Réunis toute la semaine à Paris, les maires de tout l’Outre-mer sont venus plaider leur cause et demander le soutien de l’État face à la double crise de l’inflation et de l’insécurité.
Vie chère, immigration, insécurité : les thèmes qui font les gros titres de l’actualité dans l’Hexagone ces jours-ci sont connus des maires ultramarins depuis de longues années déjà. « Dans l’Outre-mer, les crises sont graves depuis bien longtemps : la pauvreté y atteint des taux 5 à 15 fois supérieurs à ce qu’ils sont dans l’Hexagone », rappelait le président du Sénat, Gérard Larcher, lors de son discours d’accueil envers les maires ultramarins.
Réunis à Paris à l’occasion du Congrès annuel des maires, les élus sont venus des Antilles mais aussi de Polynésie française ou encore de Mayotte et de l’océan Indien pour participer à des ateliers, rencontrer leurs collègues hexagonaux mais aussi et surtout interpeller les autorités nationales et plaider leur cause. Pour nombre d’entre eux, au premier jour de la manifestation, la journée spécialement consacrée à l’Outre-mer, c’est déjà une déception. « Je suis venu ici pour obtenir des résultats concrets mais je vois clairement qu’on est en train de se tromper de cible, déplore Justin Pamphile, maire du Lorrain et président de l’Association des maires de Martinique (ADMM). Nous subissons une inflation très dure, les prix dans les grande surfaces, tous les prix à la consommation ont largement augmenté. Quand j’entends certains parler de l’octroi de mer, je me dis qu’on ne s’attaque pas aux vrais problèmes. On parle d’élargir le bouclier qualité-prix mais là encore c’est artificiel. Il faudrait prendre le problème à la racine et savoir enfin pourquoi juste à cause d’un transbordement en Martinique un produit peut augmenter de 30% ! »
“Guerre civile à Mayotte”
Autre sujet crucial et au premier plan pour cette réunion des maires ultramarins : l’insécurité. Là encore, le compte n’y est pas pour les élus ultramarins qui ont fait le déplacement. « L’insécurité, je la côtoie tous les jours, ce que j’attendais de cette réunion c’est une prise de position commune aux élus d’Outre-mer parce que nous subissons les mêmes effets en raison des mêmes causes, explique Joseph Jean-Henri, conseiller municipal de Saint-Laurent du Maroni. À Mayotte, par exemple, ils subissent un chaos comparable au notre à cause de l’immigration et d’autres raisons que nous partageons. Malheureusement, nous n’avons pas réussi à mettre en place des propositions communes, ni même une déclaration. À la place, nous avons eu un discours du ministre des Outre-mer très convenu, très préparé, qui nous parle à nouveau de consultations. »
Seuls élus à se féliciter ouvertement de ce Congrès annuel des maires et à en célébrer les effets positifs, les sénateurs ont reçu les maires et ont annoncé de « bonnes nouvelles ». Georges Patient est le sénateur de Guyane et le membre de la délégation sénatoriale aux Outre-mer. Selon lui, « le dispositif de Contrats de redressement des communes Outre-mer (Corom) a été augmenté de 30 millions d’euros dans la dernière loi de finances. Le Fonds d’investissement exceptionnel (FEI) a aussi été revu et corrigé : les maires peuvent y faire appel pour des projets à 100% alors qu’auparavant il fallait une participation. »
Pas sûr que cela suffise à convaincre les maires de tous les Outre-mer que ces bonnes nouvelles sont durables. Les maires de Mayotte, par exemple, demandent un « Plan Marshall » pour éviter à leurs territoires rien de moins que « la guerre civile ».
Les élus sont à Paris jusqu’à la fin de la semaine, ils retrouvent dès demain leurs collègues de toute la France. Ils ne participeront probablement pas au « Oudinot de la vie chère » qui devait se tenir cette semaine au ministère des Outre-mer : la date de cette manifestation très attendue qui promettait des annonces pour lutter contre l’inflation est encore « à définir » selon le gouvernement.
Julien Sartre