Non au glyphosate, nous pouvons faire de La Réunion une île exemplaire : 0 % phyto !

LIBRE EXPRESSION

L’autorisation européenne du glyphosate prend fin le 15 décembre 2023. A cette date, nous pourrions enfin sortir l’Europe de ce pesticide dévastateur qui porte atteinte à la santé des européens et enferme les paysans dans un modèle de production destructeur. Seulement voilà, la Commission européenne a proposé le 20 septembre dernier de renouveler l’autorisation du glyphosate pour 10 ans dans l’Union européenne, soit jusqu’en décembre 2033. Les 27 États membres doivent voter cette proposition le 13 octobre prochain.

EELVR rappelle que notre île est à ce jour le deuxième département plus gros consommateur de glyphosate en France (cf. les « Glyph’Awards » de l’association Générations Futures) et, comme l’indique le rapport de Santé Publique France paru en février 2019 (Évaluation des expositions professionnelles aux pesticides utilisés dans la culture de la canne à sucre à l’île de La Réunion et de leurs effets sanitaires), le traitement de nos sols avec cet herbicide est passé « dans l’Est de 68 % en 1981 à 88 % en 2010 et dans l’Ouest de 33 % à 88 % ». Par ailleurs, selon le rapport de l’INRAE de 2017, 70% des parcelles en France métropolitaine reçoivent du glyphosate.

EELVR souligne que la molécule de glyphosate, présente dans les herbicides, fongicides et insecticides, possède un potentiel cancérogène de reprotoxicité, de perturbations endocriniennes démontré par au moins 250 études indépendantes. Trois nouvelles études en 2018 confirment, aux doses autorisées, la dangerosité de l’herbicide. Pourtant, les scientifiques ont publié sur des solutions alternatives et leurs coûts pour sortir de l’agrochimie selon, par exemple, le type d’irrigation ou le mode de désherbage pratiqués.

Les conclusions des chercheurs (INSERM et des milliers d’autres) sont congruentes. On peut même affirmer que si les rapports des scientifiques étaient pris en considération, le glyphosate aurait été interdit en France hexagonale et dans les Outre-mer depuis des décennies !

Outre-mer justement, nous alertons depuis longtemps sur la menace que représente le glyphosate pour notre environnement et pour la santé publique. Pour l’heure, même si aucune étude ne permet de relier directement cette exposition au nombre de cas (anormalement élevé ou d’une sévérité inhabituelle) de pathologies dans la population réunionnaise, à l’instar du scandale du chlordécone aux Antilles françaises, les professionnels de santé s’interrogent sur les liaisons potentielles entre l’exposition aux pesticides (dont l’herbicide glyphosate fait figure de proue) et l’état de santé de la population générale dans notre île.

Dans une lettre d’alerte adressée à l’ARS en date du 26 avril 2019, des professionnels de santé ont demandé :

  • De recenser le nombre de personnes atteintes de pathologies en lien avec leurs activités professionnelles et ayant été exposées à des substances chimiques ; en priorité les agriculteurs.trices, paysagistes, enseignants en lycées agricoles, agronomes, … et leurs proches.
  • Une concertation sous l’égide des services de l’Etat, avec les services de la distribution (vente) et des douanes (importation) pour tendre vers une interdiction définitive des pesticides.
  • De mettre en œuvre des mesures coordonnées entre les acteurs régionaux pour faire face aux conséquences de l’exposition de la population aux produits phytosanitaires ; en premier lieu le glyphosate.

Dans un contexte de réchauffement climatique et d’effondrement de la biodiversité, cet enjeu constitue une priorité en matière de santé publique et environnementale. EELVR refuse que le lobbying de l’agrochimie l’emporte sur les responsabilités que nous devons prendre face aux effets toxiques du glyphosate sur la santé humaine et pour la sauvegarde de notre biodiversité. EELVR s’oppose à une réautorisation du glyphosate et à sa mise sur le marché pour dix années supplémentaires.

Notre président s’était engagé en 2017 à ce que la France tourne le dos au glyphosate. Dans ce message adressé à nos dirigeants européens nous leur demandons de sortir du doute et du déni, et d’interdire la production même de ce pesticide qui détruit le vivant. Notre souhait le plus cher est de faire de La Réunion une île exemplaire : 0 % phyto !


Geneviève PAYET, Secrétaire Régionale EELVR

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