ÉPISODE 3 : NOÉMIE VAULDIN, ACCOMPAGNATRICE EN COMMUNICATION ET RESPONSABLE ET EN RSE
Dans le cadre d’une enquête sur le travail des indépendants à La Réunion, je rencontre des professionnels de différents secteurs d’activités. Avant la conclusion finale de l’enquête, j’ai le plaisir de vous proposer des extraits de mes rencontres avec ces professionnels indépendants en plusieurs épisodes.
Noémie Vauldin a créé sa structure d’activité professionnelle à l’image de son envie d’un joli monde : une SASU appelée Fiainana.
Diplômée en informatique décisionnel et en management de l’environnement, c’est après plusieurs années de salariat dans le secteur privé qu’elle ressent le besoin de retrouver plus de cohérence entre ce qu’elle sait faire et ce qu’elle aime faire.
Cheffe de projet dans les énergies renouvelables mais ne trouvant pas « projet à son pied », elle décide d’inventer le travail qui la botte.
En aparté, on est loin d’être face à une Cendrillon 2022 qui attend son soulier de vair d’un prince charmant. Et, si en créole réunionnais la signification de l’expression « i bot’ a mwin » est proche de celle du « ça me botte » français, il semble que l’abréviation « BOTE » indique dans le milieu médical en neurologie gériatrie « bien orienté dans le temps et l’espace », ouvre le sentiment d’aise en y incluant son environnement, soit une vision du bien être plus large que celui restreint à sa seule personne. Or, c’est exactement une jeune femme consciente de son époque et de son territoire que j’ai entendue.
Nous avons ri (jaune) sur la difficulté d’être prise au sérieux quand on est une jeune femme. Car, malheureusement le peu de crédit que certains patrons accordent à la parole de la jeunesse, quand en plus elle émane du genre féminin, ici fier et assumé, reste d’actualité. Notre professionnelle de cet épisode en relatant les difficultés de se faire reconnaître en tant que personne qualifiée et fiable tente de traduire en argument logique les raisons de ces revers et de formuler de manière acceptable les justifications du plafond (de verre, presque comme le soulier de Cendrillon) qui lui était implicitement imposé : le manque d’expérience.
Retrouver le sens du travail
Heureusement certaines imbécilités rencontrées, ou conceptions archaïques du fonctionnement sociétal, n’empêchent pas l’épanouissement de projet.
Sa détermination à œuvrer pour un salaire correct dans une liberté d’expression de ses compétences lui a permis de devenir cheffe d’entreprise.
Pour elle le travail est un des leviers de développement personnel. Et, le travail dans ce domaine de la communication responsable, une manière d’en retrouver le sens. Outre la nécessité de « gagner sa vie », le travail ne désigne plus ce qu’elle imaginait comme le centre d’une vie. Selon ses dires, il a changé de place dans l’échelle de l’essentiel. En écoute, ce que je recevais de cet entretien s’étalait comme une palette harmonieuse dans laquelle le travail, indispensable, s’étoffait à la faveur d’un équilibre individuel bien plus riche que la seule performance salariale.
Noémie parle de la genèse de son projet comme d’un savant mélange entre le digital, qu’elle maîtrise grâce à sa formation en informatique spécialisée, et le développement durable qu’elle aspire à porter vers plus de visibilité et d’opérationnalité.
Au-delà des paroles attendrissantes sur les petits animaux ou le confort raisonné des humains de demain, elle parle de l’urgence de préserver le Vivant, de le célébrer même.
Pour donner corps à son ambition, elle se documente beaucoup et continuellement, en grande partie seule en suivant des MOOC (Massive Open Online Course) par exemple , en consultant les livres blancs des différents organismes investis pour la préservation des ecosystémes, et se forge un rigoureux rythme d’autodidacte.
Manque de communication institutionnelle
Surtout, elle se renseigne sur l’entreprenariat.
Ce volet de concrétisation l’a amenée à fréquenter le Pôle emploi et à se faire accompagner par la BGE, organisme de formation spécialisé dans la création d’entreprise. Le site web de « BGE La Réunion » indique qu’ils sont présents sur l’île depuis 1992 avec l’objet « d’accompagner les initiatives économiques locales génératrices d’emplois et d’activités ».
Dans le cas de Noémie, l’accompagnement BGE a été fructueux, puisqu’elle a obtenu l’éclairage adéquat pour les financements nécessaires. Cependant, elle témoigne d’un manque général de communication institutionnelle sur les ressources à disposition des créateurs d’activités, et indique sa meilleure connaissance de certains dispositifs d’aide par le biais de ses camarades de formation. Ce moyen de connaissance demeure aléatoire, et dans son cas, il s’agissait de dispositifs auxquels elle ne pouvait plus prétendre étant trop avancée dans sa démarche.
Sa société par action simplifiée unipersonnelle (SASU) est immatriculée depuis juillet dernier.
Elle l’a appelé « Fiainana » qui signifie en langue malgache « vie ».
Ici, la valeur de la vie n’attend pas le nombre des années, je la lui souhaite longue, et prospère.
Encore plus, inspirée par cette créatrice dynamique et souriante qui met en valeur la richesse du métissage historique de son île, je termine volontiers sur un « fiainana izy izany » !
Alice Dubard
Lire également : l’épisode 1 et l’épisode 2
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