 

Huguette Mégarus 

Se dévouer corps et âme pour ses enfants

Je m’appelle Sarah, j’ai 51 ans et je suis déficiente visuelle depuis la naissance. Je suis la fière maman de deux enfants et naturopathe de métier. Ma vie a été un perpétuel combat pour trouver ma place et surmonter les obstacles liés à ma déficience visuelle

Je souffre de différentes pathologies oculaires, et depuis une vingtaine d’années, je lutte contre un glaucome qui a particulièrement affecté ma vision. À cause de cette maladie, j’ai perdu mon œil droit et subi une éviscération en 2021. Aujourd’hui, je porte une prothèse oculaire.

Une éducation difficile

J’ai suivi ma scolarité dans des écoles ordinaires, ce qui n’a pas été une simple affaire. Le matériel n’était pas adapté, et j’ai souvent fait face à l’indifférence et au mépris de certains membres du personnel éducatif qui pensaient qu’avec de simples lunettes, je pourrais tout voir. Le rejet de certains enfants, car je ne pouvais pas participer à tous les jeux, a également marqué mon enfance. À cette époque, nous n’avions pas les technologies d’aujourd’hui.

« Mes enfants se sont très vite adaptés à ma déficience visuelle. »

Malgré ces défis, j’ai obtenu un baccalauréat en comptabilité. Cependant, il m’a été compliqué de poursuivre un BTS avec les anciens ordinateurs, et la faculté la plus proche était à Saint-Denis, trop loin pour que ma mère accepte que j’y vive seule. Cela a mis un frein à mes études.

Devenir maman

Je suis devenue maman pour la première fois en 2001 avec la naissance de mon magnifique fils, et une deuxième fois en 2007 avec la naissance de ma merveilleuse fille. Être une maman avec une déficience visuelle est une aventure unique où chaque jour apporte son lot de défis et de découvertes. Mon rôle de mère, bien que façonné par ma condition, est empreint d’affection, de détermination et d’un désir profond de voir mes enfants s’épanouir pleinement.

Naviguer dans le quotidien avec une déficience visuelle demande une adaptation constante. Je prends plus de temps que d’autres mamans pour les préparer le matin ou pour gérer leurs leçons, mais mes enfants n’ont rien à envier aux autres. Je m’occupe d’eux comme n’importe quelle mère, entre repas et gâteaux. Je suis une mère aimante, à l’écoute, et sévère quand il le faut. Mes enfants se sont très vite adaptés à ma déficience visuelle et, maintenant qu’ils sont plus grands, ils m’aident et m’accompagnent à mes différents rendez-vous, et à m’adapter aux nouvelles technologies.

L’importance des routines

Les routines sont cruciales dans notre foyer. Elles permettent à mes enfants de comprendre et de s’adapter à mes besoins, tout en leur offrant stabilité et sécurité. La communication est au cœur de cette organisation. En expliquant clairement mes limites visuelles, j’enseigne à mes enfants la valeur de la patience, de la compréhension et de l’entraide.

Une vie de résilience et d’amour

Je n’ai pas eu beaucoup d’aide de la part de la famille, des amis ou des enseignants dans l’éducation de mes enfants, car je ne voulais ni pitié, ni indifférence, ni jugement. Ma déficience visuelle est une leçon de vie pour mes enfants. Ils ont appris dès le plus jeune âge à être attentifs aux autres, à faire preuve d’empathie et à apprécier la diversité. Ils voient chaque jour que les obstacles peuvent être surmontés avec créativité et persévérance. En retour, je suis constamment inspirée par leur adaptabilité et leur soutien inconditionnel.

Malgré les défis, l’amour reste le moteur principal de mon rôle de mère. Chaque sourire, chaque câlin et chaque moment passé ensemble est une victoire sur les difficultés. Mon affection pour mes enfants est la même que celle de n’importe quelle mère : profonde, inconditionnelle . Cet amour me donne la force de surmonter les obstacles et de leur offrir une enfance riche et épanouissante.

Être une maman avec une déficience visuelle n’est pas toujours facile, mais c’est une expérience qui m’a rendue plus forte et plus résiliante. Mon parcours prouve que, malgré les défis, il est possible de créer un environnement aimant et soutenant pour ses enfants. Chaque jour est une nouvelle opportunité de grandir ensemble, d’apprendre et de célébrer la beauté de la vie, même à travers le prisme de la déficience visuelle.

Mon métier de naturopathe

Être naturopathe est bien plus qu’un métier pour moi; c’est une vocation qui m’a aidée à surmonter mes difficultés et m’a permis de sortir de mon isolement. Grâce à cette profession, j’ai trouvé un moyen d’équilibrer ma vie personnelle et professionnelle tout en apportant du bien-être à autrui.

« En tant que naturopathe, j’ai la chance de pouvoir travailler avec des clients de tous horizons.»

Mon intérêt pour la naturopathie est né de ma propre quête de solutions naturelles pour améliorer ma santé et ma qualité de vie. Souffrant de diverses pathologies oculaires et des défis constants de ma déficience visuelle, j’ai cherché des approches alternatives pour compléter les soins médicaux traditionnels. La naturopathie, avec son accent sur les méthodes naturelles et holistique, m’a tout de suite semblé une voie prometteuse.

Formation et détermination

Malgré les obstacles, j’ai poursuivi ma formation en naturopathie avec détermination. J’ai étudié des disciplines variées, allant de la nutrition et de la phytothérapie à l’aromathérapie et aux techniques de relaxation. Chaque domaine que j’explorais me donnait de nouveaux outils pour améliorer ma santé et celle de ma famille. 

En tant que naturopathe, j’ai la chance de pouvoir travailler avec des clients de tous horizons, les aidant à trouver des solutions naturelles à leurs problèmes de santé. Ma propre expérience de vie me permet de comprendre profondément les défis auxquels mes clients peuvent être confrontés, qu’il s’agisse de gestion de la douleur, de stress ou de maladies chroniques. Cette empathie et cette compréhension renforcent ma pratique et me permettent d’offrir un soutien véritablement personnalisé.

Une source de motivation

Ma pratique en naturopathie m’a non seulement offert une carrière, mais elle a également été une source de motivation et de résilience. En aidant les autres à améliorer leur bien-être, j’ai découvert des aspects positifs de ma propre condition. Chaque succès avec un client est une victoire partagée, renforçant mon sentiment de compétence et de valeur.

Pour conclure ,la naturopathie a été une bouée de sauvetage dans ma vie, me permettant de surmonter mes difficultés et de sortir de l’isolement. Elle m’a donné une raison de me lever chaque matin avec enthousiasme et de faire une différence dans la vie des autres. En tant que naturopathe, je ne suis pas seulement une professionnelle de la santé; je suis aussi une maman épanouie, une femme résiliente. 

Ce métier a enrichi ma vie de bien des façons et continue de le faire chaque jour. 

 Si le cœur vous en dit, vous pouvez me joindre pour une séance de naturopathie ou un soin énergétique au 06 92 76 67 75 ou par mail a sanaturah@gmail.com

Sarah Omarjee 

Facebook: Sanaturah

Instagram:@sanaturah_naturopathe

Un événement à ne pas rater

Rendez-vous le dimanche 26 mai en famille pour célébrer dignement la fête des mères. Offrez-lui un bouquet de fleur mais avant toute chose, montrez-lui votre amour, faîte lui plaisir !

C’est un hommage que je tenais à faire à toutes les mamans du monde entier, particulièrement à la mienne qui s’en est allée au ciel récemment. 

Mais au-delà des nuages, comme toutes les mères elle nous protège. De son amour maternel est né ce sentiment éternel et fusionnel reliés par un lien indestructible, un amour véritable gravé dans nos cœurs.   

Et en ce jour spécial de la fête des mères, mes sœurs et mon frère se joignent à moi pour lui dire ô combien nous l’aimons.   

Jean-Philippe Sévagamy 

L’histoire de la fête des mères

La fête des mamans est une célébration annuelle en l’honneur des mères dans de nombreux pays. 

 Mais d’où vient véritablement cette tradition ?

Les premières traces de célébration en l’honneur des mères remontent à l’Antiquité. Dans la Grèce antique, des festivités étaient organisées en l’honneur des déesses-mères grecques Gaïa et Rhéa, ainsi que lors des cérémonies des matronalia à Rome. Après la chute de l’Empire romain, le culte marial mettait à l’honneur la Mère du Christ, symbole de pureté et idéal maternel.

Au XVe siècle, les Anglais célébraient le Mothering Sunday (le “dimanche de la maternité”), qui permettait aux domestiques d’obtenir un jour de congé pour se rendre à l’église “mère” et visiter leurs familles. À cette occasion, les jeunes filles offraient un simnel cake, un gâteau orné de onze boules de pâte symbolisant les apôtres (à l’exception de Judas). Ce gâteau est aujourd’hui traditionnellement dégusté pour Pâques dans le monde anglophone.

En 1908, les États-Unis ont créé le Mother’s Day grâce à Anna Jarvis, en souvenir de sa mère. Le Royaume-Uni a adopté cette fête en 1914, puis l’Allemagne l’a officialisée en 1923. D’autres pays ont suivi, comme la Belgique, le Danemark, la Finlande, l’Italie, la Turquie et l’Australie.

En France, la fête des mères a été instaurée officiellement le 25 mai 1941 par le Maréchal Pétain, qui a créé la “journée nationale des mères”. Sa forme actuelle a été définie dans un texte de loi promulgué le 24 mai 1950 par le président Vincent Auriol. Cette célébration visait à honorer publiquement les pères et mères de familles nombreuses, dans un contexte où des associations et mouvements natalistes cherchaient à enrayer la baisse de la natalité en France depuis 18661: 24 mai

En ce dimanche 26 mai 2024, toute l’équipe de Parallèle Sud souhaite à tous nos mamans une bonne fête des mères.

JPS

A propos de l'auteur

Jean-Philippe Sevagamy | Reporter citoyen

Jean-Philippe Sévagamy est non-voyant et membre actif de l'Association Valentin Haüy. Il surmonte son handicap en portant de multiples projets au profit des déficients visuels (DV). Il raconte comment « vivre dans le noir » pour les lecteurs de Parallèle Sud.