maison de la mer badamiers saint-leu

[Saint-Leu] Colère et dépit

MAISON DE LA MER

Les badamiers sont condamnés. Mardi, à la première heure, gendarmes, bleus et mobiles, au nombre d’une trentaine, suivis de près par les ouvriers de la Sapef chargés d’arracher les arbres, ont investi le chantier de la Maison de la mer. Ils profitent d’une fenêtre entre deux recours au tribunal administratif.

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« À 6 h30, raconte Dominique Gamel,  un escadron est arrivé ‘pour sécuriser le chantier’ ; on a compris.» « On a espéré un temps qu’ils allaient attaquer une autre partie du chantier, on a pensé que le préfet se montrerait raisonnable en attendant le résultat du référé au TA… », poursuit l’infatigable président de SOS DPM 974, en lutte avec plusieurs associations et collectifs contre le projet de Maison de la mer.

« Les ouvriers de la Sapef ont d’abord élagué, puis mis en route les pelleteuses. » Depuis, une tranchée sépare les quatre arbres, ceux derrière le grillage, qui forment avec un cinquième un alignement remarquable d’après le CAUE (conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement). Les racines qui les reliaient sont à nu, déchiquetées. « Le préfet a pourtant reçu l’avis d’un docteur en botanique. Les arbres sont condamnés », soupire Dominique Gamel. 

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  • dessins des enfants de l'école voisine maison de la mer badamiers saint-leu
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Le référé liberté qu’il avait déposé la semaine dernière n’a pas été retenu. « Mais le juge reconnait que le TO (Territoire de l’Ouest) n’apporte pas la preuve de la légalité du permis. Du coup, je n’ai pas été condamné aux dépens », indique le militant. Dans la foulée, l’association nautique de Saint-Leu (ANSL) a déposé devant le même tribunal un référé suspension pour un problème d’illégalité. Mais le reçu de la plainte n’est pas suspensif et, en attendant la décision du juge prévue le 9 novembre, les travaux peuvent continuer. 

« Ils ont eu les arbres, mais la Maison de la mer n’est pas encore construite », prophétise Jean-Marie Huguet, président de l’ANSL. Qui poursuit : « Si la justice nous donne raison, nous allons attaquer et demander des dommages intérêts au TO et peut-être à la Sapef pour ce qu’ils ont fait ».  « L’entreprise doit s’assurer de la légalité du chantier », confirme Dominique Gamel. Peut-être un élément qui a prévalu hier mercredi, une journée calme. 

Philippe Nanpon

Un enfant de 4 ans gazé

  • Ange et Caro maison de la mer badamiers saint-leu

Mardi, un escadron de gendarmes, tout de noir vêtus, équipés de casques et armés comme des porte-avions, a pris position sur le chantier. Les militaires ont d’abord protégé ceux qui repositionnaient les  barrières grillagées. Vers 8h30, l’élagage des badamiers a provoqué un mouvement de colère chez les défenseurs des arbres. 

Au grillage secoué d’un côté a aussitôt répondu un jet de gazeuse. « Ils ont gazé d’abord, crié la sommation ensuite. Pourtant, ils ont bien vu mon petit garçon qui jouait à quelques mètres », raconte Caro, la maman du petit Ange, tout juste 4 ans. « Alors qu’il était plutôt intéressé, il a maintenant peur des gendarmes. Il désigne tous les uniformes en disant ‘c’est lui qui m’a gazé’. » 

« Ça a fait mal, et puis j’ai eu plein d’eau sur la tête », nous a-t-il raconté, évoquant la tentative de lavage immédiate.

Le petit garçon est asthmatique. Il a dû être emmené chez le médecin pour une prise de Ventoline et un lavage au serum physiologique. « Il devra être suivi encore quelques jours », témoigne la maman.

PhN

A propos de l'auteur

Philippe Nanpon | Journaliste

Déménageur, béqueur d'clé dans le bâtiment, chauffeur de presse, pompiste, clown publicitaire à roller, après avoir suivi des études d’agriculture, puis journaliste depuis un tiers de siècle, Philippe Nanpon est également épris de culture, d’écologie et de bonne humeur. Il a rejoint l’équipe de Parallèle Sud pour partager à la fois son regard sur La Réunion et son engagement pour une société plus juste et équitable.