[Rencontre] Pierrot Cassé et son orgue de Barbarie

MUSIQUE MÉCANIQUE

C’était un peu un rêve pour Pierrot Cassé. Depuis trois ans, il est devenu réalité avec, à la clé, un défi un peu fou ! Raconter Madagascar en orgue de Barbarie et en side car…

Orthoprothésiste de métier, Pierre Cassé a également un petit atelier où il répare les accordéons. Il a été formé par Philippe Imbert qui a quitté la Réunion depuis une dizaine d’années. Tous les accordéonistes ou presque connaissent « le Pierrot » et lui confient volontiers leur « outil de travail » pour certains, leur instrument pour beaucoup d’amateurs. Il effectue « des révisions, et des dépannages classiques ». Depuis de longues années, il nourrissait une passion pour un instrument un peu magique : l’orgue de Barbarie.

Une longue attente qui se réalise

« Je suis passionné de musique mécanique depuis très longtemps, explique-t-il. Il y a une trentaine d’années, à un réveillon en métropole, j’ai rencontré un Allemand de l’est facteur d’orgue (1) Sébastien Schuetz, on a sympathisé, je lui ai expliqué que j’aimerais bien avoir un orgue, et pouvoir essayer d’autres registres avec des chansons malgaches ou créoles. On en est un peu resté là et on a réfléchi pendant vingt ans avant de tomber d’accord sur l’orgue qu’il me fallait et trouver qui allait me faire mes partitions en carton. J’ai trouvé des noteurs (2) Jonathan et Pascal Mathis, qui ont accepté de me faire des partitions uniques avec ce que je recherchais. C’est un peu cher, car il faut d’abord faire les arrangements avant de fabriquer les cartons, mais bon… ». Aujourd’hui Pierre Cassé dispose d’un joli répertoire créole, malgache, mais aussi de textes français qui ne figurent pas en catalogues.

Des partitions qui prennent de la place !

Une association support

Une très longue amitié le lie à Philippe Imbert, facteur d’accordéon pendant près de 45 ans, mais aussi à Sergio Pétronio qui enseigne l’accordéon en Italie. Tous trois ont une passion pour Madagascar et l’accordéon… De cette amitié est née une association « Accord-Unisson » dont l’objectif essentiel était de permettre l’accès à la musique, et plus particulièrement à l’accordéon, à de jeunes Malgaches mais aussi à des artistes de l’océan Indien. Cette association s’appelle désormais Tsiok’ Aïna ce qui signifie en malgache : « souffle de vie ». Son objectif est de poursuivre les projets autour de la musique et du partage, mais avec un support différent : l’orgue de barbarie. « Avec Philippe et Sergio, nous avons déjà présenté l’instrument notamment à Tana et Tuléar ». On peut sur You tube consulter les reportages qui ont été filmés (lien en fin d’article).

Des animations, et un défi…

Depuis quelques années maintenant, Tiok-Aïna, tout en continuant les activités autour de l’’accordéon à Madagascar, propose des activités autour de l’orgue de barbarie : « animations de rue, résidences (notamment avec Jonathan Mathis), interventions dans les écoles, auprès des seniors qui retrouvent ainsi les « chanson lontan » qui ont bercé leur jeunesse… ». 

Tsio’Aïna dépliant

Et un défi se met en place progressivement, le Mada-kabar. Pierre explique :« le but c’est de traverser Madagascar en side-car aménagé pour transporter l’orgue, et de faire ainsi découvrir cet instrument aux habitants des six régions malgaches, avec entre autres des musiques traditionnelles de ces provinces (tsapicky, salegy, hira gazy,..). A Mada la musique est présente partout, elle fait partie de la vie ». L’idée étant aussi d’aller dans des endroits reculés, et d’y associer des artistes locaux.

le side-car aménagé pour le transport de l’orgue de Barbarie

Partager ce défi…

Peu de subventions, donc peu d’argent, les bénévoles investissent beaucoup de leur poche… Mais la passion aidant, Pierre Cassé sait que le projet se fera, et envisage déjà la suite : un film documentaire (« sur les gens, le pays, leurs musiques, faire connaître Madagascar autrement »), un recueil de photos, une bd à partager notamment sur les réseaux sociaux. Si vous souhaitez les aider et participer même modestement à ce projet, vous pouvez joindre Pierre Cassé au 0692602839 ou sur son mail : piero.kc@gmail.com. L’association anime également un site internet à découvrir : www.accordeonous.com.

Parallèle Sud suivra de près ce projet original et ne manquera pas d’en reparler dès qu’il sera réellement opérationnel.

                                                                                                              Dominique Blumberger

(1) En musique, un « facteur » est la personne qui conçoit, fabrique, restaure, accorde et entretient un instrument de musique (ici, orgue ou accordéon)

(2) Un « noteur » est celui qui conçoit les cartons perforés destinés à la musique des orgues de barbarie (arrangements, format, fabrication)

Lien Mada-kabar, sur Youtube : https://www.youtube.com/playlist?list=PLd9GWhcENA4OkVpT97xVnCxFyKbLR327y

A propos de l'auteur

Dominique Blumberger | Reporter citoyen

Ancien enseignant et directeur à la retraite, Dominique Blumberger a rejoint les rangs de Parallèle Sud quelques mois après son lancement. Passionné de musique, gros lecteur, il propose d’ailleurs souvent des avis sur ce qu’il a lu, il affectionne plus particulièrement les portraits et les reportages.